Idées

L’Europe, notre identité commune

Cette année, nous commémorons deux batailles : les 1000 ans de la bataille de Clontarf et les 800 ans de la bataille de Bouvines. Il se trouve qu’il s’agit aussi de l’année des élections européennes. C’est donc l’occasion pour moi de m’exprimer sur notre identité européenne, faisant suite à mon article sur les identités régionales.

En 1014, les Irlandais du Haut-Roi Brian Boru battent à Clontarf les Scandinaves, mettant fin à leur conquête de l’Eire. Brian Boru est tué le jour même. On estime que cette date marque le début de la christiannisation des Scandinaves en Irlande. Cependant, à la suite de la mort de Brian Boru, l’Irlande se disloque en une multitude de royaumes indépendants. Deux siècles plus tard, Philippe Auguste écrase à Bouvines la coalition anglo-germano-flamande, sauvant ainsi le royaume d’une invasion [1]. Cette victoire providentielle deviendra l’un des principaux mythes fondateurs de l’unité nationale.

Certes, cette Europe a commencé à se forger avant. C’est d’abord l’Europe latine et romaine, celle de Trajan et de Hadrien. Mais une identité continentale n’est vraiment apparue qu’avec le développement du christianisme, qui a su assimiler à la fois l’Empire romain décadent et conserver la grandeur de Rome (grâce à la papauté), et les peuples barbares, primitifs mais aussi européens, venus de l’Est. C’est de cette fusion, longue de plusieurs siècles, qui s’est déroulée grâce à l’Eglise, qu’a commencé à émerger un Occident chrétien. Ainsi, on peut voir Saint Remi baptiser le Franc Clovis à Reims ; on voit Charlemagne (mort il y a 1200 ans, un autre anniversaire pour l’Europe), couronné Empereur romain d’Occident par le pape à Rome, soumettre les barbares Saxons au christianisme.

Clontarf, Bouvines : deux batailles entre des puissances fortement antagonistes, mais unies par leur européanité commune. A Clontarf, les Celtes affrontent les Scandinaves. Un peuple fraîchement christianisé contre un peuple encore païen : c’est là que se rejoue toute la période de transition entre l’Antiquité païenne et le Moyen-Age chrétien. Les Celtes sont vainqueurs, mais, quelques siècles plus tard, ils tomberont sous le joug d’une autre puissance, anglo-saxonne cette fois. Cela engendrera une longue guerre, qui perdurera jusqu’au XXème siècle…
En 1214, Bouvines modifiera la situation géopolitique sur le continent pour de nombreux siècles. Le conflit franco-anglais vivra encore pendant 600 ans, jusqu’en 1815. Quant au conflit franco-allemand, né du partage de l’empire de Charlemagne, il coûtera à l’Europe deux guerres mondiales.

Mais revenons à Bouvines. Ces rivalités se déroulent dans un cadre précis : celui de l’Occident chrétien et féodal. Les valeurs de cette civilisation, les vertus chrétiennes et chevaleresques fondent un socle commun à l’Europe. Il s’agit bien là d’une seconde unification européenne, après l’Empire romain. Cet Occident qui, depuis l’Antiquité, partage une même culture, se trouve réuni au cours de l’époque médiévale. «Tout était fondé sur des liens personnels tissés d’homme à homme, avec tout ce que cela comportait de diversité, de vitalité et de richesse affective. […] Tout reposait sur une hiérarchie de communauté dont chacune, fût-ce la plus humble, baignait dans le sacré.» [2]

L’Europe présente donc une triple identité, commune depuis 20 siècles : culturelle, religieuse, ethnique. Il faut oser l’affirmer : sans tomber dans les délires racistes qui ont fleuri au XIXème siècle, fruits de l’athéisme et de la vénération de la Science [3], il est un fait qu’il faut reconnaître : l’Europe est blanche, et l’idée qu’elle ait toujours été une “terre d’immigration” n’a aucune valeur.

Et c’est cette Europe, cette civilisation chrétienne, ces valeurs héritées de nos ancêtres, cette culture forgée par notre Histoire et ce peuple qui en est issu que nous devons défendre et préserver ! Pour cela, inutile de compter sur l’Union Européenne, qui n’a d’européen que le nom. Cette entité soumise aux Etats-Unis, au libéralisme mondialiste, cette structure hors-sol, basée non pas sur les réalités historiques, culturelles et nationales mais créée de toutes pièces, est avant tout à combattre. Notre européanité ne nous empêche pas, comme l’a prouvé Bouvines, d’être d’abord Français. Nous refusons l’Europe légale, de Washington à Moscou ; nous voulons une Europe réelle, de Brest à Vladivostok.

François Etendard

1 : Au sujet de la bataille de Bouvines, voir les travaux de G. Duby

2 : J. Benoist-Méchin : “Frédéric de Hohenstaufen”, 1980, Librairie Académique Perrin, p. 19

3 : Outre le racisme “scientifique”, comme celui de Gobineau, on peut citer l’eugenisme, le darwinisme social… On voit où mène la science lorsqu’elle est privée de tout cadre spirituel et religieux.

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