Chretienté/christianophobie

A propos de canonisation

Pour les catholiques du monde entier, une canonisation est source de joie et de renouveau dans l’Eglise toujours plus vivante. Ce 27 avril, selon la volonté du pape François, deux grandes figures de notre temps, connaitront ce nouveau statut, qui leur permettra de s’asseoir à la droite de Dieu et d’être célébrés par les fidèles. Difficile de trouver mieux pour Jean XXIII et Jean-Paul II prochainement canonisés. Cette canonisation aura lieu le jour de la Divine Miséricorde, une fête instaurée par Jean-Paul II.

Le pape François avait annoncé cet événement en latin le lundi 30 septembre, après que les vertus et les étapes de la vie des deux papes eurent été retracées par le cardinal Angelo Amato, “ministre” chargé de suivre les dossiers de béatification et de canonisation. Pour Jean XXIII, il a été question « d’un dialogue fructueux rempli de vérité et de charité, dans et hors de la communauté chrétienne et dans les instances religieuses, culturelles et sociales” et pour Jean-Paul II du « service pour la paix entre les nations ».

Etant donné tous les malheurs qui s’abattent sur notre société, notre civilisation et notre monde comme des fléaux aussi mortels que le choléra, la peste noire, la grippe espagnole, les guerres, les génocides, la faim, la délinquance, l’alcoolisme, la drogue, le chômage, la corruption, et bien d’autres encore, conséquences directes de l’éternelle lutte entre le bien et le mal, le blanc et le noir, le jour et la nuit, deux saints de plus pour nous protéger, quelle merveilleuse aubaine ! A Rome, l’effervescence est à son comble et si vous n’êtes déjà inscrit quelque part pour assister à cet événement historique, les hôtels et tout autre moyen d’hébergement affichent complets. Pour s’y rendre en avion, en train ou en voiture, il faudra faire preuve de courage, de patience, d’obstination et plus.

Un marathonien polonais de 42 ans Piotr Kurylo a pris les devants : il court depuis le 15 mars sur une distance de 60 à 70 kms par jour pour offrir à Notre Seigneur le mérite de cette marche, ayant à parcourir 2 000 kms. Parti du sanctuaire marial de Studzieniczna, dans le nord-ouest de la Pologne, il prie en courant pour la paix dans le monde, particulièrement en Ukraine. N’ayons pas peur de le confesser : cet acte de foi nous remplit d’admiration. Et si la presse n’en parle pas, cela prouve une nouvelle fois sa totale incapacité à rendre compte du BEAU et du VRAI.

Avant de nous intéresser à nos deux futurs saints : Jean XXIII, alias Angelo Giuseppe Roncalli, pape entre 1958 et 1963, symbole de l’ouverture du Concile Vatican II, et Jean Paul II, alias Karol Wojtyla, pape entre 1978 et 2005, symbole d’une Eglise mondialisée, il nous a paru nécessaire d’apporter un certain éclairage sur le processus de la canonisation, dont la complexité d’application ne laisse aucun doute sur l’authenticité des saints. Au risque de perdre des voix sur cette chronique (oser une telle démarche en période électorale, quelle audace !), nous avons fait le choix de ne parler que de canonisation et de Jean XXIII. Nous comptons sur votre indulgence et vous en remercions d’avance.

Les actes de canonisation ont pour objectif de nous proposer en modèle le témoignage d’un des membres défunts de l’Église, d’autoriser ou de prescrire un culte public en son honneur, ce qui se traduit par un jour de fête au calendrier avec honneur plus ou moins solennel au cours de la messe et le jour de sa fête. Des images seront mises à disposition dans les églises et des reliques (si elles existent) pourront être exposées dans les églises. Le Pape inscrit l’élu sur la liste officielle de tous les autres saints une fois cette formalité remplie. La canonisation a toujours été précédée de la béatification. Entrer dans le dédale des démarches administratives de ces actes nous conduirait vraisemblablement au bout de la nuit. Pour l’heure, ayons la sagesse de nous limiter à l’essentiel de ces démarches.

Les fidèles catholiques étant très portés sur la canonisation de leur modèle de vie, il a bien fallu établir des procédures rigoureuses, voire contraignantes pour limiter le nombre de saints, ceux-ci étant supposés réaliser des miracles en tout genre. Tout a commencé au début du christianisme. Le premier Saint avait pour nom Etienne et bien entendu tous les martyrs le sont, puisqu’ils ont donné leur vie au Christ.

Les évêques ont eu – au début du christianisme – à se prononcer sur la sainteté. Puis au fil du temps, et compte tenu de la demande sans cesse croissante des fidèles, le pape Alexandre III décida au XIIème siècle de limiter ce privilège à la décision du souverain pontife. Au XIIIe, Innocent III décida d’appliquer certaines règles, lesquelles évoluèrent au cours des siècles, pour être incorporées au code de Droit Canon en 1917, puis supprimées dans celui de 1983. Au XIVe siècle, la procédure de canonisation se simplifie pour laisser place au demandeur de la canonisation et à celui qu’on appelle « l’avocat du diable ». Il s’agit d’un véritable procès au cours duquel toutes les preuves doivent être fournies sur le bien-fondé de la canonisation.

