Vive le Pape quand même ! Pourquoi la Fraternité Saint Pie X n’est pas schismatique
Ce court papier est écrit comme une réponse ouverte à Matthieu Lavagna, qui m’a gentiment demandé de donner un avis sur son texte, et que je donne volontiers.
Pour des raisons personnelles, je n’aurai pas le temps de rentrer dans tous les détails, mais je fais confiance à la bonne volonté de mon interlocuteur, qui saura creuser les indications bibliographiques que je lui confie, et réfléchir plus avant sur les raisons profondes de la situation actuelle de la FSSPX.
Contexte
Matthieu Lavagna semble récemment s’évertuer à continuer un combat d’arrière-garde, celui de vouloir montrer que la FSSPX serait schismatique, en adoptant les contours extérieurs d’un raisonnement apologétique et sourcé, mais en pratique en montant un dossier à charge contre Mgr. Lefebvre en particulier, et la FSSPX en général (puisqu’elle continue son œuvre), en citant en particulier des parties de sermon et de discours, mais très peu les actes, les contextes, les pratiques et l’histoire.
Pour le dire brutalement nous constatons que Matthieu Lavagna manque d’une connaissance de la réalité historique de l’histoire de l’Église, de la pratique traditionnelle de l’autorité et du droit, de la profondeur de la crise actuelle et du grand réalisme de l’Église.
Nous montrerons brièvement, avec quelques arguments dont nous laissons au lecteur l’approfondissement, et nous invitons à se rapporter à la bibliographie pour de plus amples informations.
J’en appelle à la bonne volonté objective de nos contradicteurs : il ne s’agit pas de « gagner » en faisant de l’éristique, mais de faire triompher la gloire de Dieu, son règne sur nos cœurs et dans nos sociétés et au salut des âmes qui en découle ; il s’agit en bref que nos clercs se réapproprient pleinement leur mission confiée par Jésus dans les Évangiles : « Allez baptisez les nations, etc ».
Bibliographie sommaire – et forcément incomplète :
*Bref examen critique du nouvel ordo missale du cardinal Ottaviani1
*Le film un évêque dans la tempête2
*Le catéchisme de la crise dans l’Église de l’abbé Gaudron3
*Vatican II, une histoire à écrire, Roberto Mattei
*Le vicaire du Christ. Peut-on réformer la papauté ? De Roberto de Mattei
*Comment notre monde a cessé d’être chrétien ? Guillaume Cuchet
*L’hérésie du XXe siècle, de Jean Madiran
*Les divers ouvrages, très bien faits, de l’abbé Claude Barthe4.
I. La FSSPX, œuvre d’Église soumise au Pape.
1. Les fruits de la FSSPX et son but
Bien qu’elle représente Les sans papiers de l’Église, (que représente) la FSSPX n’en est pas moins une de ses congrégations les plus fructueuses depuis sa création en 1970 : sur la demande de quelques prêtres en 1969, Mgr. Lefebvre crée une fraternité sacerdotale, dont le but statutaire est la sainteté de ses prêtres et du sacerdoce5, reconnue par l’ordinaire du lieu, et créée dans les règles de l’art. Malgré la crise de 1988 et, plus limitée, de 2012, qui lui fit perdre un certain nombre de prêtres, la FSSPX est aujourd’hui l’une des congrégations catholiques les plus fructueuses dans ses développements en son apostolat : en mars 2021, la fraternité comptait 676 prêtres (aujourd’hui environ 720), 135 frères, 82 sœurs oblates, implantés en 159 prieurés partout dans le monde, 14 districts, 187 écoles, 760 lieux de messe6.
La FSSPX permet aussi à des communautés traditionnelles de vivre de la foi traditionnelle : capucins, dominicaines, bénédictins. Sans compter que la FSSPX continue de faire vivre, à chaque fois par des événements providentiels et sans volonté propre de récupérer telle ou telle œuvre, les retraites ignatiennes7 (dès 1971 quand le père Barrielle, héritier du père Vallet, devient directeur spirituel pour le séminaire d’Écône), la croisade eucharistique en passe de disparaître dans les années 1980.
Il faut ainsi juger un arbre à ses fruits : les fruits de la FSSPX sont nombreux et prospères sur un plan spirituel, la gloire et le salut des âmes.
Pour parler de l’objectif de la FSSPX, rappelons un entretien récent de son supérieur général8(à lire en intégralité !) :
« Monsieur le Supérieur général, comment expliqueriez-vous le rôle de la Fraternité Saint-Pie X en 2024 ? Plutôt qu’une église parallèle, comme certains le prétendent, s’agit-il avant tout d’un témoignage en faveur de la Tradition ? D’un effort missionnaire dans le monde entier, comme les Pères du Saint-Esprit auparavant ? Ou d’autre chose encore ?
