Chretienté/christianophobiePolitique

Pour un véritable enseignement catholique : de l’incompatibilité de la vraie foi avec l’École de la République, par Augustin Marie Bréchard. Partie 1 : Offre républicaine et parjures inconscients

Introduction. Les parjures inconscients

Il est inutile de rappeler ici les fondements anticatholiques de la République dans la matrice de la Révolution française. Inutile de rappeler le supplice des noyés de Nantes ou le martyre des Carmélites de Compiègne, sur lesquels des dizaines de livres ont été écrits. Oserons-nous affirmer qu’au moins, pendant la Terreur, l’ennemi de l’Église n’était pas sournois mais tangible, aussi tangible que la lame d’une guillotine ? La Terreur a donné à l’Église des martyrs conscients de leur sacrifice. Mais que nous a donné la République ? Non pas des martyrs, mais des « tièdes » (Apocalypse 3 :16), oublieux de leurs propres responsabilités religieuses. Non pas des saints, mais des mondains conciliaires, enchantés par les compromissions de la République. Pas même des traîtres conscients, mais, ce qui est bien pire, des parjures malgré eux (Osée 4 :2). Les prêtres jureurs savaient qu’ils tournaient le dos à Rome pour s’engager aux côtés des Lumières, et ils y engageaient leur propre responsabilité. Mais combien de catholiques se rangent aujourd’hui du côté du monde, de la République, des Lumières sans même avoir conscience de leur propre parjure ? Malgré une soumission au monde certaine de l’Église catholique sur certains points depuis le Deuxième Concile de Vatican, la doctrine n’a pas, et ne peut pas changer. Le parjure inconscient est donc bien réel, et entretenu par l’Éducation nationale de la manière que nous étudierons.

« Fait(s) religieux », « enseignement chrétien », « histoire religieuse », « ouverture sur le monde », « humanisme » etc. Autant de nouvelles dénominations qui fleurissent dans bien des écoles, publiques ou privées1, et derrière lesquelles se cachent une lâcheté profonde et l’oubli de l’intransigeance de la Vérité enseignée par l’Église catholique. Malgré une politique ancestrale et générale visant à faire disparaître Dieu des esprits de nos jeunes élèves, la République tend aussi à transformer la religion en opinion, sur le marché d’idées de la laïcité. Cet article vise à rappeler la nécessité pour les familles catholiques d’offrir à leurs enfants une véritable éducation chrétienne, en accord avec la foi et l’Église romaine, et de ne pas tomber dans la compromission tiède que la République offre à la religion, et que celle-ci accepte depuis deux-cent ans. Nous étudierons tout d’abord l’offre laïque que nous fait la très républicaine Éducation nationale, avant de nous pencher sur les raisons qui font que celle-ci ne devrait pas être acceptée par les catholiques. Enfin, nous tâcherons de proposer quelques armes pour faire face à ce système.

I – L’offre républicaine

Le système républicain se méprend sur un point central, et ce depuis la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen selon l’article 10 de laquelle « [n]ul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuse, etc. ». La vérité transmise par l’Église catholique est reléguée au rang d’opinion. C’est là une erreur ignominieuse qui pervertit tout le système de pensée et d’éducation de la République. Dans le rapport de Régis Debray2 de 2002 au Ministre de l’Éducation Nationale sur L’enseignement du fait religieux dans l’École laïque, on peut lire :

« La déontologie enseignante, et qui s’applique à l’exposé des doctrines, en philosophie, comme à celui des systèmes sociaux, en histoire, stipule la mise entre parenthèses des convictions personnelles. Donner à connaître une réalité ou une doctrine est une chose, promouvoir une norme ou un idéal en est une autre. »

