DiversPoints de vueSocieté

A bas les personnages de fiction !

Nous vivons dans une époque qui noie de plus en plus de personnes dans le virtuel intégral. Ne parlons même pas des téléphones, tablettes et autres objets connectés – que l’on aimerait, d’abord pour soi-même d’ailleurs, pouvoir déclencher une panne générale des ondes pour être un peu tranquille, et forcer toutes ces personnes à décrocher le nez de leur écran, ou de se déboucher les oreilles ! -, ne parlons pas non plus des jeux-vidéos, ces aspirateurs de temps de notre jeunesse, autant d’heures perdues à ne pas lire, aller dans la nature, développer ses capacités, prier – sans compter ces plus vieux qui jouent encore, et souvent à des jeux d’une qualité de plus en en plus médiocre.

Nous ne parlerons pas de ce virtuel ci, car ses conséquences abrutissantes –au sens propre – sont finalement évidentes pour quiconque de bon sens, et les victimes – c’est-à-dire presque nous tous à divers degrés – ont au fond conscience de cette dépendance, de cette drogue dont nous sommes esclaves ; on aimerait s’en sortir, mais notre volonté broyée n’y parvient plus – elle est belle la libération donnée par les temps modernes ! Le seul moyen serait de s’en débarrasser complétement, ou de l’user véritablement comme un simple outil en limitant drastiquement son utilisation, mais cela demande une volonté hors du commun, et des grâces, que nous ne possédons trop peu – alors ne tardons pas à les demander !

Laissons ce sujet de côté pour aborder ce qu’il cache : le virtuel n’existe pas depuis hier mais depuis bien longtemps. Nous voulons parler des personnages fictifs, des romans, et de tout ce qui peut être fictif dans le divertissement des histoires.

N’est-ce pas quelque chose de terrible pour nos enfants en particulier ? On leur fait avaler jusqu’à indigestion à longueur des journées des personnages de fiction, des persos, des characters – comme on dit. Et ne parlons même pas de tous ces personnages de fiction stupides et idiots, mais supposons encore que ces héros et super-héros soient tout ce qu’il y a de bon et de bien, tant en moralité que dans leurs actions – dans la fiction toujours.

Même dans ce cas idéal – bien rare…- les personnages ne sont-ils pas une traîtrise face à tous les enfants ?

Certains d’entre vous, qui ont vécu baigné par ces personnages dans leur enfance, ont peut-être le souvenir un peu voilé de ce sentiment de trahison profond le jour où vous vous êtes rendus compte que ces personnages n’existaient pas. Ces personnages que vous aimiez tant, avec qui vous avez passé tant d’heures et de bons moments, ils n’existent pas… Quelle trahison – une sorte d’effet Père Noël géant ! Quelle déception ! Et cela n’est-il pas une façon implicite de faire croire aux enfants que toutes ces belles histoires ne peuvent être, justement, rien d’autres que de belles histoires. Que les vertus héroïques et les grandes épopées ne sont que l’apanage du virtuel, et ne sauraient exister dans le réel ? Nous parlons toujours ici du cas idéal où les personnages présentés sont bons. Dans un cas contraire, la question ne se pose même pas. En particulier pour tout ce qui est roman sentimental ou autre, les plus pervers, car ils perdent les âmes dans des considérations inutiles, et souvent irréels : car rien n’est plus facile dans ce domaine des sentiments et des passions de faire croire que ce qui n’est pas possible l’est dans la réalité, et de mettre des idées tordues dans l’âme de nos enfants.

Est-ce à dire que nous recommandons de supprimer tous les personnages de fiction de la vue de nos enfants ? Presque, oui, mais pas tout à fait. A l’exception des contes moraux, qui sont si courts et faits de tel façon qu’ils n’ont rien à voir avec les romans et personnages de fiction : un conte, dans la majeure partie des cas, est un outils traditionnel immémorial et irremplaçable de formation du caractère et d’éducation. N’oublions pas, d’ailleurs, que dans la plupart des contes il n’y a pas de personnages « définis », qui semblent exister. C’est toujours général, le « prince », le « loup », la « princesse », les « petits cochons », etc. Et non pas « Nicolas », « Pierre » ou « Pikachu ». Peu importe, dans tous les cas, les enfants peuvent s’identifier aux types généraux présents dans le conte, et apprendre ainsi des règles de morale de base, les dangers qui existent au quotidien matériellement et moralement, et apprendre la prudence face à des réalités souvent dures – ici, dans les contes, nous avons très souvent des histoires sanglantes, ou crues, bien loin de ces inepties bisounours dans les enfants sont abreuvés ! Bien loin aussi des images si choquantes et impures de trop de films et d’affiches qui blessent nos enfants profondément. Non le caractère cru des comptes dit des réalités dures mais sans violence faite à l’âme. Et cela est bon, car les enfants ont besoin de connaître la réalité, et sont bien moins « sensibles » que ne le croient ces adultes siphonnées par la modernité qui refusent la mort. Tout enfant devrait avoir vécu les travaux de la ferme, le gavage du canard, l’abattage et le plumage d’une poule, la mise à bas d’un poulain, et toutes ces choses de la vie.

