Chretienté/christianophobie

La fête de la Divine Miséricorde « un recours et un refuge pour toutes les âmes »

Le pape Jean-Paul II a institué en l’an 2000 le Dimanche de la Miséricorde à la date du dimanche après Pâques en réponse à la demande du Seigneur à sainte Faustine : « Je désire que la fête de la Miséricorde soit un recours et un refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma Miséricorde ». [PJ 699]. Canonisée le 30 avril 2000 par le pape Jean-Paul II, sa mission ouvre ainsi le troisième millénaire. À son invitation, le dimanche de la Miséricorde est institué officiellement pour toute l’Église en 2001. La miséricorde est restée un axe central du pontificat du pontife polonais, qui, deux ans après l’attentat qui l’avait gravement blessé place Saint-Pierre, était allé jusqu’à visiter en prison son agresseur, le terroriste turc Ali Agça, pour lui offrir son pardon. Une visite, qui avait eu lieu justement dans la prison de Rebibbia, où le Pape François a célébré jeudi soir la messe in Cœna domini, commémorant le dernier repas du Christ.

Préparée par la Neuvaine de la Miséricorde, qui commence le vendredi saint, cette fête se situe dans la lumière de Pâques. Elle est marquée par la foi en Jésus ressuscité, unique Sauveur du monde. L’accent est mis sur le don de la Miséricorde réalisé par Jésus dans son offrande totale lors de sa Passion, et par l’espérance du salut offert à tous. « Dis, ma fille, que la Fête de la Miséricorde a jailli de mes entrailles pour la consolation du monde entier » [PJ 1 517]. Cette fête (qui commence à faire son chemin chez les chrétiens du monde entier) rappelle les deux grands principes de la dévotion à la Divine Miséricorde, avoir confiance en Dieu et faire miséricorde : « C’est la confiance surtout que Dieu demande » S. Curé d’Ars – « Plus la confiance est grande, plus l’âme reçoit. » [PJ 1 578] – « C’est la confiance et rien que la confiance qui conduit à l’amour » S. Thérèse de Lisieux.

Cette fête souligne aussi l’importance du sacerdoce et des prêtres en particulier, qui sont invités à annoncer et proclamer la miséricorde, à exhorter les pécheurs à la confiance en la Miséricorde, et à donner le sacrement de la Réconciliation. « Que celui qui exerce la miséricorde, le fasse en rayonnant de joie ! » (Rm 12, 8). Invitation aussi est faite à chacun de se confesser, de se laisser laver par la Miséricorde : « La miséricorde de Dieu est un torrent débordé, il entraîne tout sur son passage ! » (S. Curé d’Ars). En ce jour, une indulgence plénière est donnée (aux conditions habituelles) à tout fidèle qui se confessera, communiera et participera aux dévotions en l’honneur de la Divine Miséricorde.

La prière devant l’image du Christ miséricordieux trouve également ici sa juste place, tout comme le chapelet de la Miséricorde. Nous apprenons ce jour avec le Curé d’Ars, que nous avons choisi pour guide spirituel ce dimanche 12 avril tout ce que nous voulons vous faire partager sur La Miséricorde, cet amour de Dieu, jailli de son cœur de Père, qui traverse l’histoire des hommes et nous rejoint chacun en particulier, nous qui sommes pauvres et pécheurs. L’Écriture nous révèle que Jésus est vraiment l’incarnation de la Miséricorde, il est la Miséricorde ; par l’offrande de sa Passion, par sa mort et sa résurrection, il nous manifeste l’immensité de son amour et nous sauve.

Benoît XVI en donne une définition  synthétique : « La miséricorde est en réalité le noyau central du message évangélique, c’est le nom même de Dieu, le visage par lequel Il s’est révélé dans l’ancienne Alliance et pleinement en Jésus-Christ, incarnation de l’Amour créateur et rédempteur. Cet amour de miséricorde illumine également le visage de l’Église et se manifeste aussi bien à travers les sacrements, en particulier celui de la réconciliation, qu’à travers les œuvres de charité, communautaires et individuelles » [30 mars 2008]. Jean-Paul II proposait différentes significations au nom de Miséricorde : bonté, bienveillance, fidélité, amour qui se donne comme une nécessité, charité, pardon, douceur, compassion, salut, sainteté et recréation [Dives in Misericordia]. Des livrets sur la Divine Miséricorde permettent de mieux la vivre dans sa vie spirituelle.La miséricorde apparaît dans de nombreuses paraboles : paraboles du bon Samaritain, de l’enfant prodigue, du bon Pasteur… 

Sœur Faustine est à l’origine de la Miséricorde, cet apôtre de Jésus, devenue secrétaire de Notre Seigneur Jésus, à qui Jésus a dit :Je te donne trois moyens pour exercer la miséricorde envers ton prochain : le premier – l’action, le deuxième – la parole, le troisième – la prière. Ces trois degrés renferment la plénitude de la miséricorde, et c’est la preuve irréfutable de l’amour envers moi. De cette manière, l’âme glorifie et honore la Miséricorde » [PJ 742]. Mais qui est Sœur Faustine ?  Helene Kowalska est née en Pologne, à Glogowiec, le 25 août 1905 d’une famille pauvre. Peu instruite, elle entre chez les sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde qui s’occupent de jeunes en difficulté. Elle y reçoit le nom de Sœur Marie-Faustine (ou Sœur Faustine). Le Seigneur Jésus l’invite à répandre la dévotion envers la Miséricorde divine. Il lui fait découvrir les profondeurs de sa Miséricorde pour nous, et lui révèle qu’Il veut attirer à Lui les âmes par la confiance.

Lorsque le 22 février 1931 le Seigneur Jésus apparaît à sainte Faustine dans sa cellule du couvent de Plock (Pologne), Il lui demande de peindre un tableau selon le modèle révélé en vision. C’est ce premier tableau, qui sera le seul connu de S. Faustine (réalisé par E. Kazimirowski en 1934). Jésus avait précisé : « Peins un tableau selon le modèle que tu vois, avec l’inscription : Jésus, j’ai confiance en Toi. Je désire que l’on honore ce tableau, d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier. Je promets que l’âme qui honorera ce tableau ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis d’ici-bas, spécialement à l’heure de la mort. » [PJ 47]. Cette image invite à la confiance et à la prière. Elle nous rappelle que la Passion du Seigneur est source de grâces pour tous, et nous invite à accueillir celles dont le Seigneur veut nous combler. Le Christ nous appelle à vivre toujours plus de sa Miséricorde et à ne jamais désespérer quand l’horizon politique et sociétal paraît de plus en plus désespérément plongé dans les ténèbres.

Les 13 et 14 septembre 1935, le Seigneur Jésus enseigna à Sœur Faustine une nouvelle prière, pouvant être dite sur un chapelet habituel ou mieux le Chapelet de la Miséricorde. Cette prière pour implorer la Miséricorde, fait mémoire du Sacrifice du Christ et nous invite à réparer les outrages et les indifférences dont le Seigneur est offensé, les nôtres et ceux du monde entier. Nous consolons son Cœur, comme Jésus le proposait déjà à sainte Marguerite-Marie. Simple et facile à réciter, cette prière d’intercession convient aussi aux enfants et à toute personne en difficulté.  « Oh! Quelles grandes grâces j’accorderai aux âmes qui diront ce chapelet… » [PJ 848] – « Quiconque le dira accédera à une grande miséricorde à l’heure de sa mort » [PJ 687].

Sœur Faustine mourra de la tuberculose en 1938, à l’âge de 33 ans. Durant ses deux dernières années, elle notera l’ensemble de ses entretiens avec le Christ dans son Petit Journal [signalé PJ]. « Aujourd’hui, Je t’envoie vers toute l’humanité avec Ma miséricorde. Je ne veux pas punir l’humanité endolorie, mais Je désire la guérir en l’étreignant sur Mon cœur miséricordieux […] ; avant le jour de la justice, J’envoie le jour de la miséricorde » [PJ 1 588]. Des milliers de pèlerins de Pologne et du monde entier se rendent à Cracovie pour la cérémonie centrale de la Fête de la Miséricorde divine, le premier dimanche après Pâques. La Fête de Łagiewniki commence par une veillée nocturne et une prière dans le sanctuaire de la Miséricorde Divine, d’où se répand dans le monde le message de Jésus, transmis par l’intermédiaire de Sainte Faustine Kowalska.

Sœur Faustine est à l’origine d’une école nouvelle de spiritualité, fondée sur l’expérience profonde du mystère de la miséricorde de Dieu dont découle une attitude de confiance en Dieu et de miséricorde envers les autres. Grâce à elle existent de nouvelles formes du culte de la Miséricorde divine : la dévotion au tableau du Christ avec l’inscription « Jésus, j’ai confiance en toi », l’institution de la Fête de la Miséricorde divine, le chapelet à la Miséricorde divine et la prière à l’heure de l’agonie du Christ sur la croix, appelée l’Heure de la Miséricorde (15 h).

