Chretienté/christianophobie

Fête de la chaire de Saint Pierre

Étant donné l’importance de cette fête, liée depuis l’origine à nos racines chrétiennes, il nous est apparu comme une évidence d’en parler dans cette chronique, espérant ainsi apporter à nos lectrices et lecteurs un éclairage intéressant sur ce sujet.

L’histoire de Pierre, cet homme choisi par Jésus pour présider à la vocation de tous les peuples, à la direction de tous les Apôtres et de tous les Pères de l’Eglise, Pierre, le premier dans la dignité d’Apôtre, relève quelque part d’un extraordinaire mystère. C’est lui qui avait dit à Jésus : « Vous êtes le Messie, le Fils du Dieu vivant » et à qui Jésus avait répondu : « Heureux es-tu, Simon, fils de Yonas, car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux». A propos de la vie et de la mort de saint Pierre, bien des vérités et contre-vérités apparaissent. Pierre commença son ministère à Jérusalem, après l’Ascension du Seigneur et la Pentecôte. Le premier « siège » de l’Eglise fut le Cénacle. Par la suite, le siège de Pierre devint Antioche, ville située sur le fleuve Oronte, en Syrie, aujourd’hui en Turquie, et à cette époque troisième grande ville de l’empire romain après Rome et Alexandrie d’Egypte, puis Rome. Où repose le corps de l’apôtre Pierre, lui qui avait demandé à mourir crucifié, la tête en bas, par humilité avec le crucifiement du Christ ? Il semblerait qu’au milieu du deuxième siècle, un simple tombeau dans la nécropole du Vatican ait pu être identifié comme lieu de sépulture de l’Apôtre Pierre.

La liturgie latine vient donc de célébrer ce samedi 22 février 2014 la fête de la Chaire de saint Pierre, une tradition attestée à Rome dès le IVe siècle. Ce n’est donc pas une bizarrerie de notre cher pape François qui permet aux catholiques (et à tous ceux qui s’intéressent à la vie de l’Eglise catholique) de découvrir un peu plus chaque jour l’immense richesse de notre liturgie. Il s’agit d’une prolongation de ce qu’avaient fait ses prédécesseurs. C’était peut-être passé un peu inaperçu ! Avant le pape François, il faut bien le reconnaître, la communication n’allait pas tambour battant. Depuis qu’il est assis sur la chaire de Saint Pierre, le pape François est plus qu’inspiré par le Saint Esprit. Au cours de cette journée très spéciale, on rend grâce à Dieu pour la mission confiée à l’Apôtre Pierre et à ses successeurs.

Célébrer la « Chaire » de Pierre consiste donc à donner à celle-ci une profonde signification spirituelle et à lui reconnaître un signe privilégié de l’amour de Dieu. La « chaire » représente le symbole de l’autorité de l’évêque, de son « magistère », autrement dit l’enseignement évangélique qu’il est appelé à conserver et à transmettre à la communauté chrétienne. « Lorsque l’évêque prend possession de l’Eglise particulière qui lui a été confiée, il s’assoit sur la chaire en portant la mitre et en tenant le bâton pastoral. De ce siège, il guidera, en tant que maître et pasteur, le chemin des fidèles dans la foi, dans l’espérance et dans la charité ».

Par cette célébration de la Chaire de saint Pierre, nous sommes invités à nourrir notre vie personnelle et communautaire avec la foi fondée sur le témoignage de Pierre et des autres Apôtres, nous qui sommes devenus des témoins du Christ dans l’Eglise et dans le monde.

Le Christ a donné à Pierre d’immenses responsabilités et pouvoirs. Nous avons tous en mémoire cette formule magique : « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ; tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les Cieux. » L’Apôtre n’a hérité de ce privilège si étonnant et si personnel que pour le transmettre d’une manière générale, et en vertu de son autorité, à l’Eglise de Dieu. Cette chaire lui a été confiée comme une chaire de saine doctrine. Le Seigneur n’a-t-il dit : « Tu es Pierre », un rocher inébranlable « et sur cette pierre, je bâtirai mon Église »

Le Siège apostolique était célébré jadis le 18 janvier à Rome et le 22 février à Antioche où les disciples du Christ reçurent le nom de chrétiens. La liturgie de Vatican II a regroupé ces deux dates. Les fêtes de la Chaire de saint Pierre furent remises à l’ordre du jour par Paul IV, en 1547. Par la bulle Ineffabilis, celui-ci décréta que l’on célébrerait désormais la chaire de saint Pierre à Rome le 18 février et celle d’Antioche le 22 février. La réforme du calendrier par Paul VI n’a laissé qu’une seule de ces fêtes, le 22 février, qui les conjugue toutes les deux.

La (prétendue) chaire de saint Pierre fut déposée sur ordres d’Alexandre VII Chigi dans l’abside de la basilique (3 mars 1656) pour que les fidèles puissent la vénérer. Depuis 1667, la chaire de saint Pierre ne fut exposée qu’une seule fois, en 1867, pour le dix-huitième centenaire du martyre des saints apôtres Pierre et Paul. Honorer la Chaire de Saint Pierre, c’est honorer celui-là même qui a le privilège et la charge de pouvoir s’y asseoir. C’est honorer, au delà du ministre, celui que ce dernier représente.

La fête de la Chaire de Saint Pierre, premier évêque de Rome, devient pour nous une occasion de joie et d’action de grâce. Elle est « une Chaire de Vérité, un phare qui aujourd’hui encore éclaire le monde perdu dans les ténèbres de l’erreur et du mensonge. C’est bien la Doctrine du Salut qui nous est offerte depuis cette Cathèdre magistrale ».

Ne nous étonnons pas si lors du consistoire du 22 février, un jour éminemment symbolique dans l’histoire de l’Eglise, le pape François, successeur de Pierre, a créé 19 nouveaux cardinaux, dont 16 de moins de quatre-vingt ans représentant 12 nations. Il en crée 3 de plus de quatre-vingt ans en remerciement pour leur dévouement à l’Eglise, dont Mgr Loris Capovilla, 98 ans, ancien secrétaire du bientôt saint pape Jean XXIII. L’Europe reste toutefois en équilibre avec le reste du monde : 61 cardinaux-électeurs européens et 61 des autres continents, dont 19 latino-américains, 15 nord-américains, 13 africains, 13 asiatiques, et un seul représentant de l’Océanie. Ces nouveaux cardinaux devraient aider plus efficacement l’évêque de Rome dans son service à l’Eglise Universelle.

L’Eglise avait bien besoin de renouveau, d’un élargissement de ses frontières, d’une approche universelle, et pas seulement européenne. Le pape François, premier souverain pontife non européen depuis 1 300 ans, entend bien permettre aux fidèles, notamment les plus pauvres, de vivre leurs rapports avec l’Eglise plus ouvertement par des missions plus importantes confiées aux églises locales et non à la Curie romaine. Un grand pasteur de l’Eglise s’est mis en route…

Solange Strimon

NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée au 800e anniversaire de la naissance de Saint-Louis

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