Points de vueSocial et économie

Mise au point sur la lutte des classes

Mise au point sur la lutte des classes

Notre cher ami royaliste, converti, jeune et fougueux pour Dieu et le Roi a commis récemment un article défendant l’existence de la lutte des classes et proposant comme solution la fraternité chrétienne tout en dénonçant le marxisme.

Disons que nous ne pouvons pas laisser le propos sans réponse, car il n’est pas vrai, quoique nous comprenons très bien ce qui a pu le susciter – il suffit d’avoir vécu d’une façon ou d’une autre certaines sociétés parisiennes ou autres qui passent leur temps à faire sentir que vous n’êtes pas du même monde et se croient supérieurs.

Cela ne justifie pourtant pas de céder à une révolution contraire qui voudrait faire d’abord de la société des « classes » qui ne pourraient que lutter les unes contre les autres. En fait ce concept est contre-nature, c’est-à-dire qu’il ne correspond pas à la réalité politique humaine, et nous allons expliquer pourquoi. Nous manifesterons aussi combien ce concept, si on l’accepte comme une réalité qui n’existe pas, entraîne pour le coup la guerre de tous contre tous, et, enfin, nous présenterons la véritable solution royale et chrétienne, qui n’est ni la fraternité universelle, ni la fraternité chrétienne comprise sans le père.

Un Marx et autres socialistes du XIXe siècle réagissent à une réalité de la société occidentale moderne et post-révolutionnaire qui se paganise à toute vitesse : se déchristianisant, elle retrouve la dureté des anciens temps païens avec une teinte apostate qui cherche à justifier les pires abus de pouvoir, par le libéralisme en particulier justifiant qu’un puissant ou un possédant puisse tout faire. La réaction socialo-marxiste ne vient que faire une autre révolution, en jetant le bébé avec l’eau du bain : refusant l’abus, ils refusent aussi tant la propriété, que l’autorité et que la hiérarchie naturelle dans la société, tout en refusant le christianisme et en réduisant l’homme à de la matière, et la politique à une simple économie, le tout mâtiné d’un messianisme terrible tout à fait satanique.

La lutte des classes, au lieu d’aider à résoudre quoique ce soit, encourage la guerre de tous contre tous, amalgamant les gens sous des étiquettes de « classe » d’une part – car dans une société chrétienne normale chacun avait certes une dignité et une qualité, mais rarement qu’une seule, on pouvait être laboureur, puis devenir un clerc, on pouvait être un bourgeois (citoyen d’une ville) et artisan, négociant ou édile, on pouvait être paysan et milicien, noble et laboureur, etc. Et tout le monde, surtout, était paroissien de sa paroisse, fidèle catholique et sujet du roi. À chaque jour son titre, à chaque rôle social sa dignité et une union par l’harmonie des fonctions et l’unité dans Dieu et le Roi, dans la Foi et la Fidélité.

La lutte des classes n’existe jamais comme le disent les marxistes, soit comme un moteur de l’histoire : elle n’existe même pas quand les hommes se fourvoient dans la guerre de tous contre tous ; elle n’existe que comme cristallisateur et accélérateur des guerres destructrices de la société. C’est le LGBT de l’époque : on vous dit que vous êtes un ouvrier, ou un bourgeois, ou ce que vous voulez, et que vous n’êtes que cela, comme les théoriciens du genre veulent réduire tout l’homme à son sexe, et faire croire qu’il est changeable comme de chemise. Le concept de classe est un réductionnisme de l’homme à son rôle politique, et le concept de lutte fait croire que seule la guerre peut résulter de cette inégalité naturelle, là où cette inégalité naturelle, cette hiérarchie profonde et voulue par Dieu est non seulement nécessaire et naturelle, mais bienfaisante car productrice d’harmonie et de bien commun. L’image est éculée mais parlante : la société politique est comme un orchestre symphonique, chaque groupe d’instruments est regroupé, parfois dispersé, pour que l’ensemble dirigé par un chef soit harmonieux. Quand ils jouent de la musique on parle de « violons » ou de « basse » pour désigner les hommes, qui sont ainsi amalgamés à leur instrument, car ils deviennent eux-mêmes un instrument volontaire de l’harmonie globale – il suffit qu’un des musiciens décide de faire n’importe quoi pour que ce soit horrible à entendre ! -, sans que cela n’efface (bien au contraire) leur nature humaine, que Jean est Jean et Marie est Marie. Au contraire : la soumission volontaire au chef d’orchestre, à la partition de chaque musicien discriminé par instrument, et dans le temps, de façon inégalitaire, fait la beauté de l’ensemble, et le succès de tous, du premier violoniste jusqu’au sonneur du triangle.

La société politique fonctionne fondamentalement sur ce monde-là, en bien plus complexe, et la lutte des classes vient nier cela.

Allons plus loin : même une société païenne terrible et qui visiblement, abîmée par le péché originel, tord la bonté de ces réalités naturelles pour des intérêts privés ou le maintien envers et contre tous des différences des positions sociales, et en particulier pour les puissants de garder le pouvoir – une telle société elle-même n’obéit pas à la lutte des classes, il suffit de regarder l’histoire.

Prenons la société des castes indiennes, qui est certainement celle qui est la plus emblématique d’une société qui s’organise selon des « classes » infranchissables, puisqu’elles sont commandées par la religion et la pureté/impureté. Ce genre de discrimination se retrouve d’ailleurs peu ou prou dans toute société païenne, et l’esclave est toujours supérieur à l’impur, puisqu’il reste un homme, là où l’impur n’est plus un homme (comme l’indique par exemple son appellation dans le Japon médiéval de « non-homme »). Même dans ces contextes il n’y a pas de lutte de classes, pourquoi ? Car la nature reste là, et malgré ces déformations coupables de l’homme déchu, la hiérarchie est naturelle, et ces groupes, ces castes vont se diviser les rôles dans la société pour que dans l’ensemble elle tourne bien. Les impurs feront le cuir et tous les métiers impurs, les prêtres les sacrifices et les guerriers dirigeront.

Certes, tout le monde vit dans un intérêt bien compris, mais qui même mal intentionné va rarement contre la nature hiérarchique de la société : les puissants savent qu’ils ont intérêt à être plutôt justes, à donner du pain à tous et à occuper leur population pour garder leurpouvoir, et chacun dans les autres conditions sait qu’obéir est plus avantageux pour tous.

La « lutte des classes » n’existe en fait pas dans l’histoire de l’humanité : quand il y a des luttes ce n’est pas entre classe, c’est au contraire entre égaux, au sein du même monde. Les frères se tuent pour devenir rois, les cousins se déchirent en clan, entraînant tout leur corps politique, des vassaux jusqu’aux esclaves et même les impurs, dans des guerres féodales interminables. Les jacqueries qui existent sont toujours locales, pousser par la disette ou des abus, pour rétablir un équilibre, mais ce n’est jamais général, et même ces jacqueries restent hiérarchiques, dirigées par des coqs de village, des dignitaires locaux, etc.

Les persécutions exterminant les catholiques sont certainement le phénomène historique qui vient contredire frontalement la lutte des classes : quand Rome ou le shogun décide d’exterminer le catholique, il ne fait pas de différence entre un aristocrate, un paysan ou un esclave, il s’attaque à tous, en commençant par les grands qui sont ceux qui dirigent les autres.

Seule la christianisation de la société vient restaurer et soigner la nature blessée et les abus et les défauts qui viennent s’incruster dans la saine et belle inégalité naturelle et sa hiérarchie et son ordre.

Un chrétien sait qu’il a un père au ciel et que les autres chrétiens, devant Dieu, sont ses frères. Rien de moins rien de plus : cela n’a aucune conséquence politique sur la hiérarchie ou les inégalités. Elle ne fait que changer la façon d’exercer le pouvoir en le rétablissant à sa vraie vocation : à l’image de Jésus qui se fait l’esclave des autres dans ses tâches (le lavement de pieds) le prince chrétien se fait serviteur de tous, tout en restant Roi, à l’image de Jésus qui précise bien qu’il est le maître malgré tout.

La charité vient tout lisser et la société ancienne venait montrer au contraire que l’extrême inégalité des dignités venait aider à l’harmonie sociale : quand il n’y a pas de concurrences, quand il n’y a pas de comparaison possible, la lutte devient quasiment impossible. Un triangle ne va pas se comparer avec un violon. Un noble ne va pas se comparer avec un paysan, ce qui lui permet d’être proche de lui, de labourer et de faire travailler ses enfants avec eux. Les mondes sont si différents qu’ils vivent fraternellement. Au contraire, dès qu’il s’agit de pairs, la bataille commence : universitaires, associations, avocats, corporations, les égaux ne font pas bon ménage.

Seule la grâce peut permettre des miracles constants comme les monastères, qui ne sont pas des phalanstères puisque l’abbé, le père, est bien le chef absolu de son monastère, composé de moines et de frères laïcs, ces clercs adonnés aux tâches serviles. Mais le monastère reste un lieu de grande « égalité » permis simplement par le sacrifice total de chacun, et tout moine sait combien ce sont ses frères qui le font souffrir le plus, et servent à sa sanctification…

La fraternité universelle n’est qu’un mythe franc-maçon, et la fraternité chrétienne œcuménique sa version post-conciliaire dans l’Église.

Si l’arnaque de la lutte des classes a pu fonctionner ce n’est pas parce que les classes existent en tant que telles, et que la lutte est le moteur de la société, mais bien parce que la société révolutionnaire, d’abord religieuse (les protestants) puis politique (la révolution française) avait déjà abîmé l’autorité et l’ordre naturelle hiérarchique, en niant le roi et le père, et en faisant avancer démocratie et libéralisme, qui viennent faire croire que tout le monde est égal, et donc créer les conditions pour la guerre de tous contre tous.

C’est vraiment les LGBT du temps : si on dit à un garçon qu’il n’est pas un garçon et qu’il devrait être une femme, il va se faire la guerre contre ce qu’il est puis faire la guerre à tous qui lui crache tous les jours au visage la réalité de la nature qui ne correspond à ses rêves chimériques qu’on lui a instillé !

Donc non la lutte des classes est un mythe, et la fusion des mondes, le melting pot universel est non seulement impossible mais non souhaitable car c’est la guerre universelle.

La fraternité n’est pas la négation des mondes, des rôles sociaux, de la hiérarchie, mais au contraire la bonne harmonie ordonnée et coordonnée de tout cela, dans l’union comme fidèles sujets du roi et bons fils adoptifs de Dieu, tous héritiers du Ciel, et ainsi travaillant chacun à sa place pour faire son salut !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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