Donc les contes, avec grand plaisir, c’est adapté aux facultés de l’enfant, à son imagination, à sa volonté et à son intelligence, et il permet de faire passer beaucoup de bonnes choses – pensons aux contes d’Henri Pourat. Et donc non aux romans, fictions et personnages faussement réels et sans tradition. Pourquoi faussement réels ? Car souvent, et même dans les versions les plus merveilleuses ou les plus fantastiques, les personnages sont au fond très stéréotypés et prévisibles : ils donnent une apparence du réel sans le réel, c’est un appauvrissement.

Pourquoi en effet perdre du temps avec ces fictions, qui au mieux ne sont pas nuisibles, quand nous avons le réel pour tout apprendre et tout voir ? Pourquoi ne pas présenter les vrais héros et les vrais saints qui peuplent notre histoire, et qui sont bien en chair et en os ? Avec des rebondissements, des miracles, des joies, des peines, des sacrifices, des échecs et des gloires qui sont bien plus impressionnants que les pâles copies des fictions et des personnages imaginaires. Surtout, ces héros et ces saints sont réels, ils ont existé, et montrent bien tout ce qui est possible par la foi, par le courage. Ils sont parfois nos ancêtres. Nous en avons tous forcément dans nos ancêtres. Quel bonheur pour l’enfant de se savoir descendant de ces grands hommes ! Tant d’échecs et de difficultés surmontées, quel bel exemple ! Ajoutons encore le formidable élan donné aux enfants de savoir qu’ils sont nos ancêtres, directement ou indirectement : ils deviennent des modèles véritables à imiter, une consolation et une résolution d’avancer vers l’avenir.

L’histoire, la vraie, ne peut que plaire aux enfants. Elle fait de plus prendre conscience de l’action divine : il suffit de faire cinq secondes de l’histoire de France pour se rendre compte qu’elle est peuplée de bien plus de merveilleux que toute fiction, sauf qu’ici ces miracles et tous ces événements sont réels, la portée est toute différente !

Ne perdons donc pas de temps avec ces pauvres super-héros et autres personnages, et autres romans qui perdent nos enfants, les trahissent, et les emprisonnent dans le virtuel, qui peut paraître riche, mais qui est bien pauvre comparer à la réalité. Montrons-leur le réel, à commencer par les grands hommes du passé – mais aussi les mauvais quand il le faut, c’est tout aussi pédagogique.

Le réel de notre passé, et le réel présent est le meilleur de nos romans : on ne fera jamais aussi bien – pensons d’ailleurs à la gabegie étatique actuelle en république, il fallait bien que ce soit réel pour l’imaginer : dans un roman cela aurait fait trop gros…

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,

Antoine Michel

2 réflexions sur “A bas les personnages de fiction !

  • PELLIER Dominique

    Et pourtant, on voit dans cette pub, des gens qui grimpent aux arbres pour aller chercher Minou qui s’y est égaré, on aide la petite vieille à tirer son caddy… voici nos héros d’aujourd’hui. Ah, mais oui, être gentil aujourd’hui, c’est un signe de faiblesse, comme dans NCIS, où ce cher Jethro Gibbs défend à ses troupes de s’excuser lorsqu’elles font des erreurs. Le monde RESTE macho, quoi qu’on en dise. Le vrai héros de s’excuse pas, il frappe et parlemente après, il n’est pas gentil, ne rend aucun service. Mais pleurez désormais qu’on ne vienne pas vous aider!!!! vous en verrez le résultat ! Non, le vrai héros, pleure aussi parfois, il est nature, vrai, pas brut de décoffrage. On verra à l’avenir, ce qui sera….

    Répondre
  • Absurde ! La littérature fait pleinement partie de la culture française ! Et en rien cela n’est un problème…

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.