Pour conclure, le mot “miséricorde” désigne, en hébreu, le cœur profond, les “entrailles” qui frémissent sous le coup de la douleur et de la peine. Qui ne l’a ressentie en apprenant la maladie ou la mort prochaine d’un aimé ? Dans notre vie, Dieu souffre avec nous, il est bouleversé par nos malheurs, nos souffrances et notre condition d’homme pécheur. Dans un grand mouvement d’amour pour nous, Il nous manifeste sa tendresse, nous aide dans nos vies, nous témoigne sa “miséricorde”, nous pardonne nos manquements et nos faiblesses. Dans le Nouveau Testament, Jésus nous invite à faire de même envers nos frères : “Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux”. (Mt 5,48).  Une semaine particulière dans la miséricorde, une semaine particulière dans le partage d’amour et de générosité pour nos frères et sœurs, martyrisés en Irak et ailleurs, une semaine particulière pour nous ressourcer auprès de Jésus et tenter de devenir chaque jour meilleurs, une semaine particulière pour apprendre à gérer son temps et trouver le moyen de prier… Excellente semaine à toutes et à tous dans (l’apprentissage de) la sérénité !

Solange Strimon

Quelques références choisies sur la Miséricorde dans l’Ancien et le Nouveau testament

Dans l’Ancien Testament (que nous affectionnons particulièrement, peut-être par l’influence du livre merveilleux de Gustave Doré), deux mots hébreux donnent les deux grandes significations du mot Miséricorde :
– [“hesed”] souligne la bonté, la bienveillance, la fidélité. C’est vrai d’abord pour le Seigneur, et signifie un amour plus grand que le mal, plus grand que le péché. La tradition chrétienne a rattaché la question du pardon à cette première signification, celle du rétablissement dans l’alliance et la dignité.
– [“rahamim”] est un amour totalement gratuit comme une nécessité intérieure. Est-ce que Dieu peut oublier ? La tradition a rattaché à ce second point la notion de salut et la promptitude à pardonner.

Dans l’Exode, nous trouvons la révélation centrale d’un Dieu miséricordieux, révélation suprême de Dieu qui invite à se tourner vers lui pour implorer le pardon « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein de miséricorde et de fidélité » [Ex 34, 6]. Chez les prophètes, la miséricorde est une puissance particulière de l’amour qui est plus fort que le péché et que l’infidélité « D’un Amour éternel, je t’ai aimé, aussi t’ai-je maintenu ma faveur » [Jr 31, 3]. Chez Job, il fait appel au Seigneur pour faire miséricorde devant le mal physique et moral. (Job 1, 21-2, 10). Pour Isaïe(Is 63, 9) la miséricorde est liée à la confiance en Dieu. Et enfin :

– Le Seigneur est compatissant et miséricordieux, il remet les péchés et sauve au jour de la détresse [Ecclésiastique 2, 11].

– Le Seigneur est bon, éternel est son Amour, sa fidélité demeure d’âge en âge [Ps 100, 5].
– Allons ! Discutons ! dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouge comme la pourpre, comme laine ils deviendront [Is 1, 18].
– Que votre âme trouve sa joie dans la miséricorde du Seigneur, ne rougissez pas de le louer [Ecclésiastique 51, 29].

Dans le Nouveau Testament, Jésus y apparaît comme l’incarnation de la Miséricorde :

– Jésus guérit, il a pitié parce que les foules sont fatiguées. Il a pitié dans le sens où son cœur, ses entrailles “débordent” : « Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant le Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité… » [Mt 9, 35].

– Jésus nourrit les foules par sa parole, le pain multiplié, son Corps livré, sa charité qui transfigure, l’espérance qu’Il transmet, le sens qu’il permet de découvrir…

– Jésus nous sauve du péché et du mal par sa mort et sa résurrection ; il est l’unique Sauveur du monde. Sa venue parmi nous illumine la nuit du péché en redonnant l’espérance de la Vie. « Aie confiance, mon enfant, tes péchés sont remis ! » [Mt 9, 22]. Et ces dernières citations que vous affectionnez déjà :

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde [Mt 5, 7].  C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice [Mt 9, 13].Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. [Lc, 1, 50]. Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde mais pour que le monde soit sauvé [Jn 3, 17].Dieu est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés […] c’est bien par grâce que vous êtes sauvés [Ep 2, 4-5].Gardez-vous dans la charité de Dieu, prêts à recevoir la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle [Jude 21]. »

Informations recueillies par Solange Strimon

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