Academia Christiana face aux courants de la Nouvelle Droite et de la pensée évolienne
Depuis 2013, ACADEMIA CHRISTIANA (AC) aspire à former politiquement la jeunesse en s’appuyant sur la doctrine catholique, au moyen de livres et de nombreuses conférences. Paradoxalement, dans la poursuite de ce louable projet — qui occasionne chaque année de belles conversions —, AC semble adopter l’univers culturel, philosophique et politique du néo-paganisme du XXe siècle, lequel est porté aujourd’hui par la NOUVELLE DROITE.
La revue l’Homme Nouveau pointe le paradoxe
En 2023, la revue L’Homme Nouveau rapportait plusieurs points troublants du Bréviaire pour une génération dans l’orage (2019), le corpus doctrinal d’ACADEMIA CHRISTIANA :
– « La doctrine sociale de l’Église et les principes naturels qu’elle reprend sont quasiment absents1. »
– Sont présentés comme « auteurs de référence […] des auteurs antichrétiens comme Julius Evola2. » Plus encore, nombre de textes du Bréviaire sont signés par des militants de la NOUVELLE DROITE (rédacteurs dans la revue Éléments) ou affiliés idéologiquement : Alain de Benoist, Xavier Eman, Guillaume Travers, Dominique Venner (le profanateur de Notre-Dame de Paris), Karl Hauffen et autres Primo de Rivera, etc.
QU’EST-CE QUE LA NOUVELLE DROITE ?
La Nouvelle Droite (ND) définie par elle-même :
« Si un seul mot devait résumer cette pensée, ce serait celui d’identité. […] L’identité qui affirme que ce n’est qu’en s’enracinant dans le juste, le beau et le vrai que les hommes peuvent exister3. »
Dans une société déracinée, voilà un discours susceptible de séduire le jeune catholique. Cependant, le problème de la ND réside dans son fondement anti-chrétien. Certes, saint Thomas d’Aquin cite parfois des auteurs non chrétiens, mais il met aussi en garde contre leurs doctrines erronées. Peut-on l’imaginer un instant donnant une tribune à un Alain de Benoist — maître à penser de la ND et intervenant récurrent d’AC — quand celui-ci tient par ailleurs des propos comme :
« L’intégration du christianisme au système mental européen fut l’événement le plus désastreux de toute l’histoire advenue jusqu’à ce jour […] Le dieu des chrétiens est mort, mais son cadavre n’en finit pas de se répandre. Sous des noms les plus divers, les valeurs chrétiennes ont tout infecté4. »
Dans la revue Éléments de mars 2025, il persiste :
« Les chrétiens ont enlevé au monde sa sacralité intrinsèque, l’ont vidé de toute dimension de sacré, en en faisant un objet […] Le saint, qui est une notion morale, a remplacé le sacré, qui ne l’est pas […] Le paganisme, c’est l’éthique de l’honneur et non la morale du péché […] On est bon citoyen quand on rend un culte aux dieux de la cité […] La présence divine est immanente5. »
A. de Benoist professe en effet une gnose panthéiste païenne :
« Le monde représente le déploiement de Dieu dans l’espace et dans le temps. La « créature » est consubstantielle au « créateur », l’âme est une parcelle de substance divine. L’esprit païen tisse un lien fondamentalement religieux entre l’homme et le monde, et c’est par cette union créatrice de l’homme au monde que se manifeste la divinité6. »
La NOUVELLE DROITE possède :
– Une société de pensée7 : le GRECE.
– Une maison d’édition : la NOUVELLE LIBRAIRIE.
– Un organisme de formation et de recrutement : l’INSTITUT ILIADE.
– Des médias : Nouvelle École, Éléments, Krisis, TV-Libertés. . .
L’obsession de la NOUVELLE DROITE est la glorification d’un prétendu « héritage indo-européen8 », avec le primat ethnique qui en découle. En effet, A. de Benoist préconise :
« …une religion identitaire, où la conversion est considérée comme un reniement de soi. Une religion qui s’adresse aux membres d’un peuple, d’une communauté, d’une cité, d’un pays, et non indistinctement à tous les humains par-delà les frontières9. »
Charge à peine voilée contre l’universalité d’un catholicisme traditionnel, qui a toujours uni les peuples tout en promouvant leurs identités.
