Chretienté/christianophobie

Il était une fois la chrétienté (1/3)

S’il appartient à tous les chrétiens (et à ceux qui ne le sont pas !) de défendre le christianisme, sans doute cette ardeur et cette foi à combattre pour qu’il vive et dépasse tous les conflits, a-t-elle ses racines dans l’histoire de la civilisation occidentale. Ne perdons jamais de vue que le christianisme a eu une influence omniprésente sur la société dans son ensemble, l’art, la langue, la politique, le droit, la vie de famille, les dates du calendrier, la musique, et la façon dont nous pensons, ont été teintés d’influence chrétienne depuis près de deux millénaires. Et que cette heureuse influence perdurera tant que nous saurons défendre les valeurs chrétiennes de notre société.

Nous vous proposons aujourd’hui un très court aperçu de l’histoire de l’Église, qui sera suivi par une approche du Vatican, en deux temps. Plus on en sait sur notre histoire et plus il est passionnant de la faire connaître, heureux hommes que nous sommes de pouvoir le faire, sans être persécutés.

Tout commence 50 jours après la résurrection de Jésus (c. AD 35). Jésus avait promis qu’Il bâtirait son Église (Matthieu 16:18), et avec la venue du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte (Actes 2:1-4), l’église (ekklesia ou assemblée consacrée) a officiellement commencé. Il paraît que trois mille personnes ont répondu au sermon de Pierre ce jour-là et ont choisi de suivre le Christ. Peut-être était-ce plus, peut-être était-ce moins. À l’époque, il n’existait pas d’hélicoptères qui permettaient d’analyser par carré le nombre de manifestants comme c’est le cas aujourd’hui. Mais comme tout est subjectif, ne nous y attardons pas et restons sur 3 000.

Les convertis au christianisme initial étaient Juifs ou partisans du judaïsme, et l’église a été centrée sur Jérusalem. Pour cette raison, le christianisme fut d’abord considéré comme une secte juive, semblable aux Pharisiens, aux Sadducéens ou encore aux Esséniens. Cependant, ce que les apôtres ont prêché était radicalement différent de ce que d’autres groupes juifs enseignaient. Jésus était le Messie juif (le roi oint) qui était venu accomplir la loi (Matthieu 5:17) et instituer une nouvelle alliance basée sur sa mort (Marc 14:24). Le christianisme a ses racines dans le judaïsme. L’Ancien Testament a jeté les bases pour le Nouveau Testament. Impossible de comprendre pleinement le christianisme sans une connaissance pratique de l’Ancien Testament.  L’Ancien Testament explique la nécessité d’un Messie. Il contient l’histoire du peuple du Messie et prédit la venue du Messie. Dans sa vie, Jésus a accompli plus de 300 prophéties spécifiques, prouvant ainsi qu’il était celui que l’Ancien Testament avait annoncé. Peu de temps après la Pentecôte, les portes de l’église ont été ouvertes aux non-Juifs. De nombreux évangélistes répandirent l’évangile dans le monde entier.

En l’an 70, l’année où Jérusalem a été détruite, la plupart des livres du Nouveau Testament ont été complétés et ont circulé parmi les églises. Les 240 années suivantes, les chrétiens ont été persécutés par Rome. Dans les 2ème et 3ème siècles, la direction de l’église est devenue de plus en plus hiérarchisée. Plusieurs hérésies ont été mises à jour et réfutées, puis le canon du Nouveau Testament a été convenu, ce qui n’a pas empêché que les persécutions continuent de s’intensifier. En l’an 312, l’empereur romain Constantin a affirmé avoir eu une expérience de conversion. Environ 70 ans plus tard, pendant le règne de Théodose, le christianisme devient la religion officielle de l’Empire romain. Théodose Ier le Grand (346-395), empereur romain (379-395), est le seul empereur romain qui ait mérité le surnom de Grand : grand peut-être parce qu’il fut le dernier empereur qui réunit sous son sceptre l’Orient et l’Occident ; grand aussi parce qu’il fut le dernier empereur à résister victorieusement et diplomatiquement aux invasions barbares, grand enfin par rapport aux souverains qui lui succèdent encore pendant moins d’un siècle et dont les noms sont associés à la défaite, à la chute de Rome et à la ruine d’une civilisation millénaire. Avant de devenir empereur d’Orient en 379, tandis que Gratien régnait sur l’Occident, Théodose fait carrière dans l’armée et paie de sa personne face aux Barbares et comme gouverneur de Mésie. Dès la première année de son règne, il repousse les Goths et les refoule au-delà des frontières d’Illyrie. En 380, il se convertit au christianisme qui devient, par l’édit de Thessalonique, religion officielle de l’Empire romain. Événement d’une importance capitale et lourd de conséquences : les persécutions dont sont victimes les païens, et même les sectes hérétiques du christianisme comme le manichéisme et l’arianisme, la destruction des temples et des idoles, des statues et des divinités font basculer le monde vers une nouvelle époque qui annonce le Moyen-Âge.