Il est en réalité très cohérent avec tout le système républicain, et son erreur n’est pas tant la sienne que celle de son héritage. La religion rentre pour lui dans la case de norme ou d’idéal plutôt que dans celle de réalité dogmatique. Si la foi n’était qu’opinion, il est certain qu’elle pourrait être mise sur le même plan que toutes les autres, sur une sorte de marché d’idées tel que celui qu’on connaît aujourd’hui, notamment depuis l’avènement d’internet. Pie IX, dans son Syllabus des erreurs modernes rappelle en 1864 qu’il est erroné de penser qu’« il est libre à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie d’après les lumières de sa raison. » Or, c’est quasiment mot pour mot ce que professe la DDHC et ses successeurs. La pensée laïque se caractérise également par une schizophrénie symptomatique d’un athéisme d’État. Le principe même de la laïcité à l’école se comprend ainsi : ce qui relève de la religion, que l’on ne considère plus que comme une conviction personnelle et privée, doit être laissé sur le seuil de l’école de la République. C’est en ces termes que me la définissait un auteur franc-maçon, auteur d’un livre sur la laïcité, lors d’un débat. Ce serait d’ailleurs également assez cohérent, si l’essence même de cette pensée n’était pas complètement illusoire. Pour que la laïcité puisse exister, il faudrait pouvoir séparer complètement l’homme religieux de l’homme public, c’est-à-dire scinder la raison humaine en deux parties hermétiques. M. Debray, quand il écrit que « donner à connaître une réalité ou une doctrine est une chose, promouvoir une norme ou un idéal en est une autre », s’inscrit dans cet héritage schizophrène. Il place subjectivement la vraie foi du côté de la norme ou de l’idéal que les croyants promeuvent, alors que l’Église nous rappelle, — et elle devrait continuer à nous le rappeler —, qu’elle est en vérité du côté de la réalité et de la doctrine, à laquelle nous devons encourager notre prochain à adhérer, de la même manière que le professeur de mathématiques demande à son élève d’adhérer à la vérité que 2+2=4. Cette addition, pas plus que la doctrine catholique, ne dépend de l’opinion du professeur. Pourtant, seule l’une d’entre elles est enseignée.

Le rapport de Régis Debray avoue :

« Le but n’est pas de remettre « Dieu à l’école » mais de prolonger l’itinéraire humain à voies multiples, qu’on appelle aussi culture…, M. Debray continuant : L’inculture religieuse dont il est tant question (devant une Vierge de Botticelli, « qui c’est cette meuf ? ») ne constitue pas un sujet en soi. Elle est partie et effet, en aval, d’une inculture d’amont, d’une perte des codes de reconnaissance affectant tout uniment les savoirs, les savoir-vivre et les discernements, dont l’Éducation nationale, et pour cause, s’est avisée depuis longtemps, pour être en première ligne et devoir jour après jour colmater les brèches (sic). »

Pour lui, l’inculture religieuse, et donc la perte de la Foi, n’est pas la cause de la crise mais la conséquence, le problème véritable étant une médiocratisation des savoirs en général, dont l’Éducation Nationale ne serait pas la coupable mais au contraire la courageuse gardienne du savoir qui « colmate les brèches. » La crise ne serait donc pas catéchétique ou religieuse, mais culturelle, ou académique. Elle résulterait du même problème que les mauvais résultats des élèves français en mathématiques ou en anglais. Il n’y voit pas du tout le projet de fond de l’Éducation Nationale, qui œuvre pourtant depuis Jules Ferry pour que cet élève ne reconnaisse justement pas la Sainte Vierge chez Botticelli ou nulle part ailleurs. Il continue cependant avec une cohérence assez surprenante : « La République n’a pas à arbitrer entre les croyances, et l’égalité de principe entre croyants, athées et agnostiques vaut a fortiori pour les confessions. » On notera que M. Debray adhère à un relativisme tout républicain, en écrivant dans Le Monde : « À mes yeux, le baptême est un signe de rattachement à une tradition. Je respecte, j’aime les rites et les usages. Mon attitude aurait été la même si j’avais été élevé dans le judaïsme ou dans l’islam.3 » Peu importe la vérité, tout n’est qu’attachement culturel. Cela me semble être un phénomène de plus en plus répandu chez nos contemporains en quête de sens, cet amour franc et sincère de la tradition indépendamment de la Vérité. On préfère les racines aux fruits, et on oublie que leur rôle est justement de donner du fruit. On arrache la racine et on s’en fait une idole. Ainsi, on entend des personnalités tels que Michel Onfray ou Sonia Mabrouk, l’un farouchement athée, l’autre musulmane, défendre publiquement la forme tridentine de la Sainte Messe catholique. Ils ne l’aiment pas en tant que Sainte Messe, mais en tant qu’héritage culturel. M. Debray défend son amitié pour le baptême chrétien pas en tant que nécessité chrétienne mais en tant qu’« usage » traditionnel. En parallèle, de plus en plus d’identitaires témoignent de leur admiration à la France chrétienne, pas parce que la religion chrétienne est vraie, mais parce qu’elle a fait la France. Or, on peut aimer la France parce qu’elle a été faite par le christianisme, mais il est profondément idolâtre d’aimer le christianisme parce qu’il a fait la France. À partir du moment où la vérité de la religion chrétienne est reléguée au dernier plan, on dit avec M. Debray qu’on pourrait aimer aussi le judaïsme ou l’islam si nous en héritions culturellement. C’est aussi nier le courage de nombreux convertis qui abandonnent justement tout attachement culturel, qui existe bien évidemment, pour rejoindre la vérité dans l’Église catholique. Les racines sont toujours belles, de cette beauté qu’ont les héritages, mais mieux vaut en changer que de porter un mensonge au bout de ses branches.

Si la Terreur faisait le choix de combattre le christianisme par le meurtre et la persécution, la République adopte une nouvelle technique, celle de l’oubli de Dieu, et si nous devons accepter les souffrances des persécutions en les unissant à la Passion de Notre Seigneur Jésus Christ, nous devons cependant fuir l’indifférentisme. Jules Ferry trouve le moyen suprême de supprimer la religion : ne justement pas chercher à la supprimer, mais la faire oublier en ne l’enseignant plus aux enfants. Comme le souligne Aldous Huxley en 1932 dans Le Meilleur des Mondes :

« Les plus grands triomphes, en matière de propagande, ont été accomplis, non pas en faisant quelque chose, mais en s’abstenant de faire. Grande est la vérité, mais plus grand encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité. »

C’est là le troisième acte de déchristianisation par la Révolution française, après la Terreur et le Culte de l’Être suprême. L’École de Jules Ferry ne porte, sauf exceptions, aucune haine ostentatoire à la religion, elle préfère la taire. Il est aujourd’hui de plus en plus flagrant qu’elle ne se tait plus seulement sur la religion mais sur tout le reste, en n’enseignant plus rien à personne. Mais Jules Ferry a réussi le tour de force de placer la religion chrétienne au même rang que la mythologie gréco-romaine. Personne n’a explicitement interdit aux élèves de rendre un culte à Zeus ou à Jupiter, en les menaçant de se faire guillotiner. La mythologie n’apparaît que dans les livres d’histoire, et ainsi aucun élève n’a l’idée de faire des offrandes aux dieux grecs. De même, les livres d’histoire de l’école « gratuite, laïque et obligatoire » n’interdisent pas la religion chrétienne, mais les élèves viennent à penser que ce n’est qu’une religion de plus dans l’histoire, aux côtés des dieux gréco-romains des premières pages de leurs livres. Jamais personne ne leur dira que le Christ est ressuscité, et que la seule vraie religion est celle qui nous est transmise par l’Église catholique romaine. En 1874, le théologien catholique allemand Alban Stolz écrivait :

« Si j’étais le diable, et que le peuple me choisît pour son député au Parlement, j’y ferais une motion, une seule, qui procurerait à l’Enfer le plus de clients possibles ; je proposerais de séparer complètement l’École de l’Église. »

Nous voyons apparaître ici les parjures inconscients dont nous avons parlé en introduction, à la fois créations et victimes de l’École de la République, et premiers clients de l’Enfer.

À suivre…

Augustin Marie Bréchard


1 Le site officiel de l’Enseignement Catholique français comporte les onglets suivants sur sa page « Religions à l’école » : « Pour une laïcité d’intelligence » ; « Fait religieux à l’école » ; « La laïcité au collège » ; « Un jeu pour former à la laïcité » ; « Les élèves adhèrent à la laïcité » ; « La laïcité dans les plans de formations. » Il semble y avoir plus d’articles sur l’enseignement de la laïcité que sur l’enseignement de la doctrine catholique. https://enseignement-catholique.fr/enseignement-catholique-et-laicite/ (consulté le 27 mars 2024).

2 On notera que Régis Debray fut un compagnon d’Ernesto « Che » Guevara dans les années 1960.

3 Le retour à Dieu de Régis Debray et Max Gallo, Le Monde, 19 octobre 2002, https://www.lemonde.fr/une-abonnes/article/2002/10/19/le-retour-a-dieu-de-regis-debray-et-max-gallo_294936_3207.html.

3 réflexions sur “Pour un véritable enseignement catholique : de l’incompatibilité de la vraie foi avec l’École de la République, par Augustin Marie Bréchard. Partie 1 : Offre républicaine et parjures inconscients

  • Emmanuel Cramoizen

    Bravo pour cet article intéressant, hâte de lire la suite.
    Néanmoins une petite remarque :
    Si effectivement l’école de la république omet d’instruire la Vérité sur la seule vraie religion pour faire oublier le Christ, l’école est tragiquement depuis 40 ans attaquée de l’intérieur par une autre “religion”, diabolique celle-ci, l’islam…
    Peut-être le sujet d’un futur article ? 😉

    Répondre
  • Jules F. n’a-t-il pas écrit qu’il fallait faire des petits chrétiens des chenapans, ainsi le but de la laïcité serait atteint.

    En fait il suffit de voir le look de Jules pour être convaincu qu’il était bien tordu, le fourbe…

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.