Social et économie

La transparence, un principe révolutionnaire et diabolique

Les péchés de calomnie et de médisance sont des éléments connus dans la morale classique, quoique bien oubliés par nos contemporains. Nous allons essayer d’appliquer ici à la politique l’enseignement moral de l’Église, rappelé ici avec brio par l’abbé Puga.

Pour faire simple, même dans l’ère révolutionnaire (et donc contre-nature) dans laquelle nous vivons, il reste difficile pour la Modernité de dire que la calomnie est une bonne chose : mentir éhontément pour nuire à la réputation de quelqu’un choque tellement la conscience naturelle que même la Gueuse, dans la théorie à tout le moins, a beaucoup de mal à légitimer ce vice — encore qu’elle le fait à travers les diverses lois du suspect et autres tentatives de diabolisation, accentuées encore dernièrement par toutes les nouvelles mesures anti-sociales et liberticides.

La calomnie est évidemment un péché très grave, car il sous-entend un acte de volonté qui pousse au mensonge pour faire du mal à autrui : l’engagement patent de la volonté rend le crime bien plus lourd, et rend la pénitence plus difficile : plus le péché est grave, plus l’amour propre résiste et nous interdit de reconnaître nos fautes pour nous sortir de la fange. Cependant, comme le rappelle l’abbé, la calomnie se répare somme toute, en théorie, relativement facilement : il suffit de dire publiquement que l’on a menti, et donc que les faits allégués sont faux. Ce faisant, nous perdons notre honneur et notre crédit, mais du moins la réputation du calomnié est sauve — malgré les dégâts incalculables subis dans l’intervalle.

En revanche, le péché de médisance est aujourd’hui tout à fait légitimé : ce péché consiste à dire du mal d’autrui, mais en s’appuyant sur des vérités. On ne ment pas. On dévoile des faits, des péchés ou des vices qui détruisent la réputation d’autrui, mais qui sont vrais. Beaucoup de nos contemporains auraient tendance à dire, surtout dans le contexte de la surconnection et des réseaux sociaux, qu’il n’y a rien de mal à dévoiler quelque chose sur autrui si ce quelque chose est vrai… et pourtant la morale catholique affirme le contraire ! Tant que le vice en question ne nuit pas foncièrement au salut d’autrui, la médisance est proscrite, car elle peut créer un scandale encore plus dangereux, et enfoncer autrui dans son vice.

Ce péché, en théorie moins grave que la calomnie, puisqu’il n’y a pas mensonge, est en pratique bien plus grave et bien plus difficilement réparable, voire irréparable : on a beau rétropédaler, s’excuser, demander pardon, ce qui a été dévoilé l’a été pour toujours, la ruine de la réputation d’autrui est définitive… Et il aura beau se réformer un jour, sa bonne réputation sera morte depuis longtemps…

Quand la République instaure ses fameuses lois de « transparence », c’est ce pêché de médisance qu’elle légitime, car la transparence, qu’est-ce si ce n’est la médisance institutionnalisée ? Dans une veine puritaine, on veut faire croire qu’il est possible de ne pas pécher — ce qui est évidemment faux, nous sommes tous pécheurs, personne n’est blanc comme neige, et cela dès la naissance. La transparence consiste en effet à tout dévoiler, publiquement et en permanence — sur soi et, surtout, sur les autres — afin de débusquer toutes les fautes, jusqu’aux plus infimes. En pratique, cela permet de tenir tout le personnel économique et politique à la merci du lynchage et de la vendetta médiatique. On trouvera toujours une crasse quelconque dans le passé d’un homme, quelque soit d’ailleurs la conversion qui a pu se produire depuis. 

Ainsi, tout le monde se retrouve dans l’illégalité, et donc paralysé, comme l’évoque très bien Guillaume de Thieulloy dans une émission récente du Club des Hommes en Noir. Personne n’est tout blanc !

Et puis, disons-le. Il vaut mieux un bon chef qui fait son devoir mais qui, personnellement, est un peu peccamineux, plutôt qu’un mauvais chef impeccable sur le plan personnel mais catastrophique dans son action. Mieux vaut encore, évidemment, un chef bon et vertueux, mais cela ne peut être une exigence. Nous, royalistes, vivons dans le réel.

Alors oui, vive le roi ! Pour qu’il puisse faire son devoir, et travailler à sa sainteté, comme tout catholique digne de ce nom.

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !

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