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Hospitalité chrétienne et hospitalité païenne, par Paul de Beaulias

Lorsqu’on vit longtemps dans un pays, surtout lorsqu’on vient avec des illusions, on se heurte à une réalité qui peut parfois être très différente du fantasme.

Le Japon vérifie cette maxime d’autant plus que ce pays a su, avec la complicité de japonais et d’occidentaux, parfois de façon involontaire, soigner son image de pays qui serait comme chrétien mais sans être chrétien, tarditionnel et moderne – bref un petit paradis de surhommes.

Y séjourner longtemps, et tenter de rentrer dans la société locale fait prendre conscience d’une vérité toute simple : le Japon est un pays païen qui ne connaît pas la charité, ni aucune des vertus connexes à la charité.

Par exemple, il a déjà été exposé dans ces colonnes les principes inflexible du don et du contre-don1.

Aujourd’hui nous donnons un exemple concret, sur l’hospitalité à la païenne, et de son contraste avec l’hospitalité chrétienne.

Tout japonisant connaît le « おもてなし », sorte de « marque déposé » aujourd’hui par le secteur touristique signifiant « hospitalité », et qui voudrait y voir une sorte de particularité nationale, avec une hospitalité supérieure à toutes celles du monde.

Tantôt j’organisais la première communion de mon fils, et j’invitais des amis d’horizons divers, dont des païens.

Il se trouve qu’au Japon, pour tout événement de ce type (mariage, enterrement, pot d’au revoir, de rentrée, tout ce que voulez) il est de coutume de faire payer (en général beaucoup) les invités que l’on « reçoit ». Mais celui qui reçoit fait « comme » s’il payait tout, mais en fait ce sont les invités qui paient. Pourquoi ? Pour éviter de créer une dette morale, et donc de forcer à un contre-don : le contre-don se fait directement en espèces trébuchantes avec des montants normalisés (pour les mariage en fonction de son lien de parenté etc ; rien à voir avec nos listes de mariage qui n’est pas obligatoire – chacun apporte ce qu’il veut et combien il veut-, et n’est pas lié à la fête de mariage -il s’agit d’aider un ménage qui se forme, pas de payer la réception dont on va profiter).

Bref, le japonais lambda est habitué à cet esprit païen. Donc quand il est invité à une fête chrétienne, comme la première communion du fils d’un ami, et qu’on ne lui demande rien en retour, il est déstabilisé.

Au début il va juste croire que vous avez oublié. Puis il comprend que non, ce n’est pas un oubli.

Alors il va essayer de laver sa dette, en payant quelque chose – de symbolique en général, en vous arnaquant au passage dans l’esprit païen (puisqu’il va donner beaucoup moins que ce sui serait exigible de lui dans une autre réception païenne)-, et c’est très indécrottable.

Alors, devant un invité un peu pressant sur ce point, je lui dis que je le fais à la française, dont que j’invite pour de vrai. Et je lui dis : « comment veux-tu faire omotenashi si tu fais payer tes invités ? ». Et là il abandonne et comprend. Il comprend surtout que je ne lui demanderai rien en retour. Et peut-être aura-t-il compris que l’hospitalité japonaise qui exige un contre-don est une conception assez originale de « l’hospitalité »…en fait la différence vient de l’esprit chrétien ou païen.

Vous me direz : dans l’antiquité l’hospitalité était quelque chose de très ancrée, partout et même en pays païen.

Certes, mais il faudrait encore examiner cette image d’Épinal – l’épisode de Bethléem et de l’accueil très « chaleureux » de la sainte famille par les locaux l’écorne déjà, et on est pourtant dans le peuple élu…

En supposant encore qu’elle a quelque chose de vraie – ce qui est certain – il y avait un contre-don : c’est comme l’entraide villageoise que l’on retrouve partout. On aide pour se faire aider, en particulier avec ceux que l’on est obligé de côtoyer tous les jours, on est hospitalier d’une part pour profiter de l’hospitalité si l’on voyage soi-même, et pour éviter aussi de se mettre l’étranger à dos (on ne sait jamais, il pourrait écorner la réputation nationale, ou être un brigand, ou un futur envahisseur).

Mais le vrai pauvre, celui dont en est sûr qu’il n’est rien, ni une menace, ni une potentielle source de revenu, comme d’ailleurs l’ostracisé dans le village, a, en terre païenne, toujours le même sort : il se retrouve seul et délaissé, rejeté. C’est le cas de la sainte Famille, qui n’est rien socialement, des pauvres étrangers de Nazareth, des pecnos lointains, et qui plus est pauvres et sant rien…donc qu’ils repassent pour l’hospitalité.

Voilà la réalité hors de la chrétienneté, derrière les beaux mots !

Seule la charité chrétienne change la donne, et encore le combat n’est jamais complétement gagné…

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

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