Societé

Indignité humaine, par Paul-Raymond du Lac

Le Dominiquin, Dieu réprimandant Adam et Ève, 1623-1625
Le Dominiquin, Dieu réprimandant Adam et Ève, 1623-1625

La dignité humaine est à la mode dans le monde ecclésiale depuis le concile Vatican II et avant, depuis le personnalisme. Tout homme est bien un être humain et non autre chose, en cela sa nature ne change pas, et en cela aucune idéologie ne pourrait justifier de considérer des hommes comme des non-hommes.

Tantôt, un de mes employés méritant est mort d’un cancer. Au retour des obsèques, mon chef me dit que ce n’est pas forcément aux obsèques de tous les employés qu’il irait. Je dis qu’un mort est un mort, et qu’en tant que supérieur il est justice d’aller au moins présenter ses respects à la famille et au défunt. Certes.

Certes, mais en fait ce n’est pas vrai. Un suicidé chrétien est indigne d’être enterré en cimetière chrétien, et ne peut pas profiter des suffrages de l’Eglise. Il y a ainsi des personnes qui sont indignes pour recevoir les honneurs et même les respects des hommes.

Certains crimes sont si énormes qu’ils rendent indignes de la vie, d’où la peine de mort. Si indignes, du fait de comportements plus animaux qu’humains, ou si peu humains qu’ils en deviennent diaboliques dans leur malice, retirent tout droit et rend indigne au point de pouvoir justifier l’exécution, si elle est décidée par l’autorité légitime, et selon les procédures qui assurent que le jugement est fait, pour le coup, dans la dignité exigée des fonctions de justice et de direction.

La seule dignité humaine qui peut rester est celle du libre-arbitre, qui rend toujours une conversion in extremis possible. Néanmoins, la dignité humaine est aussi inégale parmi les hommes que ne l’est le mérite. La dignité humaine est au fond, pour s’exprimer différemment, l’honneur de l’homme. L’honneur de l’homme n’existe que comme accomplis et actualisé au quotidien dans des actes humains, et dans l’accomplissement de la mission de l’homme, de sa fin, dans la perfection de sa nature.

L’homme est fait pour Dieu, donc son abandon à Dieu contient la dignité humaine suprême.

Dieu a de plus créé l’homme rationnel, donc sa plus grande dignité humaine est d’être vertueux, et de soumettre toutes ses actions à la bonne et saine raison.

Mais l’honneur de l’homme n’est pas un acquis, et certainement pas un acquis depuis la chute, puisque la blessure du péché originel nous rend naturellement indigne de notre vocation, dans la surnature évidemment, où sans la grâce nous sommes toujours rien du tout, mais même dans la nature, puisque nos penchants blessés nous entraîne toujours vers plus de déshonneur, et ainsi de dignité.

La dignité est en effet être digne de sa condition, de sa nature, de sa vocation. Là se trouve notre honneur. Or nous sommes tous plus ou moins indignes de notre condition et seule l’effort et le sacrifice dans l’exercice de la vertu nous rend vraiment digne naturellement – et surnaturellement quand nous laissons la grâce travailler.

La seule dignité de l’homme est ainsi naturellement de travailler à la vertu, et surnaturellement d’honorer le sceau du baptême, et ainsi se conformer aux volontés de Dieu, de s’abandonner à lui, de laisser travailler la grâce.

Il est ainsi logique que dans l’ordre politique la peine de mort soit exercé et dans l’ordre ecclésial l’enterrement interdit quand l’indignité est telle que la nécessité d’éteindre le scandale et de manifester la justice et l’exemplarité obligent l’autorité à bien signifier que dans tel cas (suicide ou hérésie pour l’enterrement, crime énorme sans repentir pour la peine de mort) l’indignité est telle, que le refus d’obéir à la vocation humaine est telle, que la déshonneur d’un homme est tel, qu’il faut bien aller même contre le sentiment humain de vouloir se consoler, ou éviter des pensées désagréables.

Il vaut mieux savoir ce qui va nous arriver si nous sommes à ce point indigne, que faire semblant, comme notre monde contemporain qui refuse la mort et le péché, comme notre monde ecclésial contemporain qui refuse l’hérésie et les péchés impardonnables (contre l’esprit saint), comme les états contemporains qui refusent la peine de mort, que faire semblant, disions-nous, que tout le monde est digne, que nous irons tous au paradis, que nous sommes tous vertueux.

C’est faux ! et c’est criminel de faire croire le contraire. C’est une faiblesse terrible et innommable car elle a pour conséquences de « divertir » les âmes, de les détourner des efforts nécessaires pour se perfectionner, et pour se conformer à la volonté divine.

Alors soyons sûr d’une chose : l’homme est indigne et nous sommes indigne. L’indignité humaine est la règle. A nous de travailler à notre perfectionnement pour être plus digne, et de s’abandonner à Dieu qui seul nous élève à la dignité divine, si nous voulons bien porter notre bout, si infime, de croix…

L’homme est d’ailleurs tellement indigne qu’il est partout, hors la chrétienté, en servitude, et c’est logique : l’indignité, en fin de compte, s’enracine en institutions qui tiennent l’homme comme une bête, pour maintenir un semblant de paix social… comme la christianisation et la vie chrétienne rayonne sur des institutions réformées et restaurées !

Et dans l’ordre politique de bien servir le Roi, puisque c’est notre honneur de sujet ! Et nous vous laissons décliner cela à toutes les sphères de la société.

C’est notre honneur ! Et notre dignité !

Pour Dieu pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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