Societé

Bénévolat et orgueil, par Antoine Michel

Jan Cossiers, Narcisse, XVIIe siècle
Jan Cossiers, Narcisse, XVIIe siècle

Travailler dans un cadre bénévole est quelque chose de très compliqué, et, d’expérience, très pénible. La hiérarchie dans le bénévolat est comme toujours niée, comme si le fait d’être bénévole donnait des droits de s’émanciper de toute hiérarchie, ou d’oublier ne serait-ce parfois que la courtoisie. Le bénévolat souvent aussi, et même quand l’idéal, la cause ou le but est noble est clair, est le lieu de tous les egos, et le bénévole a tendance à s’approprier encore plus vite que le salarié installé son petit pré-carré… au point d’en oublier le bien commun et la fin attribuée.

Que la noble soit grande ou pas, l’orgueil se mêle d’autant plus vite que la structure bénévole est petite, que donc on peut paraître plus grand que ce que l’on est. Le 100% bénévolat est certainement le plus terrible activateur d’orgueil, car la cause ou l’objectif commun ne tient que par les bénévoles qui peuvent toujours prendre en otage et facilement l’ensemble de l’œuvre.

Et la hiérarchie ne fonctionne pas, puisqu’il n’y a aucun moyen de pression ou de correction, pas possible de débaucher, de changer de département, de baisser ou monter le salaire. Il n’y a pas non plus vraiment de lien de justice tangible comme dans le salariat ou la protection féodale, puisque le bénévole ne doit pas grand-chose, et il croit au contraire souvent que la cause ou le projet lui doit tout puisqu’il donne son temps contre « rien ». Et la satisfaction du travail bien fait, aussi pur et saint soit le bénévole en question, ne résiste jamais complétement au temps, au défi de la persévérance, des fatigues, des problèmes. Cela est encore accentué en 2025 par la dématérialisation des moyens de communication qui désincarne le lien entre les camarades, et donc complique encore plus la collaboration.

L’ancien temps ne faisait pas du « bénévolat » comme aujourd’hui, toute œuvre gratuite était une façon d’être charitable et le sacrifice était comme une première condition. Les religieux et le sacerdoce ont sont d’ailleurs comme le parangon.

L’ancien temps, quand il faisait du gratuit, ne le faisait pas de façon démocratique, mais bien hiérarchique : pour devenir religieux on fait vœu d’obéissance et on abdique sa volonté propre. Dans les autres œuvre, l’homme médiéval avait dans la peau ce fonctionnement en corps, de façon hiérarchique et incarné, que ce soit pour gagner sa vie, pour se battre sur un champ de bataille ou pour faire tel ou tel œuvre.

Nos temps démocratiques ne peuvent qu’influencer la façon de faire du bénévolat, déconnecté de la charité et de la justice, et souvent une façon de se donner bonne conscience, d’avoir une « passion » (l’expression montre en elle-même le problème), ou autre, ce qui contient déjà en soit le germe de l’orgueil, encouragé.

Alors restaurons dans ce domaine spécifiquement, et sachons dans notre combat légitimiste ne pas tomber dans ces travers du bénévolat, mais œuvrer par esprit de sacrifice, de justice et de charité. Et sachons prendre les mesures naturelles qui aident chacun à tenir, à se tenir, à continuer d’œuvrer pour le bien commun, soit la restauration de la royauté en France : respect de la hiérarchie, incarnation des relations, autant que faire se peut professionnalisation de ce qui est clef, pour se simplifier la tâche et simplifier les relations, ainsi que l’exigence de résultat.

Cet équilibre n’est jamais parfait et difficile à trouver, du moins œuvrons pour le trouver !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Antoine Michel

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