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Pourquoi la tentation de l’immanentisme, ou du panthéisme, est au fond contraire à la réalité ?, Paul-Raymond du Lac

Les erreurs gnostiques, païennes et hérétiques prennent souvent des formes concrètes qui peuvent sembler diverses, mais elles reviennent toujours à quelques erreurs fondamentales sur l’économie cosmique telle que révélée par le bon dieu : dualisme, panthéisme, immanentisme, fatalisme, etc.

J’aimerais très brièvement m’intéresser au panthéisme que je résumerais par la phrase suivante : « la divinité est dans toute chose et toute chose est dans la divinité ».

C’est un peu les monades de Spinoza, qui défend une position panthéiste sous ce rapport : le divin est contenu dans tout être, et tout être dans le divin.

Les bouddhistes et autres orientaux diraient « chaque microcosme contient le macrocosme et chaque microcosme (nous) est contenu dans le macrocosme (le cosmos devenu dieu) ».

De ces erreurs panthéistes émergent très rapidement l’idée de l’émanation qui prend la place de la création : plus de dieu créateur, mais simplement une émanation du dieu, cosmos ou être suprême qui fait que tout être n’est qu’une variation de degré mais pas, au fond, de nature. C’est ce qu’on retrouve dans toutes les gnoses, ésotérismes et autres kabbales de mauvais aloi, et s’ils reconnaissent parfois un démiurge, il est toujours un dieu « inférieur » et secondaire (comme par hasard).

Le résultat des courses est simple : négation de la création, négation du mal et de la chute, négation de l’être lui-même (où l’on parvient à faire croire, en poussant le raisonnement malade jusqu’au bout, que le « néant » devient un idéal, ce qui, quand on y pense cinq minutes, est une aberration totale – avec ce tour de passe-passe qui veut attribuer un contenu à un non-être, en prétextant qui si on le nomme, cela « existe », alors que par définition c’est la négation de tout ce qui est et donc le néant c’est justement ce qui n’existe pas, l’absence d’être comme le « zéro » est l’absence de quantité…mais ces religions orientales se gardent bien de faire comprendre l’aboutissement de l’anéantissement, et en pratique tout le monde dans les diverses religions orientales le remplit d’un certain contenu positif (avec toutes les variations qui flattent l’orgueil humain), ce qui est naturel puisque le néant ou le rien s’oppose à notre nature) : et on arrive enfin à la négation de toute logique et de tout raisonnement (comme dans le zen, où le principe de non-contradiction n’existe plus, dont on peut dire n’importe quoi en pratique) – ce qui est très pratique puisque tout devient justifiable et on peut tout faire à mesure d’homme, le prérequis de tout totalitarisme.

Pourquoi cette tentation panthéiste existe toujours, malgré ses conséquences terribles et ses incohérences notoires ? Car elle est « compréhensible » humainement parlant : on aimerait s’unir à Dieu – ce qui est inscrit dans notre nature, puisque nous sommes faits pour la vision béatifique – mais sans la Croix. Et surtout sans la liberté. Il y a une sorte de double mouvement de l’amour propre dans le panthéisme et les théories gnostiques de l’émanation : se croire que l’on est dieu (mais pas complètement éveillé, donc il faut s’initier, ou progresser spirituellement), mais aussi une sorte de détestation de soi-même – les deux sont souvent les deux faces d’une même pièce – car malgré tout l’orgueil on voit bien notre misère et notre nullité, et combien l’usage de notre libre-arbitre nous conduit souvent au pire. Alors on cherche une union au « divin » par anéantissement de soi-même, comme pour se dédouaner ou supprimer ce libre-arbitre, qui gène tellement puisqu’il nous rend responsables de nos actes. Plus de libre-arbitre, avec un tel panthéisme, et plus de vraie morale, tout est bien, tout est mal, donc c’est le dédouanement pour faire ce qu’on veut – et la loi du plus fort, du rapport de force et de la terreur en pratique.

Tout cela va contre la Révélation de façon frontale, c’est entendu : le libre-arbitre est l’outil donné par Dieu aux hommes pour pouvoir le choisir, et donc l’aimer. Pas d’amour sans liberté. Jésus-Christ nous montre l’exemple : pas de sacrifice sans amour, et la souffrance, ici-bas, montre la possibilité d’aimer, puisqu’on peut décider de l’offrir pour le salut des autres, le sien, et pour la gloire de Dieu, à l’imitation de Jésus. La liberté est une condition de l’amour (de la charité disons pour être exact).

La Révélation nous rappelle que nos misères viennent du péché, et du péché originel, mais pas de notre nature, donc si le péché est détestable au plus haut point, car il nous corrompt, nous sommes en soi aimables au plus haut point, et Jésus, encore, nous l’a montré par les actes puisqu’il est mort pour nous !

Et puis cette relation d’amour, comme de justice d’ailleurs, n’existe que s’il y a des êtres distincts des uns et des autres, des personnes. Dans le délire panthéiste, en dernière instance, non seulement l’amour devient impossible, mais la justice aussi devient impossible, car comment rendre à chacun son dû, si ce « chacun » n’existe plus puisque chacun est tout et tout est chacun ?

