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Attitude chrétienne et cancer, par Paul de Lacvivier

Vicente Carducho, Simón de Rojas, 1624
Vicente Carducho, Simón de Rojas, 1624

Il existe comme des lois des séries : en l’espace de quelques semaines j’apprends coup sur coup que de jeunes trentenaires en pleine forme sont atteints de cancers généralisés en phase terminale. Un employé, une amie, un co-paroissien. Au moment où j’écris ces lignes je me prépare à me rendre aux obsèques de mon employé, décédé il y a quelques jours par sa « thérapie », qui l’a tué autant que le cancer. Il n’était pas chrétien, et son décès a été plus soudain qu’attendu, je n’ai pas eu le temps de lui proposer de voir un prêtre. Il avait néanmoins une médaille miraculeuse et une bible. Je prie pour que son âme ait pu accepter le seul vrai Dieu avant qu’il ne fût trop tard…

Une amie apprend le jour de la naissance de son second enfant et premier fils qu’elle est atteinte d’un cancer métastasé qui s’est étendu au foie, os et poumons, en plus d’une grosse tumeur inopérable… La thérapie est mal engagée.

Bref, le cancer devient un sujet qui touche tout le monde. Essayons d’apporter une vision surnaturelle de la chose.

Le cancer est assez mystérieux, et les progrès de la médecine ici restent assez impuissants à améliorer le sort des malades. Quand un chimiothérapie avec immunothérapie ne donne que la possibilité d’avoir 50% de chance de survie à 5 ans – et on est dans le monde des statistiques, donc cela ne veut rien dire pour le cas par cas – on est plus dans une thérapie désespéré que véritablement un soin curatif…

Le cancer n’est pas une maladie externe, à proprement parler, mais le corps qui se corrompt tout seul et qui devient comme fou. Le chrétien ne peut y voir que la main de Dieu, autrefois comme aujourd’hui, dans ses décrets inexplicables aux yeux humains, mais sages dans sa Providence douce pour chacun de nous, nous envoie des maladies pour notre édification. Mourir de la peste ou de la lèpre devient quelque chose de rare, alors c’est comme s’Il passait par le cancer, comme aussi nous rappeler notre condition de mortelle, et combien la technologie dont nous sommes si fiers et les « progrès » qui nous enorgueillissent sont en fait bien limités… et impuissants en fin de compte.

Le cancer a de plus cette particularité, si adapté au contemporain, de ne pas être instantané ni immédiat : mois ou années, il laisse le temps, et rappelle au malade comme à ses proches que la mort existe bien, qu’elle est inéluctable, et qu’il faut y penser et se convertir avant qu’il ne soit trop tard.

Que devrait faire un chrétien confronté à un cancer en phase terminale ? Même jeune et avec une famille à charge ? Devrait-il céder à la passion de peur et se précipiter dans une thérapie qui le tue autant qu’il le soigne ? Pour avoir vu déjà un certain nombre de cancéreux traités, deux sur quatre sont morts sous le coup du traitement, et les deux autres… ça vient de commencer et on verra. Et leur fin n’est pas très belle : perte de cheveux, perte de toute sensibilité, du goût, impossibilité de se concentrer, de lire, de réfléchir, faiblesse extrême et une infinité d’autres problèmes, avec en plus l’enfermement dans un chambre d’hôpital avec si peu de possibilités de sortir… Pourquoi pas faire ces sacrifices s’ils sont dirigés et abandonnés à Dieu… Mais il arrive souvent que le désespoir et un manque de confiance en Dieu précipite les malades et leurs proches dans une frénésie de la thérapie, à laquelle on se raccroche désespérément et trop humainement, comme si la médecine pouvait faire des miracles…

Non, la médecine ne fait pas de miracles et la réalité du cancer le prouve. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas prendre les mesures nécessaires pour soigner ce cancer, humainement parlant, mais il faut le faire de façon ordonnée et rationnelle, dans les mains de Dieu.

