Saint Thomas d’Aquin et saint Augustin, même combat, par Paul-Raymond du Lac

Nous visionnions tantôt le club des hommes en noir sur saint Augustin, remis au goût du jour avec le pape Léon XIV, qui est augustinien justement. De nombreuses étaient intéressantes mais il y avait parfois comme une tendance de vouloir opposer saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, avec des oppositions générales d’un Augustin qui va à Dieu via la subjectivité et l’intériorité et un Thomas qui y va via la théologie, l’objectivité et la révélation.
Comme il a été très bien dit, les deux époques où les saints vivent sont tout à fait différentes. Chez un saint Thomas, la chrétienté respire par tous ses pores de christianisme. Chez un saint Augustin, le monde est encore païen, dans tout son univers.
Pour le reste saint Thomas d’Aquin et saint Augustin, même combat, même fois, même spiritualité. Dans deux époques différentes et sur deux plans différents. Saint Augustin semble aujourd’hui connu pour ses confessions, nous le connaissons pour sa Cité de Dieu qui fonde toute la théologie de l’histoire, et se trouve d’une actualité toute aussi brûlante que la théologie d’Aquin est d’une utilité immédiate dans tous les pans de nos vies.
Saint Augustin parle peut-être plus facilement au contemporain car il est converti, comme le sont la plupart des chrétiens aujourd’hui, et qu’il est issu du monde païen et analyse ce monde païen, pour aussi convaincre et convertir ses compatriotes païens : notre travail aujourd’hui ressemble beaucoup à cela. Souvent convertis nous sommes confrontés à l’action du démon dans le monde et aux institutions se paganisant, avec ses mythes, ses erreurs présentés comme de la lumière, ses marottes.
Les critiques envers saint Augustin, il me semble, le sont en fait aux augustiniens qui tordent certains passages qui, mal compris, peuvent faire penser à la prédestination protestante : il insistait ici ou là sur cela pour se battre contre les manichéens et contre les erreurs dans son temps, mais il suffit de le lire pour comprendre sa grande finesse intellectuelle et sa sûreté doctrinale. Tous les développements sur l’histoire et l’action providentielle dans le temps à travers quelque chose de très concret, ainsi que la place de l’histoire saine, est édifiante : l’assurance avec laquelle il se pose les questions les plus pénétrantes sur l’histoire sainte, sans fards, sans rien omettre ou cacher montre sa douce confiance, confirmée par ses découvertes, dans la vérité révélée : Dieu ne peut pas nous tromper, donc il n’y a pas de mal de se poser la question concrète du comment dans l’histoire sainte (les géants, la consanguinité, etc.). Tant que l’intention n’est pas de vouloir contester la révélation – qui elle ne change pas.
Saint Thomas est un autre sommet que la théologie qui développe tout ce qui a attrait à Dieu avec une objectivité d’approcher la vérité qui reste, sur cette terre, certainement indépassable. Les vérités qu’il exprime dans une scolastique pure s’approche de la vérité divine par leur universalité et leur rigueur, et qui s’applique de façon très concrète dans nos vies – pensons aux traités des passions, des vertus, etc.
Alors oui, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, même combat, et les deux à lire. A commencer par La Cité de Dieu pour saint Augustin !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac
