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Sermon sur la vocation sacerdotale

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Notre Seigneur Jésus se compare à un bon pasteur. C’est pourquoi ce dimanche est surnommé « le Dimanche du Bon Pasteur », au cours duquel nous prêchons habituellement sur les vocations sacerdotales et religieuses. Je vais suivre aujourd’hui cette coutume et vous parler de la vocation sacerdotale.

Jésus, souverain prêtre

Si Dieu a laissé Adam et Ève commettre le péché originel et donc l’humanité toute entière tomber dans une profonde misère spirituelle et physique, c’était en vue de réaliser quelque chose de plus glorieux pour Lui et de plus méritoire pour nous : la rédemption du genre humain par Notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Dès le premier instant de Son existence humaine, le Seigneur a été institué Souverain Prêtre, c’est-à-dire unique médiateur par lequel les hommes sont unis à Dieu.

Le mot « prêtre » vient du grec presbyteros, qui signifie « l’ancien », « le senior » et qui désignait initialement celui qui dirigeait une communauté. En latin, on dit sacerdoce, « celui qui donne les choses sacrées ». Le prêtre, c’est donc un homme qui conduit les gens à Dieu et qui leur donne ce qui est sacré, c’est-à-dire la vie divine.

Notre Seigneur Jésus est le Souverain Prêtre, Il est le seul qui puisse nous conduire à Dieu, par son enseignement et par ses exemples, et Il est le seul qui puisse nous donner la vie divine. Cependant, Notre Seigneur n’avait pas l’intention d’exercer seul et directement son sacerdoce dans le monde entier et jusqu’à la fin des temps. Non ! il a décidé depuis toujours d’associer les hommes à Sa gloire et au salut des âmes. Le Christ dit aux apôtres : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4;19). Il en a fait Ses prêtres et leur a donné le pouvoir d’offrir le Sacrifice de la Messe ; le pouvoir de pardonner les péchés ; l’autorité d’enseigner tous les peuples, de les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit et de leur apprendre à observer toutes les choses qu’Il a commandé. C’est par Ses prêtres, à qui Il a donné autorité, que Notre Seigneur dirige Son Église sur la terre. C’est par Ses prêtres, à qui Il a confié Sa doctrine et Ses sacrements, que Notre Seigneur sanctifie les hommes. C’est par Ses prêtres, à qui Il a donné le pouvoir de dire la Sainte Messe, que Notre Seigneur s’offre encore et encore comme Il l’a fait sur la Croix.

L’importance de la figure sacerdotale

Pas de prêtres, alors pas de Messe ! Les gens n’auront rien à offrir à Dieu pour la satisfaction de leurs péchés, pour obtenir de Lui les grâces dont ils ont besoin. Pas de prêtres, alors pas de Communion, au sujet de laquelle Notre Seigneur a dit : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous » (Jn 6;53). Pas de prêtres, alors pas d’absolution dans le sacrement de pénitence ! Les gens resteront avec leur conscience douteuse. Pas de prêtres, alors pas d’extrême-onction ! Les gens affronteront seuls leur agonie, les dernières attaques du démon et la justice de Dieu ! Pas de prêtres, alors pas d’autorité directive ! Les gens seront comme des brebis sans pasteur ! En résumé, si vous supprimez les prêtres, alors vous détruisez l’Église sur terre. Ce n’est pas pour rien que les prêtres sont les cibles privilégiées des démons ! Ce n’est pas pour rien que dans la crise actuelle de l’Église, c’est le clergé qui est la cible principale des attaques !

Dieu est infiniment saint ; tout ce qu’Il fait est ordonné. Quand Jésus a promis que Son Église durerait jusqu’à la fin du monde, lorsqu’Il a dit : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du monde » (Mt 28;20), en même temps Il a promis de partager Son sacerdoce avec des hommes jusqu’au Jugement dernier. Cela signifie que dans Sa sagesse infinie et dans Son omniscience, Dieu a déjà prévu et préparé depuis toujours certains hommes pour le sacerdoce de Notre Seigneur et Il appelle ces hommes, en leurs temps, à accepter volontairement ce plan divin, cet appel de Dieu. C’est ce que nous appelons la vocation sacerdotale.

La vocation

Le mot « vocation » signifie appel. Tout le monde n’est pas appelée à devenir prêtre de Jésus-Christ. Saint Paul est très clair à ce sujet : on ne s’arroge pas cette dignité, il faut y être appelé, comme Aaron. Dieu étant infiniment sage et ordonné, il ne peut pas appeler quelqu’un pour une mission sans lui donner la capacité de bien remplir cette mission. Quand Il appela la bienheureuse Vierge Marie à devenir la mère du Sauveur, Il Lui donna une grâce et une dignité proportionnelles à cette mission. Quand Dieu appelle un homme à devenir prêtre, Il lui donne la capacité et les qualités nécessaires pour bien remplir ses futurs fonctions.

Dieu n’apparaît pas tout d’un coup à quelqu’un pour lui dire : « Toi, je veux que tu sois prêtre. » Non, l’appelé ne reçoit pas non plus des émotions ou des consolations spirituelles extraordinaires. Non, Dieu appelle un homme en le créant avec les qualités propres à remplir bien et fidèlement les devoirs du sacerdoce et en l’attirant intérieurement, par Sa grâce. Dieu appelle, mais Il ne force pas la volonté et l’homme peut rejeter cet appel, il peut rejeter sa vocation. Qu’arrivera-t-il à un tel homme ? Pourra-t-il accéder au Ciel ? Bien sûr, il pourra faire son salut éternel, mais ce sera plus difficile pour lui, et sa gloire au ciel sera bien moindre. De plus, il portera indirectement la responsabilité de la damnation des hommes qu’il aurait sauvé par son apostolat s’il était devenu prêtre.

Par la lumière de ce que nous venons d’écrire, il devient assez facile de répondre à la question de comment savoir si quelqu’un a la vocation sacerdotale. La réponse est simple : l’homme doit discerner en lui l’attrait de la grâce et les qualités nécessaires au bon accomplissement des devoirs sacerdotaux.

Les dispositions nécessaires aux futurs prêtres

Les principaux devoirs sacerdotaux sont la prière et l’offrande du saint sacrifice de la Messe pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes. Le prêtre doit aussi nourrir spirituellement les hommes en leur enseignant la révélation divine et en leur donnant les sacrements. Enfin, il doit guider les âmes et les encourager dans la pratique des vertus et des œuvres de miséricorde. Pour cela, trois dispositions sont nécessaires.

La science, tout d’abord : le prêtre doit enseigner la science de Dieu, qui doit conduire les fidèles à lutter contre les démons et les tentations. Il doit les aider à prendre des décisions selon la volonté de Dieu. Jésus dit à ses apôtres : « Vous êtes la lumière du monde. Que votre lumière brille devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5;14-16). La science du prêtre doit être proportionnelle aux besoins de ses fidèles : plus les attaques contre la Vérité sont subtiles et pernicieuses — comme celle du modernisme —, plus la science du prêtre doit être profonde et précise.

Le deuxième devoir du prêtre est de mener une vie sainte en vivant en état de grâce et en ayant une piété solide. Comprenez que le prêtre, médiateur entre Dieu et les hommes, a le devoir de vivre en communion avec le Seigneur. Il ne peut pas conduire efficacement les âmes vers Dieu si lui-même vit en état de péché mortel ou s’il vit sa foi tièdement. Pratiquer les vertus de chasteté, de générosité et de docilité est donc particulièrement nécessaire.

La troisième disposition pour bien remplir les devoirs sacerdotaux est l’intention droite, c’est-à-dire le désir de glorifier Dieu et de sauver les âmes, à l’image de Jésus. Ce désir ne doit pas être une émotion passagère. Il doit être claire, ferme et persistant, surtout aux moments de la prière et de la Sainte Communion.

Si un jeune homme répond à ces trois dispositions (science, piété, intention), il pourra sans problème réussir ses études au séminaire, puis s’épanouir dans le sacerdoce. À l’inverse, si un homme résiste à l’appel pour lequel Dieu l’a créé, il ne trouvera jamais son bonheur ni son épanouissement ailleurs, car il ne sera jamais à sa place et aura toujours le sentiment de perdre son temps, quels que soient son métier et sa situation familiale. Qui reçoit la vocation doit se remémorer la promesse de Notre Seigneur : « Quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera de la vie éternelle. » (Mt 19;29). L’appelé doit aussi se souvenir que le salut éternel d’autres personnes dépend de sa générosité à répondre à l’appel de Dieu.

Conclusion

Je vais conclure ce texte par une anecdote que j’aime beaucoup. En France, vivait une jeune et jolie femme nommée Catherine de Montalembert. Celle-ci annonça un jour à son père sa décision de devenir religieuse. Elle lui dit : « Père, vous savez, j’aime tout ! J’aime le plaisir, j’aime l’humour et l’esprit, j’aime le monde, j’aime la danse, j’aime ma famille, j’aime mes études, j’aime mes amis, mon âge, ma vie, ma patrie, mais j’aime Dieu plus que tout cela et je veux être entièrement à Lui ! » Son père essaya d’objecter : « Ma chère enfant, ne regretteras-tu pas un jour d’avoir renoncé à toutes ces choses ? », et Catherine de lui répondre : « Père, c’est vous-même qui m’avez appris qu’on offre pas à Dieu des cœurs flétris et des volontés molles. »

Cette anecdote met la lumière sur deux éléments importants : voyez, d’une part, la réponse généreuse de cette jeune fille à l’appel de Dieu ! N’est-elle pas magnifique ? Mais voyez aussi l’importance de la préparation à cet appel, qui est du devoir des parents. Ici, le père a bien rempli son devoir d’état, il a donné une bonne et solide éducation catholique à sa fille en lui apprenant à être généreuse, en particulier avec Dieu, à qui l’on donne toujours ce que l’on a de meilleur.

Que Notre-Dame, Reine du clergé, nous donne beaucoup de saints prêtres. Amen.

Un prêtre missionnaire

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