[Point de vue suite] Réponse à François-Joseph Triponé au sujet de Mgr Fellay
Monsieur Triponé,
Comme vous, j’ai été très surpris de cette petite cérémonie au parlement européen, avec le député de la ligue du Nord Mario Borghezio, où Mgr Fellay a béni une crèche. J’ai eu l’occasion de lire, dans votre article sur Vexilla Galliae daté du 15 décembre*, votre avis sur cet évènement.
Dans la situation d’apostasie que nous vivons dans notre vieux continent, il n’est pas question de faire la fine bouche en ressassant les vieilles querelles internes à l’Eglise catholique lorsqu’une crèche est bénie dans ce parlement. Ce parlement, à l’origine de l’essentiel de notre production législative, d’où nous sommes gouvernés…
Il ne s’agissait pas seulement pour Mgr Fellay de bénir une crèche. Il s’agissait aussi de rappeler, par la voie de Civitas avec Alain Escada, que le pouvoir vient de Dieu, que les nations ont vocation à se soumettre à la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur est Roi des nations, et les institutions européennes devraient s’agenouiller devant la croix.
C’est dans le cadre de ce règne de Dieu que nous pourrons faire rejaillir la chrétienté et la monarchie française. Si cette dernière s’est écroulée, c’est en partie par oubli de Dieu : la révolution aurait-elle eu lieu si Louis XIV avait fait frapper le Sacré-Cœur sur les drapeaux français, comme Dieu lui-même le lui avait demandé, via Sainte Marie-Marguerite ?
Ainsi, la Contre-révolution ne doit pas refaire les mêmes erreurs. Vous prétendez que le pape François a prononcé un discours « fondamentalement » contrerévolutionnaire : « prôner la dignité de l’homme et la reconnaissance de l’identité me suffit », dites-vous. Mais cette dignité de l’homme est sur toutes les lèvres révolutionnaires, depuis le XVIIIème siècle ! Notre vocation de contrerévolutionnaires est de crier la dignité de Dieu, et de faire reconnaître ses droits sur les nations.
C’est toute la doctrine sur la royauté sociale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, énoncée par l’Eglise depuis les premiers temps et sans cesse rappelée, en particulier par le plus grand pape du XXème siècle, Saint Pie X.
Entendons-nous les évêques « réguliers » de notre Sainte Eglise faire la promotion de cette royauté sociale ? La conférence des évêques européens, la COMECE, a-t-elle officiellement rappelé aux pontes bruxellois la souveraineté de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
Non.
Alors bien sûr, on pourra toujours parler de l’absence de situation canonique régulière de la FSSPX (que je ne fréquente pas, à titre informatif). On pourra toujours les traiter d’« intégristes », et leur fermer la porte de nos églises vides. Mais en attendant, Mgr Fellay rappelle à haute voix les droits de Dieu sur l’Europe, les abbés ensoutanés de toutes chapelles redoublent d’efforts pour porter les vrais sacrements aux âmes ballotées par la modernité, et nos bons catholiques bien réguliers en sont à se demander si on peut donner la sainte communion aux adultères impénitents.
Dieu, monsieur François-Joseph Triponé, reconnaîtra les siens.
Julien Ferréol
*article de François-Joseph Triponé : [Point de vue] Royaliste et Lefebvriste ?