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Le Roi n’est pas bonasse, car Dieu n’est pas bonasse : justice et miséricorde

Chesterton a bien vu que le mal spécifiquement moderne se trouve dans la falsification du message chrétien par l’évacuation de Jésus, de sa souffrance, de sa justice et de sa miséricorde. Il parle avec justesse des idées chrétiennes devenues folles, et portées par des apostats d’autant plus virulents qu’ils sont haineux du Christ voire sectateur du « singe du Christ ».

Ce processus correspond encore à une re-paganisation de la société, qui perd de vue la vérité donnée par le Christ, révélée dans l’Ancien Testament, et dont témoigne toute l’histoire, toute la Création et notre nature elle-même.

Les idées chrétiennes devenues folles sont, à le dire de façon moins provocante, les idées humaines inscrites par Dieu dans notre nature mais abîmées par le péché originel, désordonnée et incontrôlables.

La mièvrerie philanthropique et l’humanitarisme oppressant s’allient d’autant mieux avec une cruauté froide des institutions et des systèmes, le déchaînement des passions et la dureté des cœurs qu’ils ne sont contradictoires que de façade. Les antiques, ou encore le Japon païen manifestent aussi ce curieux mélange de « gentillesse » humaine et de dureté terrible des cœurs. Est-ce contradictoire ? Non, car tout cela, au fond, s’explique par l’oubli de Dieu. Ce qui signifie un humano-centrisme pratique et donc un orgueil érigé en règle, mais mâtiné par la terreur que suscite en pratique les débordements de la nature humaine blessée et inexorablement dangereuse, toujours prête à se salir dans le péché répété.

Ainsi, les païens, autrefois comme aujourd’hui, que ce soit la Rome antique, le Japon ancien et contemporain, ou les sociétés modernes déchristianisés se retrouvent dans ce mélange de terreur philanthropique de façade, où chacun se cache derrière un masque de respectabilité, tout autant vaine que superficielle.

Il suffit de regarder comment sont traités les faibles et les petits, les déshérités et les esseulés pour se rendre compte du fossé d’une société déchue, et d’une société restaurée dans la grâce du Christ. Là, ils sont ignorés, exclus, considérés comme du rien, que l’on fait taire à coups de subventions et de passe-temps au mieux inutiles, au pire dégradant (« le pain et les jeux »). Là, quand ils ne représentent même pas une menace (le rapport de force marxiste) ils peuvent mourir tranquillement dans leur coin ; là ils peuvent devenir des sortes d’esclaves, car même le petit et le faible, s’ils deviennent des instruments, peuvent toujours servir à quelque chose. Là les bébés et les vieillards grabataires ne font pas de vieux os et peuvent être supprimés sur commande de façon légale, et ces actes barbares sont même moralement justifiés…

Dans une société chrétienne, en revanche, les faibles et les petits ( matériellement, mais surtout spirituellement) sont l’objet de véritables soins charitables par tous les bons chrétiens : on ne compte plus les œuvres de miséricorde des nombreux ordres monastiques et des clercs, mais aussi de toute cette charité des chrétiens envers leur prochain.

C’est le geste, le sourire, l’acte, gratuit et inutile, qui vient soulager le malheureux sans lui demander aucun retour, si ce n’est l’amour de Dieu.

Celui qui n’a rien en terre païenne ne peut que se vendre et devenir esclave pour obtenir quelque chose. Le même en terre chrétienne est chéri charitablement sans demande de retour, mais sans « bonasserie » qui irait contre la justice non plus.

L’abus n’est pas admis, et le laxisme n’est pas chrétien. Simplement il y a gradation : correction fraternelle, avertissement, bienveillance et justice charitable qui ne cherche pas la vengeance mais la gloire de Dieu et le bien du prochain, comme du bien commun.