NOUVELLE DROITE ET FRANC-MAÇONNERIE
La FRANC-MAÇONNERIE (FM) est une société de pensée surtout connue pour sa branche progressiste et égalitariste très active politiquement. Mais il existe, en son sein, une autre branche plus discrète et plus subversive, car opposée à la première. Disciple de l’occultiste fasciste Julius Evola (1898-1974), elle se revendique « traditionnelle », antidémocrate, élitiste et préconise l’action par influence, l’action métapolitique. Christophe Bourseiller, un temps membre de la GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE, nous révèle l’existence de cette branche dans son livre Un maçon franc. Un jour, il visite…
« … une loge étrange, qui constitue la matrice de la dissidence évolienne […] Cette loge d’intellectuels ressemble à s’y méprendre à une annexe de la NOUVELLE DROITE. Les textes de la revue Nouvelle École y sont d’ailleurs abondamment cités, tandis que le néo-paganisme se voit encensé10. »
Quand Bourseiller est promu dans une loge réservée aux hauts grades, il y côtoie à nouveau les disciples d’Evola de la ND :
« Je croise aussi les frères « bruns », les « IndoEuropéens » dont les propos m’exaspèrent. À Villiers, ils s’expriment sans crainte d’être contredit11. »
Est-ce la proximité de certains de ses membres avec ceux de la NOUVELLE DROITE qui pousse ACADEMIA CHRISTIANA à conseiller aux jeunes catholiques la lecture du franc-maçon Julius Evola, à égalité avec saint Thomas ou Bossuet? Evola ne cache pourtant pas son hostilité au christianisme :
« Nous professons et défendons […] la froide, positive, dure science et puissance de l’initiation, de la magie, de la réalisation païenne […] Le monde doit être nettoyé, doit être restitué à l’état pré-chrétien […] Ceci est notre vérité, et ceci est le seuil de la grande libération : la cessation de la foi, la libération du monde à l’égard de Dieu […] Notre Dieu peut être celui aristocratique des Romains, le Dieu des patriciens que l’on prie debout et la tête haute, et celui qu’on porte en tête des légions victorieuses, non le patron des misérables et des affligés que l’on implore aux pieds du crucifix, dans la défaite de tout son esprit12. »
La réponse d’ACADEMIA CHRISTIANA à l’Homme Nouveau
Julien Langella — cofondateur d’ACADEMIA CHRISTIANA — se défend dans un droit de réponse :
« […] Notre devoir de pédagogues est de chercher dans le passé ce qui peut éclairer le présent et inspirer l’avenir. Certains se vantent d’avoir les mains blanches, c’est parce qu’ils n’ont pas de mains (sic). Nous voulons, au contraire, puiser franchement avec nos mains dans ces expériences passées de résistance à la modernité : contre-révolution, catholicisme social, proudhonisme, distributisme, fascisme italien, national-syndicalisme Espagnol [le mouvement fasciste de la Phalange de Primo de Rivera], localisme et écologie politique, pour en extirper, de l’ivraie, le bon grain prompt à bourgeonner. Nous n’avons pas l’esprit de parti : toute vérité est nôtre13. »
NOUVELLE DROITE ET MODERNITÉ
Les dirigeants d’AC entendent donc combattre, à juste titre, la modernité. Cependant, assimilent-ils la « tradition » et le « sacré » de leurs partenaires païens à de la « résistance à la modernité »? En effet, le discours de la ND se révèle ambigu quand elle se proclame à la fois moderne et antimoderne (sic) :
« Pour la Nouvelle Droite — profondément moderne, comme elle l’est réellement —, le monde cesse d’être fondé sur un quelconque monde souterrain surnaturel. Pour elle aussi, « Dieu est mort ». Mais en même temps —profondément antimoderne, comme elle l’est aussi —, la Nouvelle Droite considère qu’il est indispensable que le « divin » reprenne sa place dans le monde14. »
Ce document très instructif appelle deux observations :– La ND caractérise la modernité par la mort de Dieu.– La ND pratique l’unité des contraires (moderne et antimoderne) grâce au célèbre « en même temps », lequel blesse les principes de non-contradiction et d’identité. A. de Benoist n’en est nullement gêné, lui qui proclame dans la revue Études et recherches15 du GRECE :
« Un auditeur déclare avoir relevé dans mon propos un certain nombre de “contradictions”. J’ai du mal à ne pas éclater de rire. Que lui répondre? Que le principe d’identité a vécu et que, dans une démarche, il n’y a que les contradictions qui soient fécondes. »
On aura reconnu le modèle hégélien de synthèse des contraires : Thèse-Antithèse-Synthèse. Une dialectique reprise par la maçonnerie pour occulter les universaux Vrai-Bien-Beau.
La théorie hespérialiste de David Engels — prisée par la ND et AC —mobilise une dialectique similaire lorsqu’elle prône :
« … un « retour conscient à la tradition », qui, comme toutes les synthèses, semble d’abord être une sorte de contradiction interne en soi16. »
Cette synthèse vise à dépasser l’opposition tradition/modernité pour contrer une modernité réduite au libéralisme matérialiste, fossoyeur de la civilisation européenne. Pour Engels, celle-ci ne provient pas principalement du christianisme — avec son exigence de concilier foi et raison — mais d’une qualité propre aux Européens. C’est l’« élan faustien17 », qui les pousse à exceller tant dans la « quête de transcendance » que dans le « désir de maîtrise matérielle ». AC et la ND semblent approuver en même temps cette synthèse et sa forme politique : un Empire européen fondé sur les « traditions spirituelles » du continent, dépassant ainsi l’antagonisme christianisme/paganisme-indo-européen.
Mais que faut-il entendre par modernité, et quelles sont les « expériences de résistance à la modernité » qu’AC mobilise pour contribuer à cette synthèse exprimée par Engels ?
Regards croisés sur la nature de la modernité
Tout d’abord, la modernité se résume-t-elle à un progressisme pro-immigration effaçant les identités? Dans la section précédente, la NOUVELLE DROITE en donne une autre définition, celle d’un monde où « Dieu est mort ». Ce que Bonald confirme :
« La philosophie des modernes, sérieusement approfondie et réduite à sa plus simple expression, est l’art de se passer de l’être souverainement intelligent, de la Divinité, dans la formation et la conservation de l’univers, dans le gouvernement de la société, dans la direction mêmedel’homme. […] Je le répète : la philosophie moderne n’est autre chose que l’art de tout expliquer, de tout régler sans le concours de la Divinité18. »
La modernité s’inscrit donc dans une démarche d’émancipation de l’homme par rapport à Dieu et à Sa Loi. Une autonomie que le penseur de la modernité, Emmanuel Kant, définit ainsi :
« L’autonomie de la volonté est cette propriété qu’a la volonté d’être à elle-même sa loi19. »
Karl Marx précise que ce mouvement d’autonomie est une révolte contre Dieu et s’accompagne d’une divinisation de l’homme :
« La philosophie [moderne] ne s’en cache pas. Elle fait sienne la profession de foi de Prométhée : « en un mot j’ai de la haine pour tous les dieux! » Et cette devise elle l’applique à tous les dieux du ciel et de la terre qui ne reconnaissent pas la conscience humaine comme la divinité suprême. Elle ne souffre pas de rival20. »
Le philosophe Éric Vœgelin situe la pensée moderne dans l’héritage de la gnose, courant religieux postulant que l’homme, parcelle de substance divine, a été emprisonné dans la matière par un principe mauvais (qui est le Dieu de la Bible). La modernité incarne alors le projet de libérer l’homme de ce joug pour restaurer son statut d’homme-dieu. Aussi Vœgelin conclut-il :
« L’essence de la modernité consiste en un accroissement du gnosticisme21 »
La Franc-Maçonnerie est, à présent, l’agent principal du projet gnostique de modernité : la création d’un monde sans Dieu. Projet qui anime tant sa branche progressiste que sa branche « traditionnelle » disciple de René Guénon et de Julius Evola.
Des exemples de « résistance à la modernité », vraiment ?
Si la NOUVELLE DROITE se classe dans la modernité en proclamant un monde où « Dieu est mort », qu’en est-il du fascisme italien et du proudhonisme cités par ACADEMIA CHRISTIANA comme modèles de « résistance à la modernité » ?
