Tribunes

Le Roi comme sacrifice : ce que Louis XVI nous apprend

Heureux sujets Français confirmés dans leur mission par le jour douloureux et rédempteur du 21 janvier 1793 !

Il ne faut ni pleurer misérablement Louis XVI, ni le critiquer pour ces soi-disante faiblesses.

On peut certes le pleurer comme nous pleurons le Christ sur la Croix, nous pouvons certes tirer des enseignements sur les enchaînements révolutionnaires pour ne pas les reproduire, mais ne tombons ni dans une mélancolie désespérée, ni dans une sorte de ressentiment atone éteignant toute velléité d’action.

Soyons heureux et fiers au contraire en ce jour du 21 janvier qui marque la victoire renouvelée de la rédemption du Christ par le sacrifice christique d’un autre oint, lieutenant de Dieu et imitateur de Jésus-Christ !

Notre bon Roi martyr a remplis son rôle magnifiquement – ainsi que notre bonne Reine quelques mois plus tard. Ils nous ont non seulement montré l’exemple du saint et rédempteur sacrifice chrétien du martyr consenti et de la charité envers tous ses sujets, dont ses bourreaux (voir le testament de Louis XVI publié hier sur ce site).

Louis XVI lisait l’Imitation de Jésus-Christ, et, ma foi, il l’a imité jusque dans son suprême sacrifice rédempteur. Certes sans le supplice de la Croix, et certes sans l’efficacité de racheter le pêché originel. Mais du moins avec une Passion au Temple d’une cruauté physique et morale inouïe, dont les souffrances offertes pour la Rédemption de la France ont du moins certainement contribué à racheter nombre de pêchés mortels commis par les français dans la Révolution.

Qui sait, la Providence donna peut-être cette épreuve de la Révolution pour reconfirmer par le sacrifice du fils aîné de l’Église sa place et sa mission : à nous de nous en montrer digne.

Disons même la chance que nous avons : grâce au sacrifice de notre bon Roi, la pureté de la doctrine Très Chrétienne a été préservée des affres révolutionnaires et il a évité de tomber progressivement dans le modernisme larvé, à la différence de ce qui s’est passé en Angleterre, qui a peut-être sa reine, mais qui perd son âme chrétienne – et donc universelle, et donc humaine et divine – inexorablement.

Ne refaisons pas l’histoire, elle est comme elle est et elle est bien faite, puisque la Providence l’autorise. Le sacrifice de notre Roi Louis XVI a couronné 1500 ans de Chrétienté française, et elle la pérennise jusqu’à aujourd’hui et pour l’éternité.

Si Louis XX peut exister, c’est grâce au sacrifice de Louis XVI pour le service de Jésus-Christ, le salut de ses sujets et de l’Église de Jésus-Christ.

Par-dessus tout, sachons gré à Louis XVI de nous affirmer à nouveau clairement toute l’essence fondamentale de la royauté : le Roi Très Chrétien, oint dans le sacre, lieutenant de Dieu sur terre, accomplit tout ce que les rois païens ne faisaient que vaguement pressentir. Il incarne le sacrifice christique : sa vie est un sacrifice on oblation au Créateur, en oblation au Rédempteur, en offrande pour le salut de ses sujets et l’accomplissement de la justice divine sur cette terre – pour éviter aux âmes de subir les tourments de la justice dernière et du feu de l’enfer.

Le Roi-sacrifice ne connaît pas le « privé », le « parti », dès sa naissance, il est donné par Dieu pour servir son Royaume. Le Roi est un des seuls hommes dont la vocation est faite dès la conception. On ne devient pas roi, on naît roi. Dessein divin, dessein impénétrable, charité divine pleine de confiance en ses élus de Dieu que sont les rois, dès la naissance.

Modèle pour nous, pour apprendre à nous sacrifier, comme le Roi se sacrifie quotidiennement, comme Louis XVI s’est sacrifié pour nous Français, comme Jésus-Christ, Notre Seigneur, s’est sacrifié pour tous les hommes.

Le Roi-sacrifice nous a été octroyé par Dieu pour mieux pénétrer et mieux pratiquer le mystère de l’Incarnation (le Roi est né, lieutenant de Dieu, figurant Dieu fait homme, le Roi des rois, prenant chair dans la Crèche) et de la Rédemption (le Roi se sacrifie en continue, sur le modèle du Roi des rois, et parfois, comme Louis XVI, se sacrifie suprêmement).

Le sacrifice est au centre de l’histoire de l’humanité sur cette terre et il nous aide à comprendre notre condition pour mieux marcher vers notre fin dernière.

Le Roi-sacrifice nous rappelle ces vérités, nous donnent l’exemple, nous rapprochent de la Sainte Table.

Le Roi-sacrifice diffuse et installe sainteté et sécurité, par la protection des corps et des âmes en garantissant les biens matériels et spirituels, l’octroi des grâces matérielles (justice et paix) et spirituelles (protection de l’Église qui donne les sacrements nécessaires et climat favorable à la conversion).

Alors soyons heureux que la Providence nous ait donné cette épreuve dont la dureté n’est rien face à la gloire de la Rédemption sur la Croix, toujours victorieuse, déjà victorieuse, et de la rédemption sous le couperet, victorieuse elle-aussi.

Plus grands sont les malheurs plus grande est la mission donnée.

Honorons autant que faire se peut, dans notre pauvre condition, la dette infinie face au Rédempteur universel, le Roi des rois, et la dette au combien immense face au rédempteur du royaume de France, le Roi Très Chrétien.

Antoine Michel

Référence :

Testament de Louis XVI

Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze. Moi, Louis, XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments.

Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.

Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.

Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de coeur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.

Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.

Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.

Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Soeur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma soeur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.

Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma soeur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur.

Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.

Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère.

Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son coeur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.

Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moments de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.

Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.

Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.

Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur coeur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.

Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.

Fait double à la tour du Temple

Signé : Louis

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