L’étrange admiration des païens

Je dois raconter une histoire gênante, mais assez signifiante pour ne pas céder à une fausse honte.

Un jour que je sors tard du travail, bien fatigué, je passe à la supérette près de chez moi, vers 21h30, pour m’acheter de quoi grignoter, une bière, un peu de nihonshu. Je cède en bref à ce qui s’apparente à de la gourmandise, et pour cela quand je m’approche du comptoir je suis un peu honteux en mon for intérieur.

Le vendeur, et la vendeuse, qui commencent à me connaître, me font un tout petit peu la conversation, ce qui est bien rare au Japon dans ce genre de contexte. Et le vendeur un peu gros, content que d’habitude je le salue et lui parle un peu – car il est assez probable que tout le monde ne soit pas gentil avec lui – me complimente sur ma tenue. Je suis en effet en costume cravate en plein été au Japon, et ce tous les jours, ce qui impressionne les Japonais…

Et ce n’est pas le premier sur qui cela fait bonne impression. Et pourquoi pas. Il était visible pourtant qu’ils ne faisaient pas le moins du monde attention à ce que j’achetais et qui trahissait ma gourmandise.

Je me suis dit à ce moment-là que c’était très symptomatique d’un pays païen : la mise extérieure et le mythe de l’occidental jouant, on est jugé sur de la pure superficialité du paraître. En même temps ils ne remarquent pas ce qui trahit ma gourmandise, puisque dans un contexte païen d’impunité du désordre, ou de relativisme moral (selon l’expression que vous préférez), on devient insensible aux petits désordres moraux, voire, inconsciemment, on ferme les yeux pour aussi d’éviter de voir ses propres désordres.

J’avais honte comme chrétien de mon petit désordre et personne ne l’a remarqué et en plus je me suis fait complimenter…

Petite anecdote qui traduit bien l’ambiance païenne « civilisée ».

Au moins cet article fait du bien pour mon humilité

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias