Social et économie

Pourquoi personne ne mendie au Japon ?, par Paul de Beaulias

mendiant

J’ai eu longtemps la naïveté de croire que les pauvres vivant dans la rue au Japon ne mendiaient pas pour des raisons d’honneur ou de fierté, et préféraient se laisser mourir plutôt que de subir cet affront.

Il est certain que nos propres « faux mendiants » — pas ceux qui sont vraiment dans la détresse —, qui en font un commerce, détruisent tout lien de charité chrétienne en rendant insupportable la mendicité chronique, mais au Japon, tout n’est pas si rose, et si amour propre il peut y avoir — pour sauver la face —, cela ne peut être un fait explicatif : toute personne qui a pu se retrouver dans une situation de détresse profonde sait ce qu’il en est : on mendie.

Alors pourquoi au Japon, personne ne mendie malgré cette situation de détresse ? Eh bien, parce que personne ne donne… Nous sommes dans une société païenne : si vous n’avez pas d’argent, pas de familles, la communauté ne vous prend pas en charge et vous n’avez plus qu’à mourir dans votre coin. Cela est tellement évident en société païenne que les pauvres n’essaient même pas de mendier…

Nous retrouvons là d’ailleurs un trait de la repaganisation de notre société soumise aux dites Lumières et à leur haine de la mendicité, somme toute classique et pas spécifiquement moderne ; nous retombons dans des âges païens et barbares — sans pour autant rétablir la justice la plus élémentaire, que les païens connaissaient bel et bien.

Mon épouse me racontait un jour que, au travail, une secrétaire japonaise avait eu l’audace — qu’elle ne mesurait pas ! — d’intervenir dans une discussion entre Français sur l’absence de mendicité au Japon. Elle disait que c’était évident, puisqu’au Japon personne ne donne et que, si en France on donnait, c’était parce que celle-ci est chrétienne… Gros blanc… Malaise parmi tous les modernistes de l’assemblée…

À bon entendeur !

Paul de Beaulias

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !

3 réflexions sur “Pourquoi personne ne mendie au Japon ?, par Paul de Beaulias

  • Pierre de Meuse

    “pas de familles ou de communauté qui vous prend en charge et vous n’avez plus qu’à mourir dans votre coin.”Voilà une opinion peu conforme à celle des spécialistes de la sociologie japonaise, qui estiment au contraire que la famille dans ce pays (l’ie) est un des modèles les plus affirmés du monde. Et si elle a diminué d’influence depuis un siècle, ce n’est pas à cause du paganisme, mais de la modernité.

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    • Cher Monsieur, Précisons le sens du texte, j’ai pu mal m’exprimer: il ne s’agit pas de dire qu’au Japon la famille n’est pas forte, il s’agit de dire que justement, ceux qui n’ont plus ni de familles ou autres communautés du fait des malheurs de la vie, ce qui a existé de tout temps et en tout lieu, n’ont plus qu’à disparaître. Ici, en pays païen, pas de moines ni de soeurs s’occupant des orphelins ou des mendiants, pas de charitables âmes s’occupant des délaissés, des malades (aujourd’hui parqués comme des sous-hommes) etc. Pour terminer, si la famille explose aujourd’hui au Japon, outre un effet de la modernité, c’est aussi un effet boomerang d’une société païenne dure, où les relations, mêmes familiales et naturelles, deviennent dures comme la pierre… sans charité et simple justice, quand elles ne deviennent pas serviles. Donc la plupart des gens, passivement, se sont “évadés” avec soulagement des carcans païens après la défaite de la seconde guerre mondiale. Ils jettent certes le bébé avec l’eau du bain, mais la réalité païenne permet de comprendre pourquoi cela se passe en pratique. N’idéalisons pas les communautés naturelles chez les païens en projetant une réalité en fait chrétienne façonnée par plus de 1500 ans d’histoire (car nous ne connaissons certes que cela) qui occulte toute la dureté païenne, bien réelle et bien visible.

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    • Michael Dervelois

      Je dois vous éclairer au plus vite sur ce qu’est la notion de famille au Japon afin que vous revoyez bien si vous ne tranposez pas votre concept catholique de la famille à “leur” famille : la famille au Japon, c’est le père, la mère et leurs enfants ! Pas de grand-parents ni cousins dans ce qu’ils appellent leur famille. De plus, dès qu’un jeune est étudiant, il revient chez lui une fois par an et cela l’ennuie au possible, alors même que ce sont les parents qui lui paient son logement et ses études (par honneur plus que par amour filial) et que ce dernier fait des petits boulots pour mener un train de vie de petit prince ou petite princesse à la dernière mode en tout autisme. Leur cousin, s’ils les voient une fois tous les dix ans, ils se retrouvent dans un restaurant, rarement chez eux, pour déguster on ne sait quoi qui va les fasciner, et qui permet ainsi de s’éveiller par le sentiment partagé et heureux qui leur a permis d’atteindre un “éveil bouddhique” en bon païens qu’ils sont. Voilà leur plus haut degré de socialisation. Et, reprenant la conclusion pertinente de M. de Beaulias, à bon entendeur ! In Christo.

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