LE FASCISME SELON MUSSOLINI
En 1919, dans l’article « Vecchie usanze » de son journal Il Popolo d’Italia, Benito Mussolini déclare le fascisme opposé en soi au christianisme :
« Nous qui détestons intimement tous les christianismes, aussi bien celui de Jésus que celui de Marx, nous gardons une extraordinaire sympathie pour cette entreprise dans la vie moderne du culte païen de la force et de l’audace22. »
En 1920, dans son éditorial « Navigare necesse ! », il martèle à nouveau son paganisme post-Révélation, donc moderne :
« Nous avons déchiré toutes les vérités révélées, craché sur tous les dogmes, repoussé tous les paradis, bafoué tous les charlatans […] Nous ne croyons pas aux programmes, aux schèmes, aux saints, aux apôtres; surtout, nous ne croyons pas au bonheur, au salut, à la terre promise […] Deux religions se disputent aujourd’hui la domination des esprits et du monde : la noire et la rouge. . De deux Vaticans partent aujourd’hui les encycliques : celui de Rome et celui de Moscou. Nous sommes les hérétiques de ces deux religions23. »
FASCISME ET FRANC-MAÇONNERIE
Fulvio Contini, historien autorisé de la FM italienne, relate :
« Il n’a pas manqué de loges ou de simples affiliés à la maçonnerie montrant une adhésion au fascisme et un solide soutien au projet de Mussolini24. »
Domizio Torrigiani, Grand-Maître du GRAND-ORIENT D’ITALIE, reconnaît cette aide apportée au fascisme par la maçonnerie :
« Elle donna vie et alimenta ce mouvement dans sa phase initiale avec des noyaux de frères de haut niveau25. »
Arturo Reghini, maçon de haut grade — ami d’Evola et cité par la revue Politica Hermetica, proche de la ND — justifie :
« L’intolérant fanatisme catholique ne trouvera aucune complicité au sein du gouvernement. C’est pourquoi, en tant qu’Italiens et Libres Maçons, nous donnons notre accord à Benito Mussolini. C’est un grand « bâtisseur », qui doit donc, par essence, se trouver d’accord avec les bâtisseurs que nous sommes9. »
Un temps brouillé avec la maçonnerie, Mussolini la rétablit discrètement. Pie XI dénonce alors une « vraie et réelle persécution » envers l’Église dans son encyclique contre le fascisme :
« Nous ne pouvons être reconnaissants de ce qu’après avoir mis dehors le socialisme et la maçonnerie, nos ennemis déclarés […], on les ait si largement réintroduits, […] ils sont même devenus d’autant plus forts et plus dangereux qu’ils sont plus dissimulés et, en même temps, favorisés par le nouvel uniforme26. »
Faut-il s’en étonner ? René Guénon, grand initié, révèle :
« Il n’en est d’ailleurs pas moins vrai qu’il [Mussolini] était Maçon, et même, détail amusant, la chemise noire avec laquelle il fit son entrée à Rome lui avait été offerte par les LOGES DE BOLOGNE27. »
FONDEMENTS DE LA PENSÉE PROUDHONIENNE
Le socialiste Proudhon révèle la motivation de son œuvre :
« Le christianisme n’est plus qu’un épisode dans la mythologie du genre humain. La liberté, symbolisée dans l’histoire de la Tentation, est votre antichrist; la liberté, pour vous, c’est le diable. Tes œuvres, ô le béni de mon cœur, ne sont pas toujours belles ni bonnes mais elles seules donnent un sens à l’univers et l’empêchent d’être absurde. […] Viens, Satan, viens, le calomnié des prêtres et des rois, que je t’embrasse, que je te serre sur ma poitrine! Espère encore, proscrit! Je n’ai à ton service qu’une plume; mais elle vaut des millions de bulletins28. »
C’est donc logiquement qu’il rejoint la maçonnerie. Aux questions d’usage posées lors de son initiation, il répond :
« Justice à tous les hommes, Dévouement à son pays, Guerre à Dieu : Telle fut ma profession de foi29. »
VERDICT : MODERNITÉS DES RÉFÉRENCES D’AC
D’origine maçonnique, la NOUVELLE DROITE, le fascisme italien et le proudhonisme ambitionnent tous la mort de Dieu; leur modernité ne fait donc plus de doute. Pourtant, malgré l’article de l’Homme Nouveau, ACADEMIA CHRISTIANA ignore toujours ces dangers, conserve les mêmes références, et continue sa collaboration avec l’INSTITUT ILIADE de la ND :
Programme d’AC, ouvrage collectif dont des membres de la ND.
Stand jeunesse de l’INSTITUT ILIADE à l’UDT 2022 d’AC.
L’INSTITUT ILIADE au Congrès d’AC, le 15 mars 2025.
