La miséricorde divine n’existe que par ce que nous sommes misérables !, par Paul-Raymond du Lac
Apprenons donc à reconnaître et à aimer notre misère.
Le monde contemporain parle souvent de miséricorde sans parler de misère et en oubliant ainsi ce qui rend la miséricorde possible.
Le monde contemporain, oubliant la misère, et parlant d’une miséricorde sans Dieu – l’état Providence et autres avatars de la Big Mother, moloch étatique socialisant – impose en fait une misère artificielle à toute l’humanité, que ce soit par l’imposition d’un esclavage effectif, ou d’une ségrégation clientéliste (au nom des meilleurs sentiments du monde et de la démocratie), ou même parmi « l’élite » qui surnage, tient les rênes et capte le pouvoir pour des intérêts divers mais jamais pour le bien commun – sinon incidemment, quand il s’agit de maintenir l’ordre non pas pour protéger le bien commun (même s’il est protégé le cas échéant), mais pour se maintenir soi-même -, puisque cette élite est certainement la plus triste et la plus misérable, car elle commet des péchés bien plus graves.
Nous sommes heureusement misérables, et faibles, bien plus encore depuis la chute et les péchés de tout les temps, nous pouvons donc profiter de la miséricorde divine.
La création nous donne parfois des images frappantes de cette réalité.
Un chien était à la maison il y a peu, pour la joie des enfants. Une petite mirguette de chihuahua très douce, de quelques kilos. Elle a des gros yeux globuleux qui lui donnent un air idiot, et elle vous lèchent dès que vous lui tendez la main, comme pour vous présenter l’hommage envers son maître : bref c’est un parfait petit esclave soumis et servile, faible et complètement dans la puissance de son maître. Elle se laisserait battre à mort plutôt que de se défendre.
Le chien est ainsi si esclave, si soumis, si misérable à nos yeux d’homme qui avons une intelligence et une volonté, qu’il en est attachant. On ne peut ne pas être attendri, justement à cause de cette misère, à cause de cette infériorité radicale du chien comparé à l’homme. Il faudrait être tout à fait diabolique pour parvenir à haïr cette bête, c’est-à-dire vouloir détester foncièrement et par méchanceté.
Nous devons certainement paraître un peu de cette façon à Dieu, mais aussi aux anges. Nous sommes tellement misérables comparés à Dieu, que nous devons être très « attachants ».
Alors aimons notre faiblesse, car Adam et Ève, qui n’avait pas d’autres faiblesses que celle-là même du caractère limité de leur nature, aspect encore limité par les dons préternaturels : leur responsabilité est bien plus grande, ils n’ont pas péché par faiblesse, mais bien par malice.
Alors oui, aimons la miséricorde divine, mais pour cela il faut reconnaître notre état de misère. Puis l’aimer… Ce n’est pas évident, seul Jésus nous montre comment marcher sur cette voie douloureuse pleine de joie pourtant.
Nos grands rois chrétiens étaient grands car ils avaient une conscience aiguë de leur misère, et du poids phénoménal qui pèse sur leurs épaules du fait de leur autorité, donnée par le bon Dieu malgré leur misère et leur incapacité.
Nos rois chrétiens le savaient, et travaillaient ainsi à développer leur humilité et à s’en remettre dans les mains de Dieu, avec les grâces de l’État donné par le sacre et autres liturgies royales.
Ils pouvaient ainsi imiter le Roi des rois, Jésus-Christ, se rendant volontairement esclave, déjà par l’Incarnation en prenant une nature humaine, mais encore plus par la Croix, le Calvaire et a Passion : là est toute la différence entre chrétienté et monde païen. Et l’histoire de France est au fond le développement de cette chrétienneté, et ce combat perpétuel entre le vieil hommme (le côté païen de la royauté) et le nouvel homme (lieutenant de Dieu sur terre).
Chez les rois païens, si l’ordre reste voulu par Dieu, la misère des grands est niée sous une couche d’orgueil épaisse et crasse, soutenue par la soumission servile du grand nombre, qui les font comme des dieux, et parfois les considèrent comme des dieux.
Ces rois païens, toutefois, par la servilité extrême de leur charge – mariage, liturgie, étiquette, etc ; les rois sont toujours les plus esclaves de tout leur peuple – et la solitude imposée par le pouvoir et l’autorité, sont aussi dans la situation idéale pour se convertir sincèrement quand l’évangile parvient à eux, car ils connaissent les nécessités réelles qu’impliquent leur charge.
Heureux les français dont les rois se sont convertis à Jésus-Christ ! Heureux sommes-nous que Clovis se soit converti !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac