Les carmélites martyres de Compiègne bientôt canonisées !
La Conférence des Évêques de France (CEF) vient d’annoncer avoir reçu, le 10 février dernier, le courrier officiel par lequel le Pape autorise la canonisation équipollente des bienheureuses carmélites martyres de Compiègne.
Les bienheureuses carmélites s’étaient offertes en holocauste pour l’arrêt de la Révolution en 1794 et avaient été béatifiées le 27 mai 1906, par le pape saint Pie X.
Le carmel de Compiègne fut inauguré en 1648 et entretenait d’étroites relations avec la Famille Royale et la cour. En 1759, dix-sept religieuses y vivaient, pensionnées par la couronne. Le monastère était réputé pour sa dévotion et sa charité et, en 1790, quand le pouvoir révolutionnaire fit l’inventaire des biens du couvent, les carmélites affirmèrent leur volonté de vivre et de mourir dans leur maison.
Aux alentours de Pâques 1792, une religieuse fit un songe prémonitoire de leur martyre. La communauté, unanime, fit alors solennellement un acte de consécration par lequel chacune acceptait de s’offrir en sacrifice pour apaiser la colère de Dieu et ramener la paix dans le pays.
Ainsi, malgré les conseils de prudence qu’on leur prodiguait, elles entretenaient une correspondance imprudente avec l’extérieur. Au cours d’une perquisition qui eut lieu le 21 juin 1794, les hommes du pouvoir en découvrirent les traces, en même temps qu’un portrait de Louis XVI et des images du Sacré-Cœur, signe de ralliement des insurgés de Vendée. Autant de pièces qui venaient étayer les soupçons d’un « complot royaliste ».
En montant à l’échafaud le 17 juillet 1794, place du Trône, elles offrirent leur vie en demandant l’arrêt de la Terreur et la fin de la Révolution. Sœur Marie de l’incarnation fut la seule rescapée du massacre parce qu’elle était en voyage lors de l’arrestation. Elle entreprit de faire connaître ses compagnes, leur vie et les détails de leur exécution.
Quand la charrette les emmena, vêtues de leurs robes et de leurs manteaux blancs et chantant des cantiques, « elles [avaient] l’air d’aller à la noce » dit un témoin. On rapporte que la foule, impressionnée par leur calme et leur dignité, les accueillit en silence. Après le Veni creator, elles renouvelèrent leurs vœux de religion, puis la prieure, mère Thérèse de Saint Augustin, bénit chacune des sœurs au pied de l’échafaud et leur donna à embrasser une minuscule statuette de terre cuite cachée au creux de sa main.
La plus jeune sœur, Constance, fut appelée en premier. Elle gravit les marches entonnant tout à coup le psaume 117, Dominum omnes gentes (Louez Dieu, tous les peuples), repris par ses sœurs. On le chante au Carmel depuis le XVIe siècle, pour consacrer l’entrée dans la maison de Dieu au moment d’une nouvelle fondation.
Leurs corps furent ensuite jetés dans l’une des fosses communes creusées dans le terrain sablonneux d’un jardin dépendant de l’ancien couvent de Picpus. Trois étaient parisiennes de naissance, les autres sont au calendrier de l’Église de Paris en raison du lieu de leur martyre.
La Rédaction
Les 16 carmélites martyres :
- Mère Thérèse de Saint Augustin (Lidoine), prieure ;
- Sœur Saint-Louis (Brideau), sous-prieure ;
- Mère Henriette de Jésus (De Croissy), maîtresse des novices ;
- Sœur de Jésus Crucifié (Piedcourt), choriste jubilaire ;
- Sœur Charlotte de la Résurrection (Thouret), choriste jubilaire ;
- Sœur Euphrasie de l’Immaculée Conception (Brard), choriste ;
- Sœur Julie-Louise de Jésus (Chrétien de Neuville), choriste ;
- Sœur Thérèse du Cœur de Marie (Hanisset), choriste ;
- Sœur Marie-Henriette de la Providence (Perlas), choriste ;
- Sœur Sainte Marthe (Dufour), converse ;
- Sœur Marie du Saint-Esprit (Roussel), converse ;
- Sœur Thérèse de Saint-Ignace (Trezel), converse ;
- Sœur Saint François Xavier (Vérolot), converse ;
- Sœur Catherine (Soiron), tourière ;
- Sœur Thérèse (Soiron), tourière ;
- Sœur Constance (Meunier), novice.