AC au Colloque de l’INSTITUT ILIADE, le 5 avril 2025.
Dîne-t-on avec le Diable, même avec une longue cuiller ?
À juste titre, ACADEMIA CHRISTIANA combat la modernité comme ennemie de la civilisation chrétienne et de l’identité. En effet, selon saint Thomas d’Aquin, Dieu souhaite la multiplicité des créatures comme autant de reflets de ses perfections30. Aussi la multiplicité des identités des peuples participe-t-elle à la gloire de Dieu comme autant de façons de l’adorer.
Dans cette perspective, le mondialisme libéral, qui dissout les identités par uniformisation, signe bien l’action de l’Ennemi.
Pourtant l’identité n’est pas le tout de la chrétienté, comme le progressisme n’est pas le tout de la modernité, laquelle se définit comme la volonté d’édifier un monde sans Dieu.
Le projet de modernité est celui de la FRANC-MAÇONNERIE et sa méthode pour l’établir est ordo ab chao31. Le chaos naît des solutions politiques contraires qu’elle suscite en même temps :
– Politique égalitariste et immigrationniste, socialiste et libérale, promue par sa branche progressiste.
– Réaction élitiste et identitaire à dimension ethnique, soutenue par sa branche évolienne (fasciste et païenne).
Pour gagner en influence, la NOUVELLE DROITE évolienne utilise la technique de recrutement préconisée par A. Comte :
– Puiser dans le vivier des catholiques, car ils sont nombreux et « possèdent une discipline du plus grand prix32. »
– Fustiger le christianisme, mais louer un catholicisme assimilé à une réaction identitaire de l’Europe païenne, qui aurait ainsi réussi à neutraliser le venin monothéiste chrétien :
« Le mérite et l’honneur du catholicisme furent d’organiser l’idée de Dieu et de lui ôter ce venin33. »
Et le syncrétisme du en même temps païen et catholique fleurit :
– À la ND, Bernard Lugan se proclame « catholique mais pas chrétien34 », tandis qu’Alain de Benoist s’échine à prouver que les traditions catholiques émanent de l’Europe païenne35.
– À AC, Julien Langella blesse son christianisme en suggérant les méthodes de ses amis néopaïens pour contrer une politique migratoire pourtant promue par leurs propres Frères :
« En attendant la révolution, c’est simple : il faut leur pourrir la vie. […] C’est à ce travail de sape qu’il faut s’atteler pour décourager les immigrés de s’installer chez nous et amener ceux déjà présents à comprendre que leur place est ailleurs. Il faut mal les accueillir et ne les satisfaire en rien. Il faut leur rendre la vie impossible partout et tout le temps36. »
Peut-on approcher cette gnose païenne sans en subir l’influence? Conseiller aux jeunes des auteurs amis et ennemis du Christ, n’est-ce pas semer en même temps l’ivraie avec le bon grain? Peut-on restaurer la chrétienté avec l’occultiste fasciste Evola, Proudhon l’ami de Satan et le paganisme maçon de la ND ? S’il faut s’allier à des non-chrétiens, pourquoi pas sur la base de la loi naturelle défendue par le roi, lieutenant du Christ ? Saint Pie X a déjà mis garde des jeunes tentés de concilier christianisme et modernité :
« Non, lacivilisation n’est plus à inventer […] c’est la civilisation chrétienne […] Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins […] « omnia instaurare in Christo »37.
Nous invitons donc nos frères chrétiens d’AC à la prudence.
Paul Franc, Olivier Cerverette et Marc Faoudel pour viveleroy.net
Quentin et Paul pour vexilla-galliae.fr
Jean de Grive pour alliancedutroneetdelautel.fr
1Joël Hautebert, « L’antilibéralisme ne justifie pas tout », L’Homme Nouveau, 4 nov. 2023, p. 36-37.
2Bréviaire pour une génération dans l’orage, recueil de textes spirituels et politiques pour nourrir les militants de la reconquête, éd. Academia Christiana, Victor Aubert, « Nos moyens », Paris, 2019, p. 43.
3Javier Portella, « 50 ans d’Éléments : la Nouvelle Droite, qu’est-ce que c’est ? »
4Alain de Benoist, « La religion de l’Europe », Éléments N° 36, aut. 1980.
5Alain de Benoist, « Le paganisme, antidote au nihilisme contemporain ? », Éléments, février-mars 2025 N° 212, p. 78.
6Alain de Benoist, « La religion de l’Europe », Éléments N° 36, p. 9.
7Le Groupement de Recherche et d’Études pour la Civilisation Européenne est une « société de pensée à vocation intellectuelle » (Éléments, n°32, nov. 1979.)
8Cf. « Rapport Rousso », sept 2004, paragraphe sur le GRECE, p. 51.
9Alain de Benoist, « Le paganisme… », Éléments, février-mars 2025.
10Christophe Bourseiller, Un maçon franc, récit secret, Éditions Alphée, Monaco, 2010, p. 86.
12Julius Evola, Imperialismo pagano (Impérialisme païen), Padoue, éd. di Ar, 1978, p. 128, 133, 163.
13Julien Langella, « À propos de l’article « L’antilibéralisme ne justifie pas tout » », L’Homme Nouveau, 2 déc. 2023, p. 34.
14Javier Portella, « 50 ans d’Éléments : la Nouvelle Droite, qu’est-ce que c’est ? », article du 30 sept. 2023.
15Alain de Benoist, Études et recherches pour la culture européenne, 2e série, N°2, 1983, p. 76.
16David Engels, « Défendre l’Europe », site d’AC, 19 fév. 2024.
17« David Engels : « Le retour à l’État-nation ne sauvera pas l’Europe 2/4 en tant que civilisation » », Le Figaro, 23 mai 2024.
18Louis de Bonald, Mélanges littéraires, politiques et philosophiques, tome I, éd. A. Le Clere, Paris, 1819, p. 105-106.
19Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, 1785, trad. H. Lachelier, Deuxième section, « L’autonomie de la volonté comme principe suprême de la moralité », Hachette et Cie, 3e édition, Paris, 1915, p. 85.
20Karl Marx, Œuvres philosophiques, « Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure (1841) », trad. Jacques Molitor, A. Costes, Paris, 1946, p. XXIV.
21Éric Vœgelin, La nouvelle science du politique, Seuil, 2000, Paris, p. 183.
22Mussolini, « Vecchie usanze », Il Popolo d’Italia, 12 décembre 1919.
23Mussolini, « Navigare necesse ! », Il Populo d’Italia, 1er janvier 1920.
24Fulvio Conti, Franc-maçonnerie et pratiques politiques en Italie pendant la première moitié du XXe siècle, Presses universitaires, p. 223-241.
25Arturo Reghini, Paganesimo Pitagorismo Massoneria, Fumari, 1986, cité par Politica hermetica, L’Âge d’Homme, N° 1, Paris, 1987, p. 148.
26Pie XI, Lettre encyclique du 29 juin 1931 Non abbiamo bisogno.
27René Guénon cité par Jean Robin, René Guénon, Témoin de la Tradition, Ed. Guy Trédaniel, Chaumont, 1986, p. 275.
28Pierre-Joseph Proudhon, De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome II, Librairie Garnier Frères, Paris, 1858, p. 540.
29Pierre-Joseph Proudhon, Op. cit., p. 208.
30Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, Prima pars, Q. 47.
31. Cf. « Le principe d’action maçonnique Ordo ab chao », viveleroy.net.
32Charles Maurras, Romantisme et Révolution, « L’ordre positif d’après Comte », Éd. Nouvelle librairie nationale, Paris, 1922, p. 115.
34« Bernard Lugan : Je suis catholique mais pas chrétien », YouTube.
35Alain de Benoist, « Le paganisme… », Éléments, février-mars 2025.
36Julien Langella, site d’AC, « Immigration-invasion : que faire ici et 4/4 maintenant ? », 25 nov. 2019.
37Saint Pie X, encyclique Lettre sur le Sillon, 25 août 1910.
Excellent article ! J’attendais depuis longtemps la prise de position de Vexilla Galliae sur ce sujet assez épineux, car subtil.
Je tenais à préciser deux choses : la gnose considère qu’il y a un Dieu du mal = le Dieu de la Bible et un Dieu du bien = Satan. Cette secte et ses branches s’opposent donc à la religion catholique.
Ensuite, il est intéressant de remarquer qu’academia Christiana a affiché une image très fasciste sur un T’Shirt : une main portant un flambeau avec la phrase « Refaire un peuple ». À noter que « fascii » en italien signifie « flambeau ».