Les Évêques ont reçu des places d’honneur dans le gouvernement, et en l’an 400, les termes «romain» et «chrétien» étaient pratiquement synonymes. Après l’empereur Constantin, les chrétiens ne furent plus persécutés et les païens invités à se convertir au christianisme. Ces conversions forcées ont conduit à ce que de nombreuses personnes entrent dans l’église sans un véritable changement de cœur. Les païens ont apporté avec eux les pratiques auxquelles ils ont été habitués. L’église a changé : icônes, architecture élaborée, pèlerinages et vénération des saints ont été ajoutés à la simplicité du culte de l’église primitive, ce qui soit-dit en passant apporte une richesse de mémoire inestimable.  Pendant ce même temps, certains chrétiens se retirèrent de Rome, en choisissant de vivre dans l’isolement comme les moines. Rappelons que l’on ne devient pas chrétien par le seul baptême, mais par l’entrée dans le Mystère pascal où Jésus ressuscité a donné sa vie, son Esprit, son Eucharistie. Dès les origines, saint Paul le dit dans ses lettres, tous les fidèles sont baptisés, à commencer par lui.

Les premiers chrétiens ont conscience d’obéir à une consigne du Christ lui-même : ” Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ” (ce sont les derniers mots de l’Évangile de Mathieu). Et, depuis le début, c’est l’eau qui est l’élément central de ce nouveau rite. Certes, on baptisait déjà au temps de Jésus. Et les rites d’eaux sacrées – bains ou étuves – étaient fréquents. Mais il existe une spécificité chrétienne : on ne se baigne pas, on est baigné par un autre. Et on l’est au nom du Christ. À partir du XIIe siècle, on baptise les bébés. La mortalité infantile était effrayante depuis longtemps. La maladie n’en est plus la seule cause : pauvreté, famines, guerres : des parents en viennent à supprimer leurs nouveau-nés. Les évêques s’émeuvent. Les synodes réagissent et prescrivent le baptême. La conscience morale collective évolue. En parallèle la théologie aussi, et l’on veut faire bénéficier ces enfants qu’on entend protéger, de la grâce du sacrement dès que possible (quam primum). Les prêtres doivent dès lors enseigner à tout chrétien comment baptiser en urgence. On développe pour la même raison le baptême par effusion contre le baptême par immersion. Autrement dit, on ne baigne plus, on verse de l’eau sur le front. À quel âge comprend-on bien ce qui se passe lors d’une célébration ? La réponse sera variable et dissociera les trois sacrements de l’initiation, jusqu’alors célébrés comme un tout, trois facettes d’un même mystère pascal. Au XIIe siècle, on retarde la communion à l’âge de ” discrétion ” – on dira plus tard de ” raison ” -, tout en faisant osciller celui-ci de 7 à 11 ans selon les lieux. Au XVIe siècle, on retarde la confirmation au même âge tout en la réservant toujours à l’évêque. Au XVIIe siècle, on veut faire coïncider réception des sacrements et années de catéchisme. Ce dernier s’est beaucoup développé car la Réforme protestante a poussé les catholiques à affiner leur enseignement. Ce premier caté commence à 7 ans et se termine vers 11-12 ans. En France, on va lier la communion avec la Profession de foi. Saint Vincent de Paul en est le grand promoteur. Au XVIIIe siècle, développement de la ” raison ” aidant, on fait passer la confirmation après la communion : afin d’être assuré que les enfants présentés seront suffisamment instruits.