Ne devient pas Saint qui veut, mais qui, arrivé de l’autre côté des nuages blancs, et avant même de comparaitre devant Saint-Pierre puis Dieu, mérite vraiment cette appellation. Pour mémoire, la dernière réforme a eu lieu sous Jean-Paul II avec la Constitution apostolique du 25 janvier 1983 (Divinus Perfectionis Magister). Le cher Jean-Paul II a souhaité une simplification de la procédure et surtout associer davantage les évêques, qui ne se sentaient pas assez concernés, semble-t-il. Il faut reconnaître qu’il adorait les saints et qu’il a canonisé et béatifié au moins dix fois plus de chrétiens méritants que ses sept prédécesseurs réunis. Pour qui se sentirait une vocation de futur Saint, deux possibilités. Devenir martyr, autrement dit donner sa vie pour rester fidèle à sa foi (en Syrie, au Liban, en Irak et ailleurs, nombreux doivent être les prochains Saints). Ou avoir été tellement exemplaire sur terre par la conduite de sa vie que devenir Saint devient une consécration évidente pour tout le monde. Qui ne se souvient du grand cri lancé par une foule immense sur la place Saint-Pierre lors des obsèques de Jean-Paul II en 2005 : « Santo subito », autrement dit qu’il soit fait Saint tout de suite. Benoit XVI avait consenti à ne pas tenir compte du délai obligatoire de cinq ans pour ouvrir le dossier de la béatification et de la canonisation.

Ces préliminaires établis sur les critères de la canonisation, nous pouvons vous présenter ce jour le « bon pape » Jean XXIII dont le sourire bienveillant et un certain sens de l’humour avaient ramené de nombreux fidèles dans le sein de l’Eglise. Il mena une vie si exemplaire dans l’humilité et la discrétion que le Pape François décida de l’associer à  Jean-Paul II, superstar. Le Pape François a certainement voulu créer un équilibre entre les deux figures de la catholicité et éviter un trop grand culte de la personnalité à Jean-Paul II. Evidemment, il y eut des déçus à propos de cette décision (les Polonais et les nombreux supporters de Jean-Paul II), mais il faut savoir accepter ce qui vient d’en haut et… nous autoriser à ne parler que de lui dans la prochaine chronique.

Jean XXIII, né Angelo Giuseppe Roncalli le 25 novembre 1881 à Sotto il Monte Giovanni, près de Bergame, en Italie, est devenu pape sous le nom de Jean XXIII le 28 octobre 1958. Il est mort le 3 juin 1963 au Vatican à l’âge de 82 ans. A noter qu’il devint pape tardivement puisqu’il avait 77 ans à la mort de Pie XII et qu’il avait fait preuve d’une belle ouverture d’esprit avec les orthodoxes, les protestants et les judéo-chrétiens. Mentionnons les  principales étapes de sa vie après son service militaire et son doctorat en théologie : secrétaire de Mgr Rodini en 1905 ; professeur d’histoire de l’Église au Séminaire de Bergame ; aumônier des hôpitaux militaires de Bergame ; archevêque en 1925, il devient envoyé spécial en Bulgarie en qualité de visiteur apostolique ; il est nommé délégué de Turquie et de Grèce en 1934 après son transfert en Turquie ; il devient Nonce à Paris, représentant du pape auprès d’un gouvernement étranger en 1944 (la nonciature la plus importante et la plus haute) ; enfin il est cardinal et patriarche de Venise avant d’être élu pape, à 77 ans, à la mort de Pie XII.

On lui doit surtout le IIe concile œcuménique du Vatican, qui bouleversa complètement la vie et l’organisation de l’Eglise. Certains ne s’en sont pas encore remis ! Jean XXIII a également rédigé sept encycliques, dont « Pacem in Terris ». Il s’est montré très ouvert sur la communication avec l’Église orthodoxe, les responsables protestants, le concile mondial des Églises et les judéo-chrétiens. 

Lectrices et lecteurs de Vexilla-Galliae, nous espérons que vous aurez pris plaisir à entrer dans l’histoire de l’Eglise et ne nous en voulez pas de donner à Jean-Paul II, le très médiatique pape globe-trotter, que nous avons connu et aimé, l’intégralité de notre prochaine chronique. Nous aurons bientôt deux saints de plus à prier pour le salut du monde, la paix dans les cœurs, la joie pour tous et l’espérance pour une vie meilleure, aujourd’hui et demain. Réjouissons-nous de bénéficier de la grâce de l’amour infini de Dieu et de pouvoir la partager sans réserve…

Solange Strimon

NB : nous vous informons que la prochaine chronique dominicale de Solange Strimon sera consacrée à la  « Canonisation de Jean-Paul II, premier pape polonais de l’Histoire »



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