Il faut ainsi se remettre sous la main du roi des Rois, c’est la seule chose de raisonnable et de censée car :

« Dieu dès le commencement a créé l’homme, et Il l’a laissé dans la main de son propre conseil. Il lui a donné de plus Ses commandements et Ses préceptes. Si tu veux observer les commandements, Ils te garderont, et tu conserveras à jamais la fidélité qui plaît à Dieu. » (Eccl. 15, 14-16)

L’homme est libre certes, car pour aimer il faut choisir, et comme Dieu est amour, il nous laisse libre pour que nous puissions l’aimer. Mais nous sommes aussi dépendants et nous aurons la monnaie de notre pièce, c’est normal, c’est juste, c’est en fait évident.

« Devant l’homme sont la vie et la mort, le bien et le mal: ce quil aura choisi lui sera donné » (Eccl. 15, 18)

Si nous choisissons l’enfer, le mal, le diable, nous irons le retrouver après la mort, mais si nous choisissons Dieu, nous irons aussi le retrouver.

Dieu n’est pas  »bonasse », sa justice est bonne, et le glorifie.

Tout cela est révélé depuis la sagesse de l’Ancien Testament, confirmé et affermi par N.-S. Jésus-Christ :

« Un seul raidit-il le cou, ce serait merveille s’il restait impuni. Car du Seigneur viennent la miséricorde et la colère ; puissant en pardon, il déchaîne aussi sa colère. Autant est grande sa miséricorde, autant le sont ses châtiments ; il jugera l’homme selon ses œuvres. Le pécheur n’échappera pas avec ses rapines, et il ne retardera pas l’attente de l’homme pieux. Il donnera carrière à toute sa miséricorde, et chacun recevra selon ses œuvres. » (Eccl. 16, 11-14)

L’homme aveuglé par le péché, encrassé par l’ignorance, faible et hagard, peut faire semblant de croire qu’il ne sera jamais jugé, comme si ce monde éphémère était déjà éternel La modernité fait cela : elle veut faire croire que le paradis est terrestre…

Mais la sagesse de Dieu nous prévient avec clarté :

« Ne dis pas : « Je me déroberai au regard du Seigneur, et de là-haut qui donc pensera à moi ? Au milieu de la foule je serai oublié, et que suis-je au sein de l’immense création ? »  » (Eccl. 16, 15)

Pauvre homme fou qui croit que la miséricorde divine qui retarde le châtiment pourrait justifier son impunité ! Pauvre homme arrogant et donc « crassement » ignorant, qui refuse de voir la réalité de Dieu présente partout autour de lui, qui refuse de lire les signes lourds de menace sur l’orage qui vient s’il ne se convertit pas !

« Mais le cœur de l’homme ne réfléchit pas à cela, et quel est celui qui étudie ses voies ? La tempête échappe à l’œil de l’homme : et la plupart des œuvres de Dieu sont cachées. « Qui nous dira les œuvres de sa justice et qui les attendra ? Elle est si loin l’alliance du châtiment ! » Ainsi pense l’homme sans intelligence ; l’insensé qui s’égare n’imagine que folies. » (Eccl. 16, 19-22)

Ainsi, le roi très chrétien, lieutenant de Dieu sur terre, servant de Jésus-Christ, s’efforce de craindre le Seigneur et de répandre son ordre sur la terre, en étant le ministre plénipotentiaire de sa justice sur terre, toujours miséricordieuse.

Libre ministre de Dieu, il choisit de servir l’ordre divin, en acceptant la mission que la naissance lui a donné, fondé sur l’expérience passée, et d’aider ses sujets à vivre vertueusement, en rappelant quand il le faut que le châtiment puisse arriver dès cette terre, mais pour leur bien, et avant qu’il ne soit trop tard pour toutes ces âmes en perdition potentielle.

La Sagesse divine le dit encore, de façon ferme et claire, loin de toute « bonasserie » :

« Mieux vaut mourir sans enfants que d’avoir des fils impies » (Ecc. 16, 3)

Alors travaillons à la restauration intégrale, déjà dans nos familles.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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