Quelle serait alors l’attitude chrétienne face à cette maladie ? Avant d’entamer toute thérapie massive – nous parlons ici non pas d’une simple ablation d’une tumeur localisée, où le risque reste très faible comparé au bénéfice, en général, mais bien des cas où le malade est condamné à moyen-terme si ce n’est à court-terme – il faut s’en remettre à Dieu et discerner.

Car commencer la thérapie finit souvent sur la mort. Alors quitte à mourir, ne vaut-il pas mieux en profiter pour se convertir d’une part et régler les affaires humaines qu’il nous faut régler avant de partir d’autre part ? Une Zélie Martin avait préféré ne pas se faire soigner et souffrir pour Jésus plutôt que de tout miser sur une médecine si faible, et si peu fiable.

Car n’oublions pas de dire que la science médicale est loin d’être une science exacte. Tous les diagnostics et pronostics ne sont que des diagnostics et des pronostics, qui n’engagent que le jugement d’un médecin. Ils se prennent souvent, et surtout depuis le COVID, pour des gourous sachant tout, alors il est important de varier les diagnostics et de trouver, si possible, un médecin bon catholique, une perle rare.

Que devrait faire un chrétien alors ? Le jugement prudentiel pour le traitement est une chose, et un devoir. Mais avant cela il a deux autres devoirs : s’en remettre à Dieu, et prendre les mesures surnaturelles qui s’imposent, dans le cas où la survie est rationnellement préférables à une mort imminentes pour s’occuper des enfants par exemple – car quand on y réfléchit, savoir que l’on va mourir bientôt peut, pour des chrétiens à la Foi profonde, être une sorte de nouvelle bénie, car il ne reste plus qu’à se sanctifier au maximum dans le laps de temps qu’il reste pour mieux aller voir son bien-aimé… et de se concentrer tant que l’on est en forme sur l’essentiel, et sur les œuvres réellement importantes…

Disons que la survie est préférable : il faudrait un miracle. Alors donnons-nous les moyens du miracle ! Avant toute thérapie, et tant que la forme est là, allons à Lourdes, allons faire la tournée des reliques et des sanctuaires réputés pour leurs miracles ! Nos anciens le faisaient, et cela n’empêche pas de prendre les mesures humaines ensuite, mais à leur place.

D’abord Dieu, et pour sa gloire et pour sa volonté.

C’est évidemment facile à dire, mais il faut néanmoins le dire. D’abord Dieu, puis ensuite, froidement et objectivement, régler ses affaires pour les vivants que l’on laisse derrière soi.

Et prenons surtout ces épreuves comme une façon de nous détacher de cette vie terrestre fugace et qui passe. Au fond c’est une chance de savoir que l’on va bientôt mourir mais pas tout de suite : cela dissipe l’illusion si puissante dans notre monde révolutionnaire et prométhéen de croire que nous sommes immortels et que ce monde vaut la peine d’y être attaché ! Remercions Dieu pour cela, comme Job le faisait dans l’épreuve.

Et remettons tout à Dieu, en prenant les mesures tant surnaturelles que naturelles pour faire la volonté de Dieu, qui peut être une guérison ou pas, en fonction de ce qu’Il a prévu dans sa Providence comme œuvres à réaliser sur cette terre comme Son instrument. Et en tout cas, malgré la puissance du choc, ne nous laissons pas aller ni aux passions, ni à la sensiblerie, ni à l’apitoiement et encore moins au désespoir.

C’est ce que font les païens confrontés à la maladie – et parfois de façon inversée, par une trop grande confiance en soi, en s’aveuglant complétement sur le sort, et en faisant semblant de croire qu’ils vont survivre par un volontarisme et une confiance aveugle à la médecine. Cela est indigne d’un chrétien qui sait qu’il est fait pour la vie éternelle et que tout est dans les mains de Dieu.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Lacvivier

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