Idées

La religion catholique à la lumière du soleil levant. « Sans le latin, sans le latin… »

Lorsque j’étais gosse, je détestais la messe. En grandissant, j’ai compris pourquoi. C’est comme si tout était fait, dans la messe en langue vulgaire, pour nous dégouter irrémédiablement du sacré par des moyens divers et variés : les plus graves d’abord, l’irrespect et le blasphème quasi-constant et si intériorisés qu’ils en deviennent presque inconscients. Pour avoir la Foi en étant élevé dans la messe en langue vulgaire, il faut soit être un mouton, soit être un saint. Comme je n’étais ni l’un ni l’autre, j’ai pris la messe en langue vulgaire pour ce qu’elle était, une grande comédie. Mon erreur a été de condamner avec elle toute la religion catholique.

L’enfant en effet déteste l’incohérence, et répugne la contradiction entre actes et paroles : est-ce le corps de Christ ? Certainement, oui, mais en tout cas en tant que gosse, on comprend que le corps du Christ on s’en fiche complètement, puisque personne ne fait rien de particulier face à lui, le touche avec ses sales mains comme n’importe quel objet vulgaire et profane, l’ignore superbement pour se saluer les uns les autres pendant cette paix d’une sorte bien étrange, et suscite une profonde indifférence, cachée dans un tabernacle dont plus personne n’a rien à faire, et dont la consécration elle-même se trouve dissoute au milieu de la dissipation, du bruit et autres distractions de cette nouvelle comédie. Puis ensuite, l’amateurisme en série, avec des couacs à n’en plus finir. Retards, blancs, contre-mesure, fausses-notes, tout à contretemps pour cette messe bien dans son temps.

Ensuite, le déficit chronique de beauté. Sans parler même de la perte de majesté et de dignité, les chants sont le plus souvent ridicules, sur des airs de bébé voire carrément moches, quand ils ne confondent pas le sacrifice de toute l’Eglise avec le sacrifice de l’humanité sur l’autel de la fête mortifère et du verre de l’amitié lénifiant.

Mais le pire peut-être se trouve dans les honteuses hérésies de la langue qui détruisent toute la crédibilité de la religion. Tant dans ces quasi-systématiquement pitoyables prières universelles d’un conformisme socialisant et athéique désespérants, ou ces traductions équivoques partout et aussi dans les évangiles, avec un amour si humain et passionnel qu’il en devient pitoyable, avec beaucoup d’égalité et autres vocables tyrannisés par la République et sans plus aucun sens véritable. Sans compter l’irrespect total du tutoiement du Père, là ou l’on vouvoie souvent encore la Mère, allez comprendre. Etc, etc.

La messe devrait sanctifier la langue vulgaire parait-il ? J’affirme au contraire, au grand dam certainement d’une partie du clergé malheureusement trop grande, que la messe se fait habituellement profanée par la langue vulgaire, le français en particulier, contaminé jusqu’à la moelle par le mal révolutionnaire, et répandu jusqu’au cœur de la liturgie. On se demande presque si cette imposition à peine voilée du français dans le canon de la messe n’a pas été faite pour déchristianiser la population. Il suffit de voir le résultat de 40 ans de messe en français : les catholiques ont disparu du royaume de France – puisque les quelques restants sont au mieux des hérétiques protestants, de façon dramatiquement inconscientes.

Je m’amuse déjà de voir les nouveaux dévots de la religion républicaine – qui sont trop souvent aussi des dits catholiques – Ah, horreur, quel affreux obscurantisme, quel affreux élitisme du latin ! Messieurs, je rétorque que jamais les restes de la religion catholique en France n’ont été si élitistes que dans les messes en français. A part quelques petits milieux mondains et moutons de Paris, dont la religion est plus un réseau de relations qu’autre chose, la France est déchristianisée. Il reste certes quelques bastions régionaux où la Foi fervente, populaire, et réelle, subsiste, mais si difficilement, et si déclinante. Rien de plus coupable que de faire croire que parce que la messe est française, on comprend : j’affirme au contraire que l’on ne comprend presque rien, car c’est en français. Il faut d’abord rappeler que le français a ceci de terriblement gênant qu’il endort la raison et l’éveil, et tue tout questionnement sur le sens réellement chrétien des mots. Puis c’est vendre l’Église à la révolution, puisque la langue vulgaire est complétement manipulée, ce n’est pas en réduisant notre champs de vision en supprimant le latin que cela va arranger les choses – ma génération en est la preuve. Et le missel, le beau missel a disparu. Cette masse de savoir pratique, de guide pour se confesser et prier, ce suivi au jour le jour du texte, en pouvant comprendre et toujours se référer aux diverses langues, ce concentré d’excellence et de force a disparu. Un missel nous suivait toute une vie, maintenant, nous achetons et rejetons, et recréons du neuf là où seul le fixe et le vrai devrait importer.

Ainés soixante-huitards qui nous ont perdu, repentez-vous de la faute d’avoir refusé de transmettre à vos enfants la beauté de la messe latine dans laquelle vous avez été élevés ! Ne faites pas semblant de croire, comme ces immondes irresponsables révolutionnaires, que nous pouvons inventer et voir des choses auxquelles on a refusé de nous initier ! Quelle tristesse, à part la Providence qui peut nous convertir bien plus tard, et quelques pauvres petits marchepieds survivants malgré tout, il n’y pas grand-chose à faire d’autre que d’errer dans des décombres dus à la violence de nos parents… Les portes du paradis n’ont peut-être pas bougé, mais beaucoup marchent dans la direction opposée…

Le latin permet d’abord de respecter la sagesse des anciens qui ont choisi leurs mots avec parcimonie et prudence, et sur des générations de construction et d’amoncellement de sagesse. Le grand chamboulement d’après-guerre est quantitativement trop important pour pouvoir être une chose bonne : il est impossible que des âmes aimant Dieu, prudentes et bienveillantes aient pu accepter des changements aussi radicaux si rapidement.

Mieux valaient que nos églises se vident mais que ceux qui restent soient encore catholiques, plutôt que nos églises soient vides, comme aujourd’hui, et que les dits catholiques ne le soient que si peu.

Notre ignorance insomnieuse est comme une tare que la messe en français nous a imposé. Quelle tristesse !

Sans le latin, sans le latin, la messe, oui définitivement, nous…

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France

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