Civilisation

Memento Mori, par Paul de Beaulias

Philippe de Champaigne, Vanité ou Allégorie de la vie humaine, 1646
Philippe de Champaigne, Vanité ou Allégorie de la vie humaine, 1646

Il est bon de se souvenir que nous allons finir mangé par des vers, sans vie. Il est bon de se souvenir que nous allons revenir à la poussière, et cela quel que soit notre rang, nos mérites, nos vertus, nos talents ou nos œuvres.

Une bonne pratique aussi présente dans la religion naturelle est la veillée funèbre avec exposition du corps : outre permettre aux proches de laisser court à une tristesse légitime – celle de perdre un être proche, et tout les manques que cela peut occasionner – et de faire son deuil, cette pratique encore habituelle dans certains pays, comme au Japon avec le « tsuya 通夜 (veillée funèbre) ». Cela permet de rappeler à tous, les proches, les enfants, la famille et les connaissances que la vie a une fin, que cette est inéluctable, et qu’il faut bien en prendre acte pour cette vie sur terre. Dans le monde païen, cela va s’arrêter peut-être là, souvent avec une forte connotation de consolation des vivants, en particulier par les prières et autres pour se rassurer sur le sort du mort, qui, devenu un « ancêtre », est censé veillé sur les vivants. Et tout est centré sur les vivants, pour les rassurer, pour les refaire vivre, pour tourner la page du deuil. Tout cela, naturellement parlant, est nécessaire.

Et tout cela pourtant ne suffit pas : le chrétien qui possède la vérité donnée par Jésus-Christ en sa propre Personne sait que le monde d’ici-bas est secondaire, quoiqu’important puisque nous y faisons soit notre salut soit notre condamnation. Il sait encore que tout est centré sur Dieu, et non sur l’homme, et que la religion est là non pas pour nous consoler, mais pour rendre gloire à Dieu – elle peut consoler, de façon incidente mais cela est secondaire et non essentiel.

Les funérailles chrétiennes sont aussi surtout et avant tout là pour prier la clémence du bon Dieu, offrir des sacrifices pour alléger la peine de l’âme défunte… Et l’Eglise catholique, dans sa grande sagesse, n’hésite pas à refuser les funérailles aux pécheurs publics, ou aux pécheurs en état de péché mortel, sans aucun doute possible – suicide, hérésie, divorce, etc. Tout le monde ne se vaut pas dans la mort, comme tout le monde ne se vaut pas dans cette vie.

L’Eglise, douce mère compatissante, dès que le scandale n’est pas en jeu, permettra les funérailles, même pour des cas mal engagés, car après tout personne ne lit les cœurs ni les intentions de Dieu, et si on ne peut avoir de convictions, le doute et l’espérance sont permis…

Nos temps sont terribles, car si déchristianisés, et avec une église conciliaire si filandreuse, tout semble plus compliqué pour assurer le salut, et toute conviction qu’au moins l’âme est au purgatoire est bien plus difficile à acquérir : mal catéchisé, ne maîtrisant pas les vérités nécessaires au salut, peu de pratiques de sacrements, qui sont souvent mal faits et dont on peut douter de la validité, pas les réflexes de conversion, de confessions et de communion près de la mort…

Ne parlant même pas du cas des païens qui, après avoir exposé le corps une nuit, vont le brûler sans hésitations… Drôle façon de manifester ses respects à ses êtres aimés… d’une bien étrange façon.

Ne parlons pas de cette habitude, si étrange encore, de s’empiffrer après avoir reluqué le macchabé, et de boire, comme si de rien n’était… Encore cette sorte de déviance habituelle chez les fausses religions, qui, malgré des aspects « naturels » en adéquation avec notre nature, sont toujours décalés, avec du grotesque et de la bizarrerie…

Alors apprenons à bien nous occuper de nos morts, car nous le serons bientôt,

Et à ne pas faire semblant d’oublier la mort, c’est déjà un acte contre-révolutionnaire.

Pour cela, pourquoi ne pas remettre au goût du jours les veillées funèbres ?

On veillait nos rois morts des nuits entières, avec des messes dites pour leur âme partout et en continu. Refaisons à notre humble échelle la même chose…

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,

Paul de Beaulias

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