Don Davide Pagliarani : Le rôle de la Fraternité en 2024 n’est pas fondamentalement différent de celui qu’elle joue depuis sa fondation, et que précisent ses statuts lorsqu’ils disent : « Le but de la Fraternité est le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne. » La Fraternité est d’abord une société sacerdotale ordonnée à la sainteté des prêtres, et donc à la sainteté des âmes et de l’Église tout entière par la sainteté du sacerdoce. Comme le précisent également nos statuts, « la Fraternité est essentiellement apostolique, parce que le sacrifice de la messe l’est aussi. »
Ce rôle, la Fraternité l’exerce depuis sa fondation dans le contexte particulier d’une crise inédite affectant précisément le sacerdoce, la messe, la foi, tous les trésors de l’Église. En ce sens, elle constitue un rappel de la réalité de ces trésors, et de leur nécessité pour la restauration de toute chose. Sans l’avoir choisi, la Fraternité vit en témoin privilégié de la Tradition dans une situation où celle-ci se trouve éclipsée. C’est un fait que la Fraternité, à cet égard, se retrouve comme un signe de contradiction en faveur de la Tradition de l’Église. Sa force pour la défendre est unique, dans la mesure où son refus de toutes les réformes libérales est intraitable et sans concession. Et ainsi, sa position se trouve être une réponse directe et complète à ce dont l’Église a besoin dans la situation actuelle.
Ce qui est peut-être nouveau depuis quelques années, c’est le regard que portent les Catholiques perplexes sur la Fraternité. Aux yeux de beaucoup, la Fraternité est dédiabolisée. On ne la voit plus comme une Église parallèle, schismatique ou en voie de le devenir, ni comme un groupuscule en réaction contre la modernité, fermée sur ses habitudes passéistes, et incapable de vivre avec son temps. Aujourd’hui, sa situation est souvent enviée, et les trésors dont elle vit convoités. Bref, elle est un point de repère pour beaucoup. Les fidèles qui la découvrent sont attirés par sa prédication, sa liturgie, la charité de ses prêtres, la qualité de ses écoles, l’atmosphère de ses chapelles. Et de plus en plus, la Fraternité permet aux fidèles et aux prêtres de redécouvrir les trésors de l’Église. Cela est très encourageant. » »
2. L’Église elle-même reconnaît la FSPPX comme pleinement catholique, de facto
Les faits sont connus : confessions autorisées par le Pape François, ainsi que les mariages, excommunications levées, et de nombreux prêtres et évêques aujourd’hui sympathisants de la FSSPX ou collaborant avec elles, souvent avec la bénédiction canonique de Vatican : Mgr. Huonder9, Mgr. Schneider10, un prêtre des MEP entré dans la FSSPX dans les règles canoniques de l’art11.
Pour le prêtre des MEP, il faut raconter un tant soit peu : ce petit miracle a permis à un prêtre des MEP de rentrer dans la FSSPX avec l’accord du supérieur des MEP et en respectant la procédure qui s’applique dans ce cas pour un changement de congrégation (deux ans de probation).
Le prêtre en question ne fut pas réordonné sous condition. Tout cela montre que l’Église en tant qu’institution considère la FSPPX de facto comme une congrégation catholique qui fait œuvre d’Église – puisqu’elle permet à ses prêtres d’y rentrer en respectant les procédures canoniques, et que la FSSPX respecte ces procédures, et qu’aussi elle respecte les sacrements donnés mêmes après la réforme.
3. La suspense a divinis et les ex-communications, décisions injustes et invalides
Nous serons bref, mais il faut aborder le sujet. Les mesures prises contre la FSSPX en 1976 et 1988 ont été faites contre le droit et la justice.
a. Suspense a divinis
Nous reprendrons simplement le court article de l’abbé Gaudron dans son « Catéchisme de la crise dans l’Église » (dont nous invitons à la lecture approfondie) :
« Mgr. Lefebvre a été frappé le 22 juillet 1976 d’une suspense a divinis. Cette suspense fut tout autant invalide que la suppression de la Fraternité Saint-Pie X, car Mgr. Lefebvre ne fut jamais convoqué devant le tribunal compétent et la seule raison de sa suspense fut son attachement à la
Tradition de l’Église. Sine culpa nulla pœna — s’il n’y a pas de faute, la peine est nulle. »
Tout était déjà dans cet extrait du sermon historique de Mgr. Lefebvre à Lille :
« Je voudrais également dissiper un autre malentendu, et là je suis désolé, mais je suis obligé de le dire, ce n’est pas moi qui me suis appelé le chef des traditionalistes. Vous savez qui l’a fait il y a peu de temps, dans des circonstances tout à fait solennelles et mémorables à Rome. On a dit que Monseigneur Lefebvre était le chef des traditionalistes. Je ne veux point être le chef des traditionalistes, et je ne le suis point. Pourquoi ? Parce que je suis moi aussi, un simple catholique, certes prêtre, certes évêque, mais qui suis dans les mêmes conditions dans lesquelles vous vous trouvez et qui ai les mêmes réactions devant la destruction de l’Église, devant la destruction de notre Foi, devant les ruines qui s’accumulent sous nos yeux. Ayant eu les mêmes réactions, j’ai pensé qu’il était de mon devoir de former des prêtres, de former de vrais prêtres dont l’Église a besoin. Ces prêtres, je les ai formés dans une Société Saint-Pie X qui a été reconnue par l’Église, et je ne faisais que ce que tous les évêques ont fait pendant des siècles et des siècles. Je n’ai pas fait autre chose que ce que j’ai fait pendant trente années de ma vie sacerdotale, et qui m’a valu d’être évêque, Délégué apostolique en Afrique, membre de la Commission centrale préconciliaire, Assistant au Trône pontifical. Que pouvais-je désirer de plus comme preuve que Rome estimait que mon travail était profitable à l’Église et au bien des âmes ? Et voici que, alors que je fais une œuvre tout à fait semblable à celle que j’ai accomplie pendant trente années, tout à coup je suis suspens a divinis peut-être bientôt excommunié, séparé de l’Église, renégat, que sais-je ? Est-ce possible ? Est-ce donc que ce que j’ai fait pendant trente ans était susceptible aussi d’une suspens a divinis ? Je pense au contraire que si, à ce moment-là, j’avais formé les séminaristes comme on les forme maintenant dans les nouveaux séminaires, j’aurais été excommunié ; si j’avais à ce moment-là enseigné le catéchisme que l’on enseigne aujourd’hui, on m’aurait dit hérétique. Et si j’avais dit la sainte messe comme on la dit maintenant, on m’aurait dit suspect d’hérésie, on m’aurait dit aussi hors de l’Église. Alors je ne comprends plus. Quelque chose précisément a changé dans l’Église et c’est à cela que je veux en venir. »12
Les parties que nous avons mis en gras sont absolument essentielles à garder dans l’esprit : Mgr. Lefebvre n’a pas bougé d’un iota entre la période missionnaire en Afrique et les années post-conciliaires. Il fut tantôt promu aux plus hauts grades de l’Église pour son œuvre, puis persécuté comme le dernier des bandits… pour avoir fait la même chose.
Il est essentiel de comprendre qu’accuser la FSSPX pour avoir simplement continué ce qui a toujours été fait dans la tradition catholique est une façon de ne pas vouloir regarder en face la crise dans l’Église, et ce qui a changé drastiquement et de façon révolutionnaire depuis.
b. Levée des excommunications
Depuis le Concile, plus d’excommunications, avec œcuménisme et le dialogue interreligieux, tout est bon, toutes les religions se valent. Les prêtres catholiques au Japon peuvent sans soucis encourager à la pratique de la méditation zen, mettre des gris gris Shintô devant leur bureau, ou co-célébrer avec des luthériens, mais en revanche faire un baptême selon le rite traditionnel dans la chapelle d’un hôpital catholique, c’est interdit en pratique13.
Bref, Mgr. Lefebvre a été publiquement et solennellement excommunié, chose exclue depuis le Concile. Pourquoi ? Du fait du sacre des évêques ? Non, prétexte, que Mgr. Lefebvre souligne déjà en 1976 : il était l’épine dans le pied des modernistes, car il cristallisé la résistance traditionnelle à la destruction de l’Église.
Que l’on sache, Mgr. Wiliamson n’a pas été excommunié à nouveau, malgré ses nombreux sacres sauvages, sans état de nécessité de fait, et sans respecter pour le coup aucune prudence ni forme canonique, ni tous ces autres évêques de la mouvance sédévacantistes, qui font de plus en plus n’importe quoi.
Mgr Lefebvre, rappelons-le, suit toutes les procédures canoniques, obtient l’accord de principe continue dans le protocole du 5 mai 1988 : « Le protocole d’accord que Mgr. Lefebvre accepte de signer le 5 mai 1988 prévoit que « pour des raisons pratiques et psychologiques, apparaît l’utilité de la consécration d’un évêque membre de la Fraternité » (n°5, 2). ».
Se sentant mourir, diagnostiqué d’un grave cancer, il avait décidé dès le milieu des années 1985 de permettre à son œuvre de continuer, et pour cela il fallait un évêque, et les signes de la Providence s’accumulent14.
De fait, le Vatican a tenté de massacrer l’œuvre de Mgr. Lefebvre, et sa résistance a permis de sauver la tradition : personne dans la tradition aujourd’hui ne peut ignorer la dette qu’il doit à l’œuvre de Mgr. Lefebvre et à la FSSPX. Sans la FSSPX, quid des communautés ecclesia dei, du motuo proprio Summorum Pontificum, etc ?
Les autorités romaines, en la personne de Benoît XVI, ont aussi reconnu de facto que les excommunications étaient injustes, et en pratique nulles et non avenues : il s’agit du décret de la levée des excommunications des évêques de la fraternité15. Mgr. Fellay, alors supérieur général de la FSSPX, demande dans une lettre au Saint-Père : « Dans cette lettre, Mgr. Fellay affirme, entre autres: « Nous sommes toujours fermement déterminés dans notre volonté de demeurer catholiques et de mettre toutes nos forces au service de l’Église de Notre-Seigneur Jésus Christ, qui est l’Église catholique romaine. Nous acceptons ses enseignements dans un esprit filial. Nous croyons fermement au Primat de Pierre et à ses prérogatives, et c’est pour cette raison que la situation actuelle nous fait tant souffrir ». »
Cela montre, soit dit en passant, qu’en pratique la FSSPX reste soumise à Rome, continue ses relations, et dans tout ce qui est neutre pour la Foi et les trésors de l’Église, elle se soumet. Les « résistants » de Williamson et les sédévacantistes refusent toute relation avec Rome, la différence est abyssale.
Benoît XVI accepte.
Sans l’avouer dans le texte, mais par l’acte même, lui, ce fin théologien et ce fin canoniste, reconnaît de facto que les excommunications sont nulles. Car comment lever des excommunications sans aucun changement de la part de la FSSPX ? Car s’il y a faute justifiant l’excommunication, il ne peut y avoir de levée sans changement, sans correction de cette faute par la FSSPX : or cette dernière n’a pas bougé d’un iota, en particulier sur les positions doctrinales anté-conciliaires.
Ou alors cela signifierait que le pape, une sorte de despote volontariste, peut tout décider en propre sans raison ? Évidemment que non. Si Benoît XVI, ce pape si traditionnel par de nombreux aspects, a pu lever les excommunications, lui qui savait que la charge de Pierre nécessite de s’effacer derrière elle, et non d’en abuser, c’est qu’il savait que la décision n’était pas fondée dès le départ.
Bref, en pratique, la FSSPX est tout à fait catholique, par le simple fait que dans la pratique elle est essentiellement considérée comme toute autre congrégation catholique, dont on reconnaît le pouvoir de juridiction explicite sur certains sacrements : la confession et le mariage. Soit dit en passant, là aussi nous avons un aveu en acte des contradictions internes aux décisions vaticanes sur la FSSPX depuis 1976 : on reconnaîtrait mariage et confession, mais ni la messe ni l’ordre (du moins pas de façon explicite) ? Ce n’est pas possible… On autoriserait à tout catholique de façon licite à aller se marier et se confesser chez la FSSPX, mais pour la messe il faudrait aller ailleurs ?
II. Quelques considérations historico-canoniques, ou pourquoi la fraternité est véritablement obéissante ?
1. Qu’est-ce un schismatique et pourquoi la FSSPX n’est pas schismatique ?
Reprenons le canon 1325 alinéa 2 de 1917 (dont la version de 1983 ne modifie pas substantiellement la signification) :
« Toute personne qui après avoir reçu le baptême et tout en conservant le nom de chrétien, nie opiniâtrement quelqu’une des vérités de la foi divine et catholique qui doivent être crues, ou en doute, est hérétique ; si elle s’éloigne totalement de la foi chrétienne, elle est apostat ; si enfin elle refuse de se soumettre au Souverain Pontife et de rester en communion avec les membres de Église qui lui sont soumis, elle est schismatique. »
Toute la question est ainsi de savoir ce que signifie se soumettre au Souverain Pontife, en d’autre terme qu’est-ce que l’obéissance, et de savoir ce que signifie « rester en communion avec les membres de l’Église », car tout est là.
Il faut ainsi en principe un refus de la juridiction papale en soi, et la création d’une hiérarchie parallèle.
La FSSPX n’a jamais fait cela : elle prône au contraire la primauté de Pierre et son effective visibilité, tant en théorie que dans la pratique.
L’intention de Mgr. Lefebvre en 1988 lors du sermon des sacres est on-ne-peut-plus clair – et citer d’autres discours équivoques pendant des conférences, ou lors de réflexions dans un cadre privé, sortis du contexte, ne peut rien signifier publiquement ; quand Mgr. Lefebvre réfléchit en théologien dans le cadre privé avec des opinions personnelles, cela n’a aucune implication sur les positions officielles et les décisions en tant que chef de la FSSPX.
« Il est nécessaire que vous compreniez bien que nous ne voulons pour rien au monde que cette cérémonie soit un schisme. Nous ne sommes pas des schismatiques. Si l’excommunication a été prononcée contre les évêques de Chine qui se sont séparés de Rome et qui se sont soumis au gouvernement chinois, on comprend très bien pourquoi le pape Pie XII les a excommuniés. Mais il n’est pas question pour nous du tout de nous séparer de Rome et de nous soumettre à un pouvoir quelconque étranger à Rome, et de constituer une espèce d’Église parallèle comme l’ont fait, par exemple, les évêques de Palmar de Troya en Espagne qui ont nommé un pape, qui ont fait un collège de cardinaux. Il n’est pas du tout question de chose semblable pour nous. Loin de nous ces pensées misérables de nous éloigner de Rome. Bien au contraire, c’est pour manifester notre attachement à Rome que nous faisons cette cérémonie. C’est pour manifester notre attachement à l’Église de toujours, au pape, et à tous ceux qui ont précédé ces papes qui, malheureusement, depuis le concile de Vatican II ont cru devoir adhérer à des erreurs, des erreurs graves qui sont en train de démolir l’Église et de détruire tout le sacerdoce catholique. »16
Et encore dans le même discours :
« Loin de moi de m’ériger en pape. Je ne suis qu’un évêque de l’Église catholique qui continue à transmettre, à transmettre la doctrine. Tradidi quod et accepi. C’est ce que je pense que je souhaiterais qu’on mette sur ma tombe, et cela ne tardera sans doute pas qu’on mette sur ma tombe Tradidi quod et accepi – ce que dit saint Paul – « Je vous ai transmis ce que j’ai reçu », tout simplement. Je suis le facteur qui porte une lettre. Ce n’est pas moi qui l’ai faite cette lettre, ce message, cette parole de Dieu, c’est Dieu Lui-même, c’est Notre Seigneur Jésus Christ Lui-même, et nous vous avons transmis, par l’intermédiaire de ces chers prêtres qui sont ici présents, et par tous ceux qui, eux-mêmes, ont cru devoir résister à cette vague d’apostasie dans l’Église, en gardant la Foi de toujours et en la transmettant aux fidèles. Nous ne sommes que des porteurs de cette nouvelle, de cet évangile que Notre Seigneur Jésus Christ nous a donné et des moyens pour nous sanctifier : la Sainte Messe, la vraie Sainte Messe, les vrais sacrements, qui donnent vraiment la vie spirituelle. Il me semble entendre la voix de tous ces papes depuis Grégoire XVI, Pie IX, Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV, Pie XI, Pie XII, nous dire :
« Mais de grâce, de grâce, qu’allez-vous faire de nos enseignements ? de notre prédication ? de la Foi catholique ? Allez-vous l’abandonner ? Allez-vous la laisser disparaître de cette terre ? De grâce, de grâce, continuez à garder ce trésor que nous vous avons donné. N’abandonnez pas les fidèles ! n’abandonnez pas l’Église ! continuez l’Église ! Car enfin, depuis le concile, ce que nous avons condamné, voici que les autorités romaines l’adoptent, et le professent, comment est-ce possible ? Nous avons condamné le libéralisme, nous avons condamné le communisme, le socialisme, le modernisme, le sillonnisme, toutes ces erreurs que nous avons condamnées, voici maintenant qu’elles sont professées, adoptées, soutenues par les autorités de l’Église : est-ce possible ? Si vous ne faites pas quelque chose pour continuer cette Tradition de l’Église que nous vous avons donnée, tout disparaîtra. L’Église disparaîtra, les âmes seront toutes perdues ».
Nous nous trouvons devant un cas de nécessité. Nous avons tout fait pour essayer que Rome comprenne qu’il faut revenir à cette attitude du vénéré Pie XII et de tous ses prédécesseurs. Nous avons écrit, nous sommes allés à Rome, nous avons parlé, nous avons envoyé des lettres – Monseigneur de Castro Mayer et moi-même – plusieurs fois, à Rome ; nous avons essayé par ces colloques, par ces moyens, d’arriver à faire comprendre à Rome que depuis le Concile, cet aggiornamento, ce changement qui s’est produit dans l’Église, n’est pas catholique, n’est pas conforme à la doctrine de toujours de l’Église. Cet œcuménisme et toutes ces erreurs, ce collégialisme, tout cela est contraire à la Foi de l’Église, est en train de détruire l’Église. »
Dans les faits, la FSSPX fait tout dans l’obéissance à Rome sur le fond : information et coopération dès que possible, respect des procédures canoniques dès que possible, prise de contact, etc. En pratique, la persécution locale dans de nombreux endroits explique seule que la FSSPX est exclue de la vie diocésaine ou paroissiale, dans des cas de nécessité massifs. En pratique encore c’est la FSSPX qui permet de réimplanter la Tradition dans des déserts détruits par la révolution post-conciliaire, où aucun autre institut traditionnel ne peut aller du fait d’évêques hostiles, et toujours sur la demande des fidèles, en état de détresse17.
2. Du Vicaire du Christ et de la bonne obéissance.
Tout le problème contemporain ne se trouve pas dans la FSSPX mais dans la réalité de la crise de l’Église et aussi d’une exagération du pouvoir pontifical qui a eu tendance, au XIXe, avec l’ultramontanisme entre autres, à devenir quasi-absolu.
Ce phénomène est compréhensible : avec la révolution française et la disparition des pouvoirs catholiques dans les grands États, les Catholiques se sont tournés de plus en plus vers le Pape, aussi pour des questions qui sont hors de sa mission.
Cette sur-demande a viré en une sorte de papolâtrie dans le post-concile, où toute parole, ou tout écrit du pape serait comme parole de Dieu.
Cela est évidemment tout à fait révolutionnaire et anti-traditionnel : le Pape, un homme, est pécheur, et faillit souvent. L’infaillibilité papale de Pastor Aeternus ne dit rien d’autre que cela, puisqu’il affirme que le Pape n’est infaillible qu’avec des conditions drastiques, qui n’arrivent en pratique qu’une ou deux fois par siècle et encore…
Donc en pratique le Pape failli. Et l’histoire le montre. Il y a même eu plusieurs papes à certains moments, avec des saints des deux côtés (St. Vincent Ferrier, Sainte Catherine de Sienne par exemple pour le grand schisme d’Occident), de nombreuses élections papales ne se sont pas passées aussi sereinement et calmement que celle de Léon XIV.
Cela remet-il en cause la sainteté de l’Église, son indéfectibilité ? Non, cela ne fait que manifester la réalité de l’Église militante, un corps mystique qui est Jésus, mais passant par des instruments défectueux qui correspondent plus ou moins à la volonté de Jésus.
C’est la même chose pour le Pape.
Il serait malheureusement trop douloureux et inutile de lister tous les scandales oraux et pratiques des papes depuis la fin du concile, et dans des proportions affligeantes tant pour le Pape François que Jean-Paul II18.
Ce qui incarne l’indéfectibilité de l’Église en pratique n’est ni l’inerrance du Pape ni son impeccabilité, mais la pérennité de la primauté de Pierre transmise jusqu’à la fin des temps19.
« Les portes de l’enfer ne prévaudront contre mon Église »
Et elles n’ont pas prévalu puisque l’Église dans sa hiérarchie visible perdure, qu’il y a un Pape. Et Mgr. Lefebvre ne dit rien d’autre que cela, mais il constate que les continuateurs ont pu faire, et ont fait spécialement dans les années 1988 des actions contre le dépôt de la Foi, contre les enseignements du Christ, étant des vicaires du Christ plus antichristiques que christiques (le terme antichrist, employé par Mgr. Lefebvre pour qualifier des prélats dans une lettre aux futures évêques, est classique et signifie selon le dictionnaire : « Ennemi du Christ. » selon le Littré20). Il constate le mystère de notre crise inédite, comme si par moment, et surtout dans les années 1970-1990, le corps mystique de l’Église présentait plus l’aspect du corps mort de Jésus séparé de son âme en Croix… avant la Résurrection, et sans que cette mort apparente ne signifie la mort définitive de Jésus.