Au cours des siècles suivants, divers conciles ont été organisées pour tenter de déterminer la doctrine officielle de l’église, de censurer les abus du clergé et de faire la paix entre les factions belligérantes. Comme l’empire romain s’affaiblit, l’église est devenue plus puissante et il advint ce qui devait arriver : de nombreux désaccords éclatèrent entre les églises de l’Ouest et ceux de l’Est. L’église latine occidentale, basée à Rome, a revendiqué l’autorité apostolique sur toutes les autres églises. L’évêque de Rome avait même commencé à s’appeler lui-même le “Pape” (Père), ce qui n’a pas été du goût de l’Église Grecque de L’Est basée à Constantinople. Les divisions théologiques, politiques, procédurales et les barrières linguistiques ont contribué au Grand Schisme de 1054, dans lequel l’Église catholique « universelle » romaine et l’Église orthodoxe orientale s’excommuniaient les unes les autres. La rupture s’annonçait inévitable.

Au cours du Moyen-âge en Europe, l’Église catholique romaine a continué à détenir le pouvoir, avec les papes qui affirmèrent leur autorité à tous les niveaux de vie. Le problème, enfin l’un des problèmes, était qu’ils vivaient comme des rois. La corruption et la cupidité dans la direction de l’église devint pratique courante. De 1095 à 1204, les papes ont approuvé une série de croisades sanglantes et coûteuses dans un effort pour repousser les avances de musulmans et pour la libération de Jérusalem. Notre bien-aimé pape François nous a remis dans le droit chemin avec une église des pauvres, affichant lui-même cette pauvreté, ce qui n’est pas du goût de tous les cardinaux et hauts prélats, habitués au luxe. Il n’est jamais facile de passer d’un palais à une maisonnette, si on n’en a pas l’esprit. Et sans la grâce, mission impossible. Nous arrivons à la Réforme : au fil des ans, la discorde apparaît et en 1517, un moine allemand, Martin Luther ose prendre position contre l’Église.  Avec Luther vient donc le temps de la Réforme protestante et la fin du Moyen Age. Les réformateurs, dont Luther, Calvin et Zwingli avaient des points de vue différents sur la théologie. Bien que le catholicisme ait fait un retour en Europe, une série de guerres entre protestants et catholiques suivit.

Vient l’Âge d’or des missions : de 1790 à 1900, l’église a montré un intérêt sans précédent dans le travail missionnaire. La colonisation a ouvert les yeux sur la nécessité pour les missions et l’industrialisation a fourni à des personnes disposant de moyens financiers de financer les missionnaires. Les Missionnaires sont allés dans le monde entier prêcher l’Évangile, et les églises ont été établies à travers le monde. Si aujourd’hui, l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe orientale ont pris des mesures pour réparer leurs relations brisées, les catholiques et les luthériens tentent de se rapprocher, sans pour autant perdre leur identité.  L’église évangélique est fortement indépendante et solidement ancrée dans la théologie réformée. L’église a également vu la montée du pentecôtisme, le mouvement charismatique, l’œcuménisme, et différents cultes. S’il existe de nombreuses églises aujourd’hui, un seul Évangile doit dominer. Il est “la foi qui a été confiée une fois pour toutes aux saints» (Jude 3).

Le monde change, évolue et au musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à Marseille, l’exposition “Lieux saints partagés” qui s’est déroulée cette année jusqu’au 31 août a permis de mettre en avant les différentes formes de partage existant entre les religions musulmane, chrétienne et juive. L’exposition découle de plus de dix ans de recherches, d’un travail d’enquête et d’une mise en lumière multimédia effectuée par trois commissaires.

Si parfois nous sommes amenés à douter de l’humanité, de ses dirigeants et de nos propres convictions, faisons confiance à Dieu, qui dans tous les cas de figure, nous permettra de retrouver la lumière et l’amour du prochain quand Il le décidera. Étant donné que l’espérance ne quitte l’homme qu’avec la mort, soyez – vous fidèles de Dieu, du roi et de Vexilla Galliae – heureux tout au long de cette semaine, marquée si douloureusement par ce vendredi 13 novembre et toutes les conséquences que  ces attentats commis par des barbares vont avoir sur notre société française, qui doit affronter la réalité du laxisme de nos dirigeants, responsables de cette situation. La France restera debout, fière, heureuse de vivre avec ses valeurs et personne jamais ne lui fera courber l’échine, jamais !

Solange Strimon

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