La réalité du quotidien est évidemment contraire aux erreurs panthéistes et de l’émanation, et, quand on y regarde de près, tout parle contre elles dans nos réalités humaines concrètes : la réalité contredit de façon éclatante ces thèses fantaisistes.

Je prendrais un exemple : le mariage d’institution divine. Nous avons ici comme une image de l’union d’amour par excellence, souhaitée par Dieu qui se réalise dans la vision béatifique, qui marque une union si intime qu’elle est « presque » une fusion, mais sans pourtant annihilation des personnes… Autrement dit, regardez le mariage et vous aurez une vision de l’union complète d’amour sans dissolution des êtres particuliers, réalité qui ne rentre pas dans les dogmatiques panthéistes – d’où la nécessité de sortir un « ésotérisme » ou autre « symbolisme » qui va vous expliquer que vous comprendrez les mystères plus tard, quand vous serez initié, qu’il faut voir au-delà, qui vous enfume avec des jolies pseudo-raisonnements spécieux et non rigoureux, et autres tromperies bien pratiques qui ne bernent que ceux qui veulent être bernés – vous pouvez attendre longtemps, car ces « secrets » sont simples : c’est qu’il n’y en a pas !

Le panthéisme et autres erreurs des théories de l’émanation sont manifestement fausses à la lumière de la révélation.

Mais elles le sont aussi si on les confronte à notre réalité humaine : prenez la procréation par exemple. Il est manifeste que le fils n’est pas le père et vice-versa, et si le père est présent dans le fils par son héritage, il n’est évidemment pas confondu. La « filiation » est ainsi bien une image, bien pâle certes, de notre relation au créateur, tout à fait éloigné de toute émanation ou panthéisme : ce n’est pas pour rien d’ailleurs, puisque Dieu a créé la réalité pour nous aider à le comprendre, et à comprendre notre relation avec Lui. Le fait d’avoir des gènes de notre père ne veut pas dire que notre père se trouve en nous, et que nous sommes dans notre père – on voit l’arnaque, ou la mauvaise foi dans le fait d’user d’expressions un peu flou ou poétique pour tirer à une erreur théologique grave ; on pourra toujours dire que c’est symbolique, qu’il ne faut pas le prendre à la lettre – mais en fin de compte dans la doctrine panthéiste on dit bien que tout est dans chacun et chacun dans tout, et là ce n’est plus symbolique ! Encore une technique pour arriver à des conclusions par des raisonnements spécieux, voire carrément des courts-circuitages coupables.

Prenez encore la société politique et la monarchie : qu’on le veuille ou non, et malgré certains délires païens, le roi restera toujours une personne incarnée bien distincte, qui n’est pas dans toutes les autres, et qui ne contient pas les autres.

Et c’est bien cette distinction ontologique qui fait que nous existons, et que les sociétés existent.

Quand on veut tout fondre dans un magma démocratique, cela donne des massacres, de la terreur et des souffrances sans fin : très vite la nature reprend ses droits et la hiérarchie revient d’une façon ou d’une autre. Les massacres eux-mêmes prouvent d’ailleurs l’inanité du panthéisme : comment pourrait-on se massacrer si nous n’étions pas ontologiquement distincts ? Il faut vraiment avoir l’esprit tordu – ou être inspiré par des esprits tordus – pour parvenir à échafauder des théories aussi lointaines de toute expérience (sans même parler de la Révélation!)

La simple observation de la réalité ne permet pas, évidemment, d’atteindre la compréhension que donne la Révélation, puisque notre raison ne peut atteindre le domaine de Dieu, qui le dépasse, dans son économie surnaturelle (voyez le mystère de la Trinité par exemple).

Mais elle suffit pour faire comprendre que les erreurs panthéistes sont impossibles et absurdes, car contradictoire avec notre réalité. Et, pour l’homme, on a beau observer nos réalités, rien n’approche de près ou de loin l’émanation, ou le panthéisme.

Alors pourquoi existent-elles quand même et de façon si constante ?

Car on tente de « rationaliser », par orgueil, ce qui est en dehors du domaine humain, et pour cela on échafaude des théories farfelues, invérifiables dans la réalité – en ce sens, certaines théories « scientifiques » sur l’univers ou la vie sont de beaux exemples de cette propension à outrepasser la compétence humaine. Vous remarquerez aussi que ces théories fumeuses évacuent systématiquement l’histoire (la vraie, par celle fumeuse des théories de tradition primordiale et autres constructions de l’esprit) : et pour cause, car l’histoire est simplement le concentré de l’expérience humaine, c’est-à-dire de la réalité humaine, qui vient trop contredire ces théories.

Par faiblesse aussi : on préfère s’aveugler et ne pas voir les contradictions, par confort, par fuite, par amour propre…

Ne nous étonnons pas, l’homme sans révélation est très irrationnel, et ne peut pas rester bien longtemps rationnel – par excès ou par défaut.

Il voudra toujours se réduire à l’état de bête, ou croire qu’il est comme dieu, pouvant tout expliquer.

Seule la révélation de Notre Sauveur nous remet à la bonne place, nous permettant de raisonner justement afin de mieux aimer notre Créateur et notre Sauveur.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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