Chretienté/christianophobie

Sermon sur la Petite Voie de Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus (100ème anniversaire de sa canonisation)

Introduction

Le 17 mai 1925, Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus était canonisée par le Pape Pie XI. Ce 17 mai 2025 nous célébrons donc le 100ème anniversaire de cette canonisation. Le Pape St. Pie X considérait Ste. Thérèse comme la plus grande sainte des temps modernes. Le Pape Pie XI l’appelait l’Étoile de son pontificat. En plus de canoniser Ste. Thérèse, le Pape Pie XI la proclama le 14 décembre 1927 comme la Sainte Patronne de toutes les missions et de tous les missionnaires, à l’égal de St. François Xavier.

À l’occasion de ce 100ème anniversaire, je voudrais vous rappeler l’essentiel de la doctrine de Ste. Thérèse pour devenir des saints, ce qu’on appelle couramment « la Petite Voie » de Sainte Thérèse.

1. Analogie de l’enfant au pied d’un escalier

Pour expliquer sa Petite Voie à une novice, Ste. Thérèse a utilisé un jour une analogie. Imaginez au pied d’un escalier un tout petit enfant qui commence à se tenir debout, mais ne sait pas encore marcher. Voulant absolument atteindre le haut d’un escalier pour retrouver son papa, il lève son petit pied afin de monter la première marche. Peine inutile ! Il retombe toujours sans pouvoir avancer, sans pouvoir grimper même la première marche… Du haut de cet escalier, le papa le regarde avec amour. Bientôt, vaincu par les efforts inutiles de son enfant, il descend lui-même, et prenant son petit enfant dans ses bras, l’emporte en haut des escaliers. Et pendant que le papa monte l’escalier, le petit tout heureux dans les bras de son père, se serre contre lui, lui donne des baisers et des caresses. (Cf : CSM 84-85 Conseil à Sr. Marie de la Trinité)

Ce petit enfant incapable de marcher, c’est chacun de nous. Ce papa au haut de l’escalier et qui aime tendrement son enfant, c’est le Bon Dieu au Ciel. Cet escalier à gravir, c’est la sainteté à développer dans notre âme pour être admis le Ciel.

Dans cette analogie, il y a quatre points fondamentaux qui définissent ce que nous devons faire pour aller au Ciel : le premier point, c’est l’enfant qui se sent incapable de monter les marches ; le deuxième point, c’est l’enfant qui essaie avec persévérance de monter la première marche et qui appelle son papa en tendant les bras vers lui; le troisième point, c’est le papa qui vient chercher son petit enfant, le prend dans ses bras et l’emporte en haut des escaliers ; le quatrième point, c’est l’enfant qui comble son père de caresses pour le réjouir.

Voyons maintenant la signification essentielle de chacun de ces points.

2. L’enfant incapable de monter l’escalier

Dieu nous a créés pour une destination surnaturelle, c’est-à-dire qui dépasse nos forces humaines naturelles. Cette destination, c’est le Ciel, c’est partager la Vie Divine, c’est entrer dans l’amour merveilleux qui unit les Trois Personnes de la Sainte Trinité Père, Fils et Saint-Esprit. Nous ne entrer dans cette Vie par nous-mêmes. Seul Dieu peut nous y inviter et nous donner la capacité surnaturelle d’y entrer.

D’autre part depuis le péché originel, nous sommes blessés dans nos facultés. Nous sommes enclins à l’erreur, à choisir ce qui est mal ; nous sommes lâches pour faire le bien et attirés de façon désordonnée vers les plaisirs des sens ; nous sommes pleins d’amour désordonné de nous-mêmes. Cet état de faiblesse nous fait tomber dans de nombreux péchés et donc rend encore plus impossible pour nous la possibilité d’atteindre le Ciel par nous-mêmes.

Au final, nous sommes comme le petit enfant qui tient à peine debout et qui est incapable de monter ne serait-ce que la première marche de l’escalier. Nous voulons aller au Ciel, mais nous sommes absolument incapables d’y aller. Malgré tous nos efforts pour bien faire, nous retombons encore et encore dans des péchés.

L’œuvre de notre sanctification est d’abord et avant tout l’œuvre de Dieu en nous. C’est Dieu qui par Notre-Seigneur Jésus Christ implante dans notre âme l’Amour Divin ; c’est Dieu qui nous délivre de notre volonté propre et nous apprend à L’aimer par-dessus tout ; c’est Dieu qui nous délivre de notre égoïsme et nous apprend à aimer notre prochain comme nous-mêmes.

Il ne faut pas nous étonner de nos faiblesses, il ne faut pas nous mettre en colère contre nous-mêmes, ou nous décourager. Tout cela vient de notre orgueil et d’une prétention secrète d’atteindre la sainteté par nos propres forces. Pour devenir un saint, il faut être humble, il faut consentir à n’être rien de plus qu’un petit enfant incapable de faire quoi que ce soit par lui-même. Il faut consentir à dépendre entièrement de Dieu.

3. L’enfant qui lève son pied et tend les bras vers son père

L’œuvre de notre sanctification est l’œuvre de Dieu en nous d’abord et avant tout. Est-ce que cela veut dire que nous n’avons rien à faire ? Certainement pas. Dieu ne nous emmènera pas au Ciel contre notre volonté. Nous devons donc Lui montrer notre désir sincère d’y aller. Comme le petit enfant exprime son désir d’être avec son papa en tendant ses bras vers lui, de même nous devons exprimer notre désir d’être avec Dieu par nos prières de désirs. Comme le petit enfant exprime son désir de monter l’escalier en levant sans cesse son petit pied, de même nous exprimons notre désir de sainteté en nous efforçant de toujours obéir aux Commandements de Dieu, sans jamais nous décourager à cause de nos défaillances. Dieu ne nous demande pas tant des résultats que des efforts sincères et persévérants. Ste. Thérèse écrivait : « Qu’importe, mon Jésus si je tombe à chaque instant, je vois par là ma faiblesse et c’est pour moi un grand gain… Vous voyez par là ce que je puis faire et maintenant vous serez plus tenté de me porter en vos bras. » (Lettre 89).

Le désir du petit enfant de monter l’escalier va avec la confiance absolue que son Papa va venir le chercher. Car il sait que son papa l’aime. Il en va de même pour nous. Notre désir d’aller au Ciel doit s’accompagner d’une confiance absolue en l’amour miséricordieux de Dieu. Dieu nous aime, c’est-à-dire qu’Il nous veut du bien. Mais son amour est miséricordieux, c’est-à-dire que Dieu est surtout attiré à faire du bien à ceux qui sont dans la misère. Plus quelqu’un est petit, faible et misérable, plus il est susceptible d’attirer sur lui l’amour et les bienfaits de Dieu. Pourquoi cela ? Parce que Dieu peut alors manifester davantage son infinie bonté, sa puissance.

Pour devenir un saint, il faut avoir une confiance absolue en l’amour miséricordieux de Dieu. Toute la vie de Jésus sur terre prouve à l’excès la réalité de cet amour miséricordieux de Dieu.

4. L’enfant se laisse prendre par son père

Si un papa ou une maman digne de ce nom ne peut résister à prendre dans ses bras son enfant qui lui tend les bras en l’appelant, à plus forte raison le Bon Dieu, notre Père du Ciel, ne le peut. Jésus disait : « Si, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les Cieux donnera-t-Il ce qui est bon à ceux qui le Lui demandent ! » (Mt 7;11). C’est le désir de Dieu que nous soyons Saints, que nous allions au Ciel. Quand donc Il voit en nous un désir sincère et ardent de l’aimer, quand Il voit nos efforts pour Lui plaire, Il réalise son œuvre de sanctification dans notre âme.

Cette œuvre consiste essentiellement à détruire notre amour propre pour faire place à l’amour de Dieu ; à soumettre notre volonté propre entièrement à la volonté de Dieu. Et le moyen principal et nécessaire pour y arriver, c’est la souffrance. Souffrir et continuer à aimer, c’est aimer plus que soi, c’est aimer parfaitement. Ste. Thérèse dit de Notre-Seigneur Jésus : « Il en coûte à Jésus de nous abreuver de tristesses, mais Il sait que c’est l’unique moyen de nous préparer à Le connaître et à devenir des dieux nous-mêmes. » (Lettre 57). La souffrance nous rend humble en nous faisant expérimenter notre petitesse et faiblesse ; la souffrance nous détache de l’amour des biens de ce monde et nous tourne vers les biens spirituels ; la souffrance brise notre volonté propre et nous rend docile à la volonté de Dieu ; la souffrance nous rend plus compatissants envers les autres. En résumé, la souffrance ouvre la voie à la charité et ainsi permet l’éclosion d’un fruit de la charité qui est la joie spirituelle. C’est mystérieux, mais c’est bien réel : la souffrance devient alors une cause de joie. Ainsi Ste. Thérèse écrivait : « Je ne trouve qu’une joie, celle de souffrir pour Jésus, mais cette joie non sentie est au-dessus de toute joie ! » (Lettre 85).

Dieu qui nous aime, sait exactement ce qu’il faut dans nos vies, de joies, de souffrances, et d’évènements pour nous amener au degré de sainteté qu’Il a prévu pour nous. C’est pourquoi, pour devenir un saint il faut se laisser prendre, emporter par le Bon Dieu, c’est-à-dire s’abandonner à la sa Volonté, tout accepter de sa part dans une Foi totale en sa sagesse, puissance et bonté.

5. L’enfant comble de caresses son père

Mais ce n’est pas tout. Comme le petit enfant passe ses bras autour du cou de son père, l’embrasse et le caresse pour lui montrer combien il est heureux qu’il soit venu le chercher pour monter l’escalier, de même nous devons montrer notre tendresse au Bon Dieu pendant qu’Il réalise en nous son œuvre de sanctification. Comment cela ? En étant contents dans notre cœur de tout ce que le Bon Dieu fait et permet dans notre vie. Ste. Thérèse disait dans les terribles souffrances de sa maladie : « Je suis contente de tout ce que le bon Dieu fait, je ne désire que sa volonté. » (CJ 1897-06-10).

Plus que cela, nous devons pour ainsi dire encourager le Bon Dieu à faire et continuer son œuvre de sanctification en nous, en Le comblant de caresses, même quand nous sommes dans la souffrance et les épreuves. Combler le Bon Dieu de caresses, c’est faire toutes nos actions de tous les jours par amour pour Lui ; c’est remercier Dieu des joies joies petites et grandes qu’Il nous donne ; c’est remercier aussi le Bon Dieu des souffrances et des épreuves de la vie qu’Il permet pour notre sanctification. Ste. Thérèse disait à Jésus ceci : « Je n’ai d’autre moyen de Te prouver mon amour que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les plus petites choses et de les faire par amour… » (MsB 4r).

Combler le Bon Dieu de caresses, c’est faire diligemment toutes sortes d’œuvres de miséricorde envers les autres, car Jésus a dit : « En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait. » (Mt 25;40).

Conclusion :

Chers Fidèles, la « Petite Voie » de la sainteté de Sainte Thérèse se résume en ceci: humilité en acceptant notre faiblesse ; confiance inébranlable en l’amour miséricordieux de Dieu ; abandon paisible à la Volonté Divine ; et réjouir le Bon Dieu en faisant tout pour son amour.

Par cette Petite Voie accessible à tout le monde sans exception, Notre-Seigneur Jésus et Marie conduisent les âmes aux plus haut sommets de la sainteté. Suivons cette Petite Voie très sûre si nous voulons aller au Ciel.

Pour finir, je vous rappelle ces paroles de Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus peu avant sa mort : « Quand je serai au Ciel, il faudra souvent remplir mes petites mains de prières et de sacrifices pour me donner le plaisir de les jeter en pluie de grâces sur les âmes. » En ce 100ème anniversaire de sa canonisation, faisons plaisir à Ste. Thérèse, présentons-lui beaucoup de prières et de sacrifices.

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