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La Chapelle du Château de Vair perpétue la mémoire des Noyades de Nantes sous la Révolution

Restauration des vitraux de la Chapelle pour ne pas oublier. La Chapelle du château de Vair, érigée en 1687 par Claude de Cornulier, Président du Parlement de Bretagne et conseiller du Roi Louis XIV, est dédiée à la ” Croix adorable de Notre Seigneur “. Elle est bénie le 14 septembre 1687 par le recteur Saint-Clément d’Anetz. Il ne reste aujourd’hui aucun témoignage des vitraux XVIIème, d’où ce projet de création présenté sous l’égide de François Hélie de la Harie, délégué VMF Loire-Atlantique. La chapelle est inscrite aux Monuments Historiques et fait l’objet d’une attention particulière de Régis Ribet, architecte du patrimoine (cabinet SOFTAGE) et des services de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles).

François Hélie de la Harie fut déjà à l’origine de la création d’une verrière illustrant le martyre de l’abbé Yves Coat, noyé dans la Loire en 1793. Son inauguration a eu lieu le 16 novembre 2014 dans l’église Saint Donatien de Nantes. Son petit ouvrage ” Abbé Yves Coat, noyé dans la Loire en haine de la Foi en 1793 ” y relate en détails la vie d’Yves Coat avant la Révolution, son refus du serment schismatique, sa longue et douloureuse incarcération dans les prisons nantaises, et sa mort en Loire dans la nuit du 16 au 17 novembre 1793.

Fin connaisseur des vitraux vendéens, auxquels il a dédié en 2012 une étude remarquable, François Hélie de la Harie coordonne à présent pour la chapelle du château de Vair un nouveau projet de quatre verrières conçues sur les cartons de François Devouge – auteur de la maquette d’un grand vitrail inauguré en 2002 dans le sanctuaire de Notre-Dame du Marillais. Elles sont dédiées aux prêtres persécutés sous la Révolution, incarnés ici par l’abbé Joseph Loyant, recteur de Varades, et l’abbé Jean Richard, son vicaire, tous les deux arrêtés en 1792 et noyés en Loire dans la nuit du 16 au 17 novembre 1793.

Le maître verrier chargé de la réalisation de ces verrières, Eric Bouchet, était d’ailleurs présent au Château de Vair, dernièrement, à une journée consacrée au lancement de la souscription destinée à financer cet ambitieux projet.

Ces vitraux pour la Chapelle du château de Vair dédiés à la Croix adorable, conception et maquette de François Devouge se présentent ainsi :

1.  Les noyades de Nantes 1793

     Sur ce vitrail, on voit Jésus qui marche sur la Loire devant la Ville

     de Nantes. On se souvient de Jésus se déplaçant vers ses

     disciples sur l’eau du lac de Tibériade et sauvant Saint Pierre qui,

     manquant de foi, s’enfonce dans les eaux. Jésus lui tend la main.

     Ici aussi, dans ces terribles instants, le Christ est là. Il attire à lui

     et console les prêtres martyrs et l’on découvre leur foi extraordi-

     naire en ” Dieu Sauveur “.

      Les noyades ont eu lieu avec l’arrivée de Carrier en 1793 en

      particulier dans la nuit du 16 au 17 novembre pour celle qui

      concerne les prêtres des vitraux. Il s’agit de l’abbé Jean Richard

      vicaire de Varades (arrêté en octobre 1792) et de son curé

      l’abbé Joseph Loyant (arrêté en Juin 1792) tous les deux noyés en
      1793.

2.  Le Christ est lumière

     Comme le Christ, ces martyres ont souffert jusqu’à la mort.

     Le sacrifice du Christ est transcendé par sa résurrection.

     Sur ce vitrail, il accueille les prêtres dans sa lumière rayonnante. Il

     entraine dans son ascension glorieuse les âmes persécutées.

3.  Le Bras du Christ

     En haut de la croix il est écrit : ” Jésus Roi des juifs ” (INRI). Ponce

     Pilate avait dit : ” Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit”. Les vitraux parlent

     comme des écrits. Ici le Christ est à nouveau crucifié par les

     noyades des prêtres et des chrétiens à Nantes. Ils arrivent le long

     de la Loire, l’un d’entre eux s’appelle Jean Richard. Il était vicaire

     de Varades dont on voit l’église représentée en bas du vitrail.

     L’église représentée en bas du vitrail. L’église d’Anetz est

     également dessinée/ La commune a connu un prêtre réfractaire,

     il s’appelait François Briand.

     Sur ce troisième vitrail, la Loire se transforme en fleuve de sang et

     l’on voit le bras du Christ crucifié sur les bras de la Loire. Devant

     la cathédrale de Nantes, qui figure en haut du vitrail, le sang du

     Christ se mêle à celui des noyés et des fusillés. La Loire est rouge.

     Voici illustré, symbolisé, transcendé et sublimé le sacrifice du

     Christ et celui des prêtres martyrisés.

4.  La Vierge et le chapelet

     ” Prends ton fusil Grégoire,

       Prends ta gourde pour boire,

       Prends ta vierge d’ivoire ” (Extrait d’un chant vendéen)

       Une très belle vierge d’ivoire m’a aidé à représenter la Vierge de

       l’Annonciation. Elle écrase du pied, sur une sphère qui symbolise

       le monde, un serpent représentant le péché des hommes.

       Les persécutions, les noyades de Nantes, les massacres de

       Saint Florent le Vieil sont autant de manifestations du mal que

       l’homme peut accomplir.

       Mais le chapelet qui s’enroule autour du bras de la Vierge Marie

       se répand en spirale dans l’univers, comme une immense galaxie.

       Sur ce vitrail, les grains de chapelet se rapprochent de nous.

       Après être passés par la croix, ils se transforment en planètes.

       L’une d’elle est la terre où nous vivons et où nous prions pour

       la paix.

On a toujours cherché à minimiser et à banaliser la répression sanglante qui s’est abattue sur la population vendéenne à partir de 1793. C’est un génocide, une destruction volontaire et programmée de la population vendéenne, non pour ce qu’elle avait fait, mais pour ce qu’elle était. La République, sous la Terreur, a inventé l’Etat totalitaire dont d’autres sauront malheureusement s’inspirer. A quand l’édification d’un monument commémoratif ?

Eric Muth

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