Civilisation

La bonne influence de la hiérarchie

Vive l’inégalité bien ordonnée ! Les temps égalitaristes et démocratiques produisent aujourd’hui leurs fruits : c’est la guerre de tous contre tous, de la jalousie généralisée entre « pairs ».

Le sujet a été analysé encore et encore depuis longtemps par de nombreux auteurs contre-révolutionnaires, royalistes mais aussi des théologiens. Maurras a résumé le raisonnement naturel sur le sujet dans son introduction au poussin, vraie « contre Rousseau », de façon très compréhensible pour nos contemporains. La doctrine catholique l’explique par la Révélation, avec Dieu, parangon de l’autorité, qui a mis un ordre hiérarchique dans notre monde, à la fois à son image, mais aussi pour notre perfection.

Toute notre expérience nous explique, que ce soit par l’exemple ou, malheureusement le contre-exemple, combien la hiérarchie et l’autorité sont bénéfiques.

Les bons auteurs expliquent encore pourquoi le système démocratique est d’une malice profonde puisque, produisant des effets délétères, il se maintient tout de même par l’entretien du sentiment d’orgueil de ces armées d’esclaves qui se croient libres, et qui se jalousent et se font la guerre.

L’histoire nous montre encore la bienfaisance de la hiérarchie et de l’autorité par les faits : quel que soit l’horizon et le régime la guerre et les troubles naissent systématiquement entre personnes proches, voire égales : les luttes fratricides pour la succession, la guerre des pairs (les aristocrates se faisant la bagarre), des pays proches par la puissance comme par la culture, les pairs de l’université, de l’artisanat, etc. Moins la distance verticale est grande, plus la tentation à la jalousie et à la guerre est grande.

Le Roi, au-dessus de tous, si loin par sa naissance et sa dignité, devient ainsi comme invincible à toute envie et à tout intérêt privé. S’il est chrétien de plus, à l’image de Dieu qui s’est fait homme, si proche de nous et comme nous, le roi très-chrétien se fait serviteur de ses sujets, accessibles à toutes les requêtes – comme l’atteste par exemple le cas de Jean Chouan, gracié par Louis XVI sur demande de sa maman – et à la compassion.

Prenons un exemple plus proche de nous, que chacun peut expérimenter selon sa position : si vous êtes un chef institué par exemple dans une entreprise, d’une façon qui fait que vous ne pouvez pas être en « compétition » avec vos subordonnés qui ne pourraient pas avoir même voulu devenir chef, alors tout est plus simple. Vous n’êtes plus sur un régime de « compétition » horizontale, mais bien d’autorité verticale, qui calme d’une part les contestations ou les mauvaises remarques, mais surtout donne une force bien différente à votre exemple. Si vous êtes institué chef, que vous œuvrez pour le bien commun, alors le fait d’être catholique sera grandi, le fait de vivre traditionnellement avec une famille nombreuse pourra devenir naturellement enviable, en tout cas quelque chose de positif qui pourrait être imitable, et expliquant cette position d’autorité. L’autorité en effet a pour vocation d’être imitée, pour le meilleur.

Quand il n’y a pas d’autorité, c’est la débandade pour tous et le chaos où bien et mal sont relatifs car confondus : le bien, s’il n’est pas protégé par l’autorité, se meurt.

En ce sens, même une mauvaise autorité, voire une autorité mal usée, vaut mieux que l’absence d’autorité : le mauvais chef, voire le tyran, peut toujours se convertir et changer. Et comme dit Maurras, le tyran, s’il a vraiment une autorité légitime et importante, sera limité dans sa méchanceté par l’intérêt de son pouvoir et de le maintenir : ce n’est pas en étant injuste et en détruisant son troupeau que l’on contribue à se maintenir à sa place… Inversement le tyran démocratique est d’autant plus terrible qu’il se sait sans légitimité, proie de toutes les convoitises et jalousie, déjà sur la sellette, et méprisé de façon générale : autant tuer avant de se faire tuer, autant tout dilapider et détruire son bien et sa position plutôt que de se la faire ravir ! Voici l’esprit révolutionnaire terrible et malicieux des temps anti-hiérarchiques.

La hiérarchie de plus fait tenir toutes les sociétés, puisque par définition la vie politique est bien la vie dans la relation ordonnée des uns et des autres. Comme dit Aristote nous sommes des animaux politiques : ce qui signifie ordonnés à des autorités diverses selon leur ordre, pour avance vers une fin, dans une certaine harmonie d’ensemble, chacun à sa place. La société la plus paisible est celle qui deviendrait tellement inégalitaire que chaque personne aurait une place unique, sans jamais être mise en compétition avec le reste, servant à sa place et selon sa fin propre et singulière, pour œuvrer pour l’œuvre plus grande du bien commun et de la perfection de tous les membres de la société.

L’ordre hiérarchique est ainsi non seulement naturel, mais une aide à la vertu, puisqu’il désactive la jalousie, détruit l’impunité du méchant et du menteur qui ont carte blanche en société démocratique, et rend plus simple la coopération et la tranquillité, puisque chacun, au lieu de toujours déborder de sa place pour aller ailleurs, jouit de sa place et se perfectionne tranquillement.

Pauvres temps démocratiques qui empêchent nos contemporains d’avoir une place en les jetant dans la tempête de « l’égalité des chances », de la parité et l’ambition : voilà comme créer la guerre de tous contre tous, et une infinité de mauvaises pioches où chacun est mal dans sa peau, puisqu’il n’est pas à sa place ! Cela est vrai pour ces femmes qui veulent jouer aux hommes, et à ces hommes à qui on impose des métiers de femme – à commencer par le soin des tous petits enfants. Cela est vrai pour ces fils d’artisans ou de paysans à qui on veut imposer des carrières intellectuelles, ou « d’entreprises », en en faisant de tristes robots corvéables à merci pour les multinationales diverses. Je vous laisse décliner, car cela est déclinable à l’infini.

Alors jouissons des fruits de l’autorité et de la hiérarchie là où nous pouvons : d’abord dans nos familles, puis nos paroisses, mais aussi nos œuvres, nos entreprises et autres. Évidemment cela signifie qu’il faut restaurer l’autorité sans hésitation et avec force, autant de force que les miasmes révolutionnaires nous ont habitués à l’esprit de rébellion, à l’esprit démocratique et nous ont fait oublier la douceur de l’ordre et de l’autorité. Nous pouvons agir et restaurer l’autorité tout de suite dans nos familles, en les fondant bien déjà, ou en se convertissant et en redressant les mauvais départs.

Il nous faut aussi toujours travailler à la restauration légitime du pouvoir, car il est impossible de restaurer l’autorité sans restaurer le roi légitime, incarnant cette autorité voulue par Dieu. Seule une restauration institutionnelle de la royauté très chrétienne et légitime pourra désactiver les structures du péché libéral qui dissout et détruit l’autorité de façon systématique partout. Car ne vous leurrez pas : si vous arrivez à restaurer localement l’autorité dans votre famille ou dans la paroisse, vous êtes toujours soumis à la destruction par décret républicain : attaques des familles, enlèvement par l’état des enfants, mise en procès des parents pour « maltraitance », interdiction de l’école à la maison, dissolution des bonnes écoles, et quand ce n’est pas le cas, pression constante qui force au compromis, dans une matière où même le plus petit compromis marque le début de la fin.

Alors battons-nous pour la restauration légitime !

C’est urgent.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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