Offrez-vous sans retenue la joie de l’Avent
Nous entrons ce dimanche 29 novembre dans la période de l’Avent, un temps qui invite à la Joie puisqu’il est question de la préparation à la venue du Seigneur, de Celui qui sera notre Sauveur. Dieu s’est fait enfant pour partager notre condition humaine. Il n’est plus un Dieu lointain mais un Dieu avec nous, parmi nous, proche de nous. Comment ne pas se réjouir de cette proximité, de cette présence, de sa réalité et de sa bonté ? Saint Paul rappelle dans l’une de ses lettres, « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui s’est manifesté par le Christ ». Seul le péché instaure une distance avec lui. Mais même si nous décidons de nous éloigner, le Seigneur continue de nous aimer, d’être proche de nous par sa miséricorde, de nous pardonner et de nous envelopper de son amour. Il nous faut apprendre ou réapprendre à revoir notre conduite de vie pour nous préparer à accueillir le Seigneur, à lui demander de nous aider à surmonter toutes ces épreuves en cours ou en venir dans cette France, que certains essaient de tuer en la faisant douter de son identité de liberté, égalité, fraternité en instaurant un climat de peur. Nous n’aurons jamais peur et ne céderons jamais : Le Seigneur est notre lumière.
Préparons-nous donc à accueillir le grand mystère de l’Incarnation du Sauveur. Préparons-nous à croire que l’impossible deviendra possible, qu’après les guerres en cours viendront les temps de paix, qu’après tant de haine et d’incompréhension viendront les temps d’amour et de compréhension. Dieu ne demande rien d’extraordinaire mais que chacun vive selon des critères de justice et de solidarité. C’est à cela que doit être dédié le temps de l’Avent. Réitérer avec courage et persévérance, notre volonté de vivre avec cohérence notre vie chrétienne. En suivant Dieu, malgré nos faiblesses et nos difficultés, nous serons récompensés par son amour et la paix qu’il nous donnera dans nos cœurs et nos esprits.
Les quatre semaines incluant les quatre dimanche précédant la veille de Noël correspondent à l’Avent. Ne nous prions surtout pas de la joie de cette période unique, même et surtout parce que nous sommes en guerre. Avent, du latin adventus qui signifie venue, arrivée est un merveilleux temps d’espérance. Pour les chrétiens, ce terme classique fut employé pour désigner la venue du Christ parmi les hommes. Depuis le pape Grégoire I, nommé aussi Grégoire le Grand, l’Avent représente la période de la préparation de la venue du Christ.
Le premier dimanche de l’Avent, une nouvelle année liturgique, c’est-à-dire un nouveau chemin du Peuple de Dieu avec Jésus-Christ, notre Pasteur, qui nous guide dans l’histoire vers l’accomplissement du Royaume de Dieu a un attrait particulier. Il nous fait éprouver un sentiment profond du sens de l’histoire. « Nous redécouvrons la beauté d’être tous en chemin : l’Église, avec sa vocation et sa mission, et l’humanité tout entière, les peuples, les civilisations, les cultures, tous en chemin sur les sentiers du temps. »
Mais en chemin vers où ? Y a-t-il une destination commune ? Et quelle est cette destination ? Le Seigneur nous répond à travers le prophète Isaïe, et dit ceci : « Il arrivera dans la suite des temps / que la montagne de la maison de Yahvé / sera établie en tête des montagnes / et s’élèvera au-dessus des collines. / Alors toutes les nations afflueront vers elle, / alors viendront des peuples nombreux qui diront : / “Venez, montons à la montagne de Yahvé, / à la maison du Dieu de Jacob, / qu’il nous enseigne ses voies / et que nous suivions ses sentiers” » (2, 2-3). C’est ce que dit Isaïe sur la destination vers laquelle nous allons. C’est un pèlerinage universel vers une destination commune, qui dans l’Ancien Testament est Jérusalem, où s’élève le temple du Seigneur, parce que de là, de Jérusalem, est venue la révélation du visage de Dieu et de sa loi. La révélation a trouvé en Jésus Christ son accomplissement, et le « temple du Seigneur » est devenu Lui-même, le Verbe fait chair :Il est à la fois le guide et le but de notre pèlerinage, du pèlerinage de tout le Peuple de Dieu ; et dans sa lumière les autres peuples aussi peuvent marcher vers le Royaume de la justice, vers le Royaume de la paix.
Pour la grande famille humaine, il faut renouveler toujours l’horizon commun vers lequel nous sommes en chemin. L’horizon de l’espérance ! C’est l’horizon pour faire une bonne marche. Pour le pape François, letemps de l’Avent, que nous commençons aujourd’hui à nouveau, nous redonne l’horizon de l’espérance, une espérance qui ne déçoit pas parce qu’elle est fondée sur la Parole de Dieu. Une espérance qui ne déçoit pas, simplement parce que le Seigneur ne déçoit jamais ! Lui est fidèle ! Il ne déçoit pas ! Pensons et sentons cette beauté, malgré cette laideur environnante qui tente de nous écraser.
Le modèle de cette attitude spirituelle, de cette façon d’être et de cheminer dans la vie, est la Vierge Marie. Une simple jeune fille de village, qui porte dans son cœur toute l’espérance de Dieu! Dans son sein, l’espérance de Dieu a pris chair, s’est faite homme, s’est faite histoire : Jésus-Christ. Son Magnificat est le cantique du Peuple de Dieu en chemin, et de tous les hommes et les femmes qui espèrent en Dieu, dans la puissance de sa miséricorde. Laissons-nous conduire par elle, qui est mère, qui est maman et qui sait comment nous guider. Laissons-nous guider par elle en ce temps d’attente et de veillée active. La grossesse de Marie éclaire la vie de l’Église. À l’image de Marie, durant la période de l’Avent, c’est l’Église elle-même qui est en gestation, et qui doit mettre au monde le Royaume de Dieu, le royaume des pauvres, des humbles, des petits, qui ne se laisseront pas écraser par les puissants de ce monde terrestre.
La grisaille et les journées courtes s’installent dans les villes et les campagnes avec des journées courtes, la nuit qui envahit les maisons, la pluie, le froid, le vent. Déjà aux époques païennes, des réjouissances étaient organisées à cette époque. Elles manifestaient la volonté des hommes de conjurer la peur de rentrer dans une maison morte plongée dans la nuit et l’arrivée effrayante des longues nuits. Le symbole principal de l’Avent est sans conteste la lumière, ce qui est compréhensible à cette époque de l’année. La lumière non seulement chasse l’obscurité mais aussi représente l’espoir et la lutte contre le mal. Au gré des fêtes, l’attente de Noël se transforme en célébration de la lumière et de la fécondité. Les jours sombres se remplissent de lumières. Préparer Noël c’est transformer les tristes journées de novembre en instants féeriques plein d’espoir. C’est conjurer les mauvais sorts apportés par l’imagination transie par le froid et la nuit, conjurer la mort en cette période de guerre, subie par Paris dans divers lieux, Bruxelles, et peut-être d’autres villes. Ne désespérons pas, ne nous laissons pas emporter par les ténèbres.
Dès l’Avent la maison tout entière se pare dans l’attente du grand jour : couronne de l’Avent sur la table, couronne sur la porte d’entrée, guirlandes autour des portes, lumière chaude des bougies. Nos ancêtres au nord de l’Europe, qui craignaient de voir le soleil disparaître pour toujours, habillaient leur logis au cœur de l’hiver de couronnes composées de feuillages verts. En Allemagne, on connaît la couronne de l’Avent seulement depuis la Première Guerre Mondiale.
Plus que jamais, et parce que les temps sont incertains, les rues et les magasins vides, affichons la couronne de l’Avent. La couronne est un ancien symbole aux significations multiples. Les couronnes rondes de l’Avent évoquent le soleil et annoncent son retour. C’est un pasteur allemand qui décida d’allumer chaque jour une bougie disposée sur une roue, pour marquer les 24 jours qui précédent Noël. La roue fut remplacée par du sapin et les bougies réduites à 4. Elles marquent les 4 dimanche qui précédent Noël. Pour les chrétiens, cette couronne est aussi le symbole du Christ Roi, le houx rappelant la couronne d’épines posée sur la tête du Christ avant sa mise en croix. Les 4 dimanche symbolisent aussi les 4 saisons et les 4 points cardinaux. Noël sera là lorsque la dernière bougie sera allumée. Le plus souvent les bougies sont rouges pour évoquer le feu et la lumière. Sur les couronnes d’inspiration suédoise, les bougies sont blanches, couleur de fête et de pureté. En Autriche on les choisit violettes car cette couleur est symbole de pénitence.
Le calendrier de l’Avent est là pour nous faire patienter : n’oubliez pas d’en acquérir un pour vous (si vous avez gardé votre âme d’enfant, un pour vos propres enfants ou ceux des autres, ces petits pour lesquels les parents n’ont pas toujours la possibilité de les leur offrir, ayant d’autres priorités. L’attente de Noël s’ouvre sur plusieurs perspectives : Noël célèbre la venue dans la chair du Fils de Dieu, l’incarnation : Dieu fait homme ; Noël nous remet dans la perspective de l’attente de la venue du Christ en Gloire à la fin des temps ; Noël, c’est aussi l’aujourd’hui de l’avènement du Christ, par grâce, à l’intime de chacun. Nous retrouvons la triple référence : hier, aujourd’hui et demain propre à toute liturgie. Noël nous rappelle que Dieu vient à notre rencontre dans la simplicité même de l’enfant.
Et puisque les derniers événements tragiques du 13 novembre ont incité les habitants de Lorraine et d’ailleurs à ne pas célébrer Saint Nicolas, comme les autres années, ne nous laissons pas intimider au point de supprimer les représentations de Noël : nous sommes, nous les adultes, héritiers de grandes traditions chrétiennes. Ayons le courage d’exposer au moins une couronne de l’Avent sur notre porte, que nous l’ayons fait en 2014 ou non. C’est peu, eu égard aux chrétiens qui sont torturés, martyrisés et qui affichent leur foi. Notre bouclier, c’est la prière, ne nous en privons pas ! Et croyons en des jours meilleurs, nous qui avons cette chance extraordinaire de croire en Dieu, le Sauveur et de ne pas avoir peur de la mort. « Souvenez-vous que la peur n’est qu’une fausse évidence qui paraît être vraie. Lorsque la peur frappe à votre porte, laissez la foi répondre ». Dieu vous garde sous sa haute protection…
Solange Strimon
NB : nous reprendrons le texte du chemin de la chrétienté ultérieurement.