La nouvelle domesticité : les robots, par Paul de Beaulias
Les conseils et la nécessité nous ont amené à nous procurer un robot ménager. Il faut avouer que c’est bluffant : outre qu’il est d’une grande efficacité, on peut vraiment tout programmer, lui demander à quelle heure il fait quoi et dans quelle ordre. Si on veut s’amuser on peut même le commander vocalement… La connexion au téléphone permet de savoir son état en temps réel, ce qu’il faut changer ou non, et où il est.
Je l’ai donc nommé, contre l’avis de mon épouse, « Dorei-kun », qui veut dire en japonais, « mon petit esclave ». Après tout, ce genre de robot correspond parfaitement à la définition de l’esclave d’Aristote, soit un instrument dans les mains de son maître.
Évidemment, ce robot n’a pas de raison, donc, à la différence d’un esclave, il ne pourra jamais ni aimer son maître, ni prendre des initiatives pour son maître.
Mais avouons que cet outil est très performant, et mime bien la domesticité, en étant poli… C’est drôle, car pour une raison inconnue, ce robot dit « Je suis désolé, je n’ai pas compris votre ordre », alors que rien ne lui avait été demandé, et ma fille lui dit « ne t’inquiète, on n’a rien demandé ».
Nous ne sommes pas encore dans des films de science-fiction, mais disons que quand on sait que ce machin est connecté à internet, et qu’il a cartographié la maison pour pouvoir son ménage, on peut imaginer quelques usages totalitaires dans un futur plus ou moins proche.
En attendant c’est un outil tout à fait puissant qui simplifie la vie en remplissant bien mieux des tâches serviles, qui étaient autrefois réalisés par la domesticité.
Aujourd’hui la domesticité n’existant plus, il devenait mission impossible de gérer de grands domaines et une famille nombreuse, sans faire le sacrifice d’œuvres plus nobles, ou d’une impeccabilité matérielle.
Avec cette nouvelle domesticité robotique, cela redevient possible, pour le temps que voudra la Providence : il n’a peut-être jamais était plus simple de fonder une famille nombreuse aujourd’hui. Tout ce qui est nécessaire à la vie quotidienne est disponible facilement et sans être trop cher – on se nourrit bien ; et toute cette technologie permet non seulement de s’occuper plus facilement de son domaine, mais de travailler à la maison, et de pouvoir accéder à tout ce qu’il faut pour le perfectionnement noble de l’éducation et des arts.
En un certain sens, les néo-maîtres des esclaves-robots n’ont même pas besoin de se soucier des âmes de leur domesticité, puisque ces robots n’en ont pas évidemment.
Certes, cela fait que ces robots ne sont que des instruments, et ni des esclaves ni des domestiques, et que ces maîtres ne sont que des propriétaires mais pas des maîtres directeurs et responsables d’âmes. En ce sens, cela reste moins noble que la mission de maître ou de châtelain d’antan, mais tout de même, cette technologie rend possible des choses qui n’étaient pas possible il y a 30 ans, pour vivre plus traditionnellement !
La technologie n’est qu’un instrument, à nous de savoir en user intelligemment pour de bonnes fins, et sans naïveté.
Tant qu’on peut en user, usons-en, puis ensuite nous verrons ce que veut la Providence.
Ne nous laissons simplement ni aller à la mollesse, ni d’oublier objectivement par qui et pour quoi ont été faits telle ou telle technologie.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias