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Sermon sur la grâce

Dans l’Évangile, Notre-Seigneur Jésus ouvre les oreilles et délie la langue d’un sourd-muet. Cette guérison du corps est une image de la guérison de l’âme. Jésus la rend capable d’entendre l’appel d’amour de Dieu et d’y répondre. Dans l’Épître, Saint Paul parle de l’action de Dieu en Lui : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et Sa grâce n’a point été stérile en moi » (I Cor 15 ;10). Aujourd’hui, je vous parlerai donc de la grâce et, surtout, de la grâce actuelle.

La grâce

Le but de notre vie, c’est de partager la vie et le bonheur de Dieu pour toujours. Ce partage de la vie divine, nous l’appelons la vie surnaturelle car c’est une vie qui est au-dessus de notre nature humaine. Par notre volonté propre et nos propres forces, nous ne pouvons l’atteindre. La vie surnaturelle ne peut s’atteindre que par des moyens surnaturels, car tout moyen doit être adapté à la fin. Le moyen dont Dieu se sert pour greffer la vie divine sur notre vie humaine et nous préparer à la gloire du Ciel, s’appelle la grâce.

Qu’est-ce que la grâce ? La grâce est d’abord un don surnaturel, car Dieu n’a aucune obligation de la donner. La grâce est ensuite un don que Dieu seul peut nous accorder, car Dieu seul peut nous donner le moyen de partager Sa propre vie. Enfin, la grâce est un don que Dieu ne nous accorde qu’en raison des mérites de Notre-Seigneur Jésus Christ. Quand Dieu créa Adam et Ève, Il leur donna la grâce mais ils la perdirent par le péché originel. Depuis ce temps-là, c’est uniquement en raison des mérites du Sauveur que nous obtenons la grâce. C’est pourquoi l’Église finit toujours ses prières en disant : « Per Dominum nostrum Jesus Christum », « Par Notre-Seigneur Jésus-Christ ».

Il y a deux sortes de grâces : la grâce sanctifiante et la grâce actuelle. La grâce sanctifiante réside dans notre âme tant que nous ne la détruisons pas par un péché mortel. La grâce sanctifiante nous met dans un état d’amitié avec Dieu, fait que les Trois Personnes Divines habitent dans notre âme. La grâce actuelle est au contraire un secours passager pour nous aider à poser des actes bons qui conduisent à la vie éternelle. Quand Saint Paul dit dans l’Épître que « c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce n’a point été stérile en moi » (I Cor 15 ;10), il parle de la grâce actuelle.

La nécessité de la grâce actuelle

La grâce actuelle nous est très nécessaire. Elle nous est nécessaire pour nous tourner vers Jésus notre Sauveur avec amour. Ainsi Notre-Seigneur a dit : « Personne ne peut venir à moi, si mon Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6 ;44). Elle nous est nécessaire pour accomplir des bonnes œuvres qui méritent le Ciel. Ainsi Jésus a dit :

« Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure uni à la vigne, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit, car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15 ;4-5).

La grâce actuelle nous est nécessaire pour conserver longtemps la grâce sanctifiante. Notre-Seigneur nous dit : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation. » (Mat 26 ; 41). Et Saint Paul dit :

« Le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair ; le vouloir est à ma portée, mais non le pouvoir de l’accomplir. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas… Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? La grâce de Dieu par Notre-Seigneur. » (Rom 7 ; 18-24).

Enfin au moment de la mort, nous avons besoin d’une grâce actuelle très spéciale et très importante, que nous appelons la grâce de la persévérance finale. Cette consiste dans la coïncidence de la mort avec l’état de grâce. Quelqu’un qui vit en état de grâce peut tomber dans le péché mortel, et la mort peut survenir à ce moment-là. Si donc Dieu fait venir notre mort quand nous sommes en état de grâce, et non pas quand nous sommes en état de péché mortel, c’est une grâce actuelle. C’est la grâce finale qui nous ouvre concrètement le Ciel. Cette grâce est si importante que nous la demandons à la Sainte Vierge à chaque Je vous Salue Marie : « Priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ».

Posons-nous cette question : est-ce que qu’un homme sans la grâce sanctifiante et sans la grâce actuelle peut connaître des vérités ? Oui, mais seulement des vérités naturelles, c’est-à-dire qui concernent l’univers créé. Par exemple, un païen peut découvrir des lois mathématiques ou biologiques sans la grâce de Dieu. Mais il ne peut avoir la Foi sans l’aide de la grâce.

Posons-nous aussi cette question : est-ce qu’un homme peut sans la grâce sanctifiante et sans la grâce actuelle faire de bonnes actions ? Oui, mais ses actions n’ont aucune valeur pour le salut éternel. Ainsi par exemple, un païen peut donner une aumône à un pauvre, mais par cette action il n’acquiert aucun mérite pour le Ciel.

La distribution de la grâce actuelle

Il est impossible d’aller au Ciel sans recevoir des grâces actuelles de Dieu. Or comme le dit St Paul, « Dieu veut le salut de tous les hommes » (I Tim 2 ;4). Donc Dieu donne à tous les hommes des grâces actuelles suffisantes pour qu’ils fassent leur salut éternel. Tous sans exception.

À ceux qui sont en état de grâce, Dieu donne des grâces suffisantes pour accomplir tous les Commandements de Dieu et de l’Église. C’est ce que dit Saint Paul :

« Dieu est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces, mais il vous fera tirer avantage de la tentation, afin que vous puissiez persévérer. » (I Cor. 10 ;13).

Aux pécheurs en état de péché mortel, Dieu donne des grâces suffisantes pour qu’ils puissent faire pénitence. C’est Dieu Lui-même qui le dit par le prophète Ézéchiel :

« Je ne veux point la mort de l’impie, mais qu’il se convertisse de sa mauvaise voie et qu’il vive. Convertissez-vous, convertissez- vous, quittez vos voies corrompues… En quelque jour que l’impie se convertisse, son impiété ne lui nuira point.» (Ézéchiel 23 ;11-12).

Aux infidèles, juifs, païens, hérétiques et schismatiques, Dieu donne des grâces suffisantes pour le salut. Saint Thomas d’Aquin dit ceci :

« Si quelqu’un, étant élevé dans les forêts parmi les brutes, suivait ce qu’il connaît de la loi naturelle, en cherchant le bien et en évitant le mal, on doit croire comme une chose très certaine, ou que Dieu lui ferait connaître, par une inspiration intérieure, les choses nécessaires à croire, ou qu’il lui enverrait quelque prédicateur de la foi, comme il envoya Pierre à Corneille ».

Enfin, il faut dire que même aux enfants qui meurent sans le Baptême, Dieu avait préparé tous les moyens de salut. Si ces enfants n’ont pas obtenu ces moyens, c’est en raison de causes naturelles que Dieu n’est pas tenu d’empêcher les effets par des miracles.

Conclusion

Chers lecteurs, Dieu nous donne toujours les grâces suffisantes pour faire le bien et résister aux tentations. Si nous faillons, c’est de notre faute : ou bien nous avons négligé de demander ces grâces, ou bien nous les avons rejetées par paresse ou mauvaise volonté. Veillons donc à demander ces grâces au moment de la prière du matin, avant de commencer une activité, dans les tentations, avant de prendre une décision.

Veillons aussi à bien suivre les bonnes inspirations que Dieu nous envoie. C’est par la fidélité à ces grâces que nous progressons dans la sainteté.

Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon

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