Mgr. Lefebvre disait encore en 1976 de façon si catholique :
« Alors on nous dit : « Vous devez être avec le pape, le pape est le signe de foi dans l’Église ». Oui, dans la mesure où le pape manifeste son état de successeur de Pierre, dans la mesure où il se fait l’écho de la foi de toujours, dans la mesure où il transmet le trésor qu’il doit transmettre. Car qu’est-ce qu’un pape, encore une fois, sinon celui qui nous donne les trésors de la Tradition et le trésor du dépôt de la foi, et la vie surnaturelle par les sacrements et par le sacrifice de la messe ? L’évêque n’est pas autre chose, le prêtre n’est pas autre chose que celui qui transmet la vérité, qui transmet la vie qui ne lui appartient pas. L’épître le disait tout à l’heure, la vérité ne nous appartient pas. Elle n’appartient pas plus au pape qu’à moi. Il est le serviteur de la vérité, comme je dois être le serviteur de la vérité. S’il arrivait que le pape ne fût plus le serviteur de la vérité, il ne serait plus pape. Je ne dis pas qu’il ne le soit plus – notez-le bien, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit – mais s’il arrivait que ce soit vrai, nous ne pourrions pas suivre quelqu’un qui nous entraînerait dans l’erreur. C’est évident.
On nous dit : « Vous jugez le pape ». Mais où est le critère de la vérité ? Monseigneur Benelli m’a jeté à la figure : « Ce n’est pas vous qui faites la vérité ». Bien sûr, ce n’est pas moi qui fais la vérité, mais ce n’est pas le pape non plus. La Vérité, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ et donc il faut nous reporter à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ nous a enseigné, à ce que les Pères de l’Église et toute l’Église nous ont enseigné, pour savoir où est la vérité. »21
Cela permet de revenir à une juste mesure de l’obéissance : il faut obéir au Pape en tant que vicaire du Christ, qui n’est pas seul, qui n’est un caporal tyrannique, mais le successeur de Pierre. Ainsi, dans tout ce qu’exigerait un pape qui irait contre la tradition constante de ses prédécesseurs, selon le principe de St. Lérins « Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est ».
Cela implique qu’il faille parfois obéir au pape malgré le pape…
« C’est pourquoi, nous sommes persuadés qu’en faisant cette consécration aujourd’hui, nous obéissons à l’appel de ces papes et, par conséquent, à l’appel de Dieu car il représente Notre Seigneur Jésus Christ dans l’Église. Et pourquoi, Monseigneur, avez-vous arrêté ces colloques qui semblaient, cependant, avoir un certain succès ? Précisément, parce que, en même temps que je donnais ma signature pour le protocole, à la même minute, l’envoyé du cardinal Ratzinger qui m’apportait ce protocole à signer, me confiait ensuite une lettre dans laquelle il me demandait de demander pardon pour les erreurs que je faisais. Si je suis dans l’erreur, si j’enseigne des erreurs, il est clair qu’on doit me remettre dans la Vérité. Dans l’esprit de ceux qui m’envoient cette feuille à signer, que je reconnaisse mes erreurs, c’est-à-dire
« Si vous reconnaissez vos erreurs, nous vous aiderons à revenir dans la vérité. »
Quelle est cette vérité pour eux si ce n’est la vérité de Vatican II ? sinon la vérité de cette Église conciliaire ? c’est clair ! Par conséquent, il est clair que pour le Vatican, la seule vérité qui existe aujourd’hui, c’est la vérité conciliaire, c’est l’esprit du concile, c’est l’esprit d’Assise. Voilà la vérité d’aujourd’hui. »22
Mgr. Lefebvre vit douloureusement toutes ces années, lui le prélat proche de Pie XII.
3. La question du sédévacantisme
Et quand on constate la crise aiguë dans l’Église, on se rend compte qu’il y a un problème. Les sédévacantistes apportent une fausse solution à un vrai problème23.
Pour le dire brutalement, les sédévacantistes pèchent en faisant passer une opinion pour un dogme infaillible.
Cela explique encore certains propos de Mgr. Lefebvre, qui, comme théologien aussi, s’est posé la question : et il a conclu comme catholique. Ces opinions ne peuvent être tranchées que par le Pape et l’Église, et pour cela il faut d’abord que son autorité soit restaurée. Enfin il est interdit de trancher pour tout autre personne, on ne peut baser son action sur ces opinions qui restent personnelles. Et dont acte, Mgr. Lefebvre a rejeté tout sédévacantisme.
Cela ne doit pas faire croire qu’il n’y a pas de problème : il y a un problème, et les sédévacantistes en abusent pour faire avancer le doute et leurs erreurs.
D’où la position réaliste et pratique, et guidée par la providence de Mgr. Lefebvre, inspirée par une espérance surnaturelle :
« Les convulsions actuelles passeront, comme toutes les hérésies ont passé. Il faudra bien revenir un jour à la Tradition : dans l’autorité du pontife romain, il faudra qu’apparaissent à nouveau les pouvoirs signifiés par la tiare, qu’un tribunal protecteur de la foi et des mœurs siège à nouveau en permanence, que les évêques retrouvent leurs pouvoirs et leur initiative personnelle. »24
III. Vive le Pape quand même !
1. D’un mal sort des biens : saine obéissance
Toute cette crise a du bon : elle nous permet de revenir de certains abus sur la pratique du pouvoir et du droit.
L’obéissance ne doit être ni abusée en excès ou en défaut : ni obéissance aveugle ni rébellion.
Les rebelles sont les sédévacantistes, puisqu’un rebelle vient nier l’existence même de l’autorité et cherche sa destruction, pour faire un coup d’état.
Les « conciliaires » cherchent plus ou moins, et par beaucoup de circonvolutions, à tout sauver chez les papes post-conciliaires et dans le concile, même contre le bon sens.
Seule la FSSPX tient le juste milieu : elle résiste par obéissance et fidélité, pour que notre Saint-Père se réapproprie toute sa charge, en priant pour lui, et en obéissant à tout ce qui est catholique. Sans compromis, sans amertume, avec tranquillité, la tranquillité de savoir que nous ne sommes que des instruments, et des continuateurs. La tranquillité, malgré les épreuves de la Croix, car on sait qu’elle aboutit au salut. La tranquillité de savoir que nous servons le Pape et l’Église en étant à contre-temps, par nécessité, et en espérant que cela se finira vite.
Comme disait Mgr. Fellay lors de son supériorat au National Catholic register :
« Certains se demandent si vous voyez l’ironie qu’il y a de l’avoir expulsé pour désobéissance, puisque vous-même êtes critiqué pour votre désobéissance à l’égard de Rome ?
Nous affirmons justement que nous ne sommes pas désobéissants. Je dis que nous maintenons le principe de l’obéissance comme nécessaire, et donc sur tout ce que le pape demande de catholique – en accord avec ce que l’Église a toujours demandé et fait – nous nous inclinons et nous suivons. Nous ne sommes pas, par principe, désobéissants. L’obéissance est un principe catholique très profond. »25
Pour comprendre ces enjeux, il faut refaire de l’histoire. Voyez par exemple ce bon résumé de Mgr. Fellay26 :
« Nous, nous continuons, c’est très simple, nous continuons comme nous sommes. Cela durera le temps que cela durera. Le Bon Dieu permet cette épreuve ; nous, elle nous semble longue ; mais c’est le secret du Bon Dieu. On espère tous les jours la fin de l’épreuve ; un jour cela viendra, mais je pense qu’on sera surpris par la manière qu’utilisera le Bon Dieu. Je ne sais pas laquelle, je n’ai aucune idée. Quand vous essayez d’imaginer, vous avez toutes les possibilités ! Cataclysme, guerre mondiale, persécution par les musulmans, révolte à l’intérieur de l’Église pas nécessairement de notre côté mais du côté des modernes, …, je n’en sais rien. Nous verrons bien.
Mais vouloir à présent projeter, décider comment les choses vont s’arranger, je n’en sais rien.
Nous laissons cela dans les mains du Bon Dieu ; ce n’est pas notre affaire ; notre affaire c’est de faire notre devoir d’état. Ça, oui ! Quand nous nous présenterons devant le Bon Dieu à la fin de notre vie, Il ne nous demandera pas « alors, il était pape ou pas ? », mais « qu’as-tu fait de tes journées ? qu’as-tu fait des grâces que je t’ai données ? » ; c’est de cela que nous devrons répondre et pas de vouloir se mêler de résoudre tous les problèmes de l’humanité. Ceux qui sont de notre niveau, oui bien sûr, et cela suffit. »
2. Hiérarchie des lois contre positivisme juridique
Dans la même veine et très rapidement, toute cette crise permet de comprendre en pratique combien le positivisme juridique est dangereux et révolutionnaire (ou encore l’autoritarisme ou le volontarisme, qui reviennent au même en rendant absolu les décrets d’une volonté souveraine, qu’elle soit populaire ou papale, sans référence au seul souverain de l’univers, Dieu).
Combien la hiérarchie des lois, la coutume, la jurisprudence et la tradition sont importantes.
Un exemple : le code de droit canonique de 1917 a un aspect révolutionnaire, celui d’exister. La « codification » est un processus issu de la révolution, loin des anciennes sommes de lois, qui n’étaient appliquées que dans le concret de la jurisprudence et du cas par cas.
Évidemment le code de 1917 garde une intention traditionnelle, et ne se veut pas aussi absolue qu’un code civil ou que des lois positives des États-nations.
3. Le pape est pape
De la même façon le Pape est pape, même s’il est mauvais pape, même s’il abuse de son autorité, même s’il nous persécute.
Comme un père reste père même s’il bat ses enfants.
Et comme le roi est roi, en France.
Qu’un pape puisse errer c’est un fait, une réalité indéniable et que nous vivons trop tous les jours.
Et alors ?
Ni puritanisme, ni jansénisme : les hommes sont défectueux et pécheurs, c’est normal.
Il suffit de revenir à des pratiques traditionnelles, aussi dans la gestion politique, et peut-être que le nouveau pape sera sous cet aspect meilleur.
Conclusion :
Les attaques contre la FSSPX ne sont pas justes : elles cherchent à accuser une congrégation très catholique, catholique intégralement afin d’éviter de voir la crise massive de l’Église dans notre monde contemporain.
La FSSPX ne souhaite que la restauration intégrale du règne du Christ dans l’Église et dans le monde « omnia instaurare in Christo ».
Que nous réserve l’avenir ?
Personne ne le sait si ce n’est Dieu.
Mais il semble bien que dans tous les cas la FSSPX est comme le signe manifeste de cette crise de l’Église (et non pas sa cause), et que le jour où la FSSPX aura ses mérites reconnus par l’Église, et sa place canonique parmi les autres congrégations, avec une réintégration éclatante et sans condition, sans changement aucun sur le fond de la part de la FSSPX alors cela sera le signe que la crise de l’Église est en grande voie de résolution.
En attendant, nous protégeons nos âmes, celles de nos familles, en fuyant les occasions de perte de foi et les mauvais enseignements répandus partout au sein des églises catholiques dans le monde.
Alors reprenons les questions de Matthieu Lavagna, qui, espérons-le, commence à réfléchir aux réponses sérieuses que Mgr. Lefebvre apporte, et qu’il réfléchisse à justement pourquoi la FSSPX reste fidèle si ce n’est que les intentions qu’on lui prête sur son schisme ou autre sont faux :
Question pour la FSSPX : pourquoi rester en communion avec une Église apostate dirigée par un antichrist ?
Car c’est l’Église du Christ tout simplement, et le pape reste le pape, même antichrist, même apostat.
Comment un légitime successeur de Pierre pourrait-il être un antichrist et un apostat ?
Comme dit Jésus lui-même n’a-t-il pas dit à Pierre, le premier Pape : « Mais Jésus, Se retournant, dit à Pierre : Va-t’en derrière Moi, Satan ; tu m’es un sujet de scandale, car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes. Alors Jésus dit à Ses disciples : Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il Me suive.» Mt 16, 23-24. Cela manifeste bien que tout pape qu’il puisse être, même Pierre, et même à son corps défendant, peut faire œuvre de Satan… Il a d’ailleurs renié pendant la Passion, mais il s’est repenti ! Et Judas, le pauvre, a trahi et s’est perdu dans sa trahison, et pourtant il était apôtre. Le mystère du mal ne doit pas nous faire peur.
Cela ne s’oppose-t-il pas aux paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a promis que les portes de l’enfer ne prévaudraient pas contre l’Église et que saint Pierre est le roc inébranlable sur lequel l’Église est fondée ?
Pas le moins du monde, puisque comme indiqué dans la réponse précédente, Jésus a prédit de telles tribulations. Les portes de l’enfer n’ont pas prévalu puisque l’Église et le Pape sont toujours là, comme elles n’avaient pas prévalu quand il a pu y avoir deux ou trois papes en même temps (sans que personne sur le moment ne puisse dire qui était le pape, et avec des excommunications croisées dans tous les sens).
Matthieu Lavagna, de bonne foi, devrait trouver de lui-même les réponses à ses questions, et comprendre que les diverses objections auxquelles nous n’aurions pas pu répondre et qu’il veut apporter ne sont pas fondées, ou au contraire manifestent, sans qu’il s’en rende compte, la profondeur de la crise actuelle, et de l’impossibilité de pouvoir avec notre petite raison mettre tout dans des catégories, faire du blanc ou du noir.
Il ne faut pas confondre la perfection logique du dogme catholique et de sa théologie, avec son application concrète par la vertu surnaturelle de prudence dans la réalité, ce qui semble être fondamentalement l’erreur commise par Matthieu Lavagna dans ses interventions.
3Trouvable en libre service sur Articles SDT (Liste) | Le Sel de la terre , en cherchant Gaudron
11Dont nous tairons le non pour sa tranquillité.
13Tout cela est du vécu.
14Lire ici les différents articles du déroulé de l’épisode.
Il y a 30 ans, l’opération survie de la Tradition : l’histoire des sacres (1) | FSSPX Actualités
Il y a 30 ans, l’opération survie de la Tradition : l’histoire des sacres (2) | FSSPX Actualités
Soit dit en passant Mgr de Castro Meyer, associé à l’opération, n’a pas été suspens a divinis, alors qu’il faisait dans son diocèse la même chose que Mgr Lefebvre dans la FSSPX… La différence ? Pour Mgr de Castro Meyer, il suffisait d’attendre qu’il arrive à la retraite pour que son œuvre ne continue pas.
15Décret pour la levée de l’excommunication de quatre évêques de la Fraternité Saint Pie x, 21 janvier 2009
17La première messe dite en 1978 a été demandée par une famille catholique japonaise, toujours pilier de l’apostolat en Japon dans le Kansai.
18Pêle-mêle, Assise de 1986, Pachamama, changement de catéchisme, Amoris laetitia, Fiducia Supplicans, Tradtiones Custodes, etc, etc.
19Pour toutes ces questions se reférer avec grand profit à l’ouvrage synthétique de Roberto de Mattei, Le Vicaire du Christ, Éditions le Drapeau Blanc, 2016. En particulier le ch.II sur ce sujet de l’indéfectibilité.
Voir encore dans la même veine Mgr Schneider, Fuyez l’hérésie, Contretemps, 2025, les questions sur l’indéfectibilité et l’obéissance du pape. pp.98, 160 et 161.
20Et Jésus lui-même n’a-t-il pas dit à Pierre, le premier Pape : « Mais Jésus, Se retournant, dit à Pierre : Va-t’en derrière Moi, Satan ; tu m’es un sujet de scandale, car tu n’as pas le goût des choses de Dieu, mais des choses des hommes. Alors Jésus dit à Ses disciples : Si quelqu’un veut venir après Moi, qu’il renonce à lui-même, et qu’il porte sa croix, et qu’il Me suive.» Mt 16, 23-24. Cela manifeste bien que tout pape qu’il puisse être, même Pierre, et même à son corps défendant, peut faire œuvre de Satan…
23Nous renvoyons à la brochure Dominicus sur le sujet, tout à fait bien faite.
Le sédévacantisme, solution ou diversion ? | Le Sel de la terre
Et encore :