Points de vueSocial et économie

La lutte des classes existe

Il semblerait qu’un catholique doive refuser totalement la lutte des classes. Non comme un fait à combattre, mais comme un concept qui serait aussi intrinsèquement pervers que le communisme. Je pense au contraire qu’elle existe. Que Marx était brillant. Mais que nous pouvons, nous chrétiens, y mettre fin par la fraternité des classes.

Perversité du communisme :

Pour un marxiste, il n’est pas d’autre fin que d’atteindre la disparition totale des classes sociales. Cela pour construire un Paradis terrestre, où l’Homme serait autodéterminé. C’est affreux, ne nous y trompons pas ! Les conséquences furent terribles et il faut lire les dissidents des pays communistes pour bien se rendre compte de la perversité du communisme.

Pervers d’abord parce que le communisme refuse la loi naturelle. Préférant l’idée au réel, le mot d’ordre aux souffrances, et créant ainsi un système hypocrite. Combien d’habitants dans les goulags, en comparaison des habitants “libres” en URSS ? La preuve de l’absurdité du système communiste est bien montrée dans le livre L’odyssée cambodgienne de Haing Ngor, médecin qui fut, à la suite de la plupart des autres citadins, déporté dans les campagnes pour y planter du riz sans jamais pouvoir le manger.

Le communisme s’impose, aux dépens d’un ancien ordre traditionnel, plus ou moins fonctionnel, mais jamais pire que le nouveau système rouge. Ainsi, peut-on lire de la plume de Haing Ngor : “nous n’avions plus de moines, plus de temples, plus d’obligations familiales : les enfants laissaient mourir leurs parents, les épouses abandonnaient leurs maris, les plus forts continuaient leur chemin sans se retourner. Les Khmers rouges avaient brisé notre culture et ne laissaient que cette procession d’égoïstes et d’agonisants.” J’ai été particulièrement touché en lisant cet auteur cambodgien constater avec dépit et au tout début de sa phrase… La fin des monastères. Comme si la fin des monastères coïncidait étrangement avec la barbarie. Mais l’explication est au final assez logique : en expulsant Dieu, le communisme s’impose. En s’imposant après avoir expulsé Dieu, il crée un Enfer terrestre en lieu et place d’un prétendu Paradis.

Après des années de fac qui furent peuplées par des profs marxistes et des camarades ignorants qui ânonnaient des formules vides et absconses, j’ai eu la chance de bénéficier d’une formation théologique et philosophique. Dans laquelle le communisme était condamné et où l’on nous faisait lire Karl Marx et Satan du pasteur Wurmbrand véritable héros protestant se battant contre le communisme, ou encore Pardonne-moi Natacha écrit par un ancien agent de la police politique converti au christianisme. Ce fut une bouffée d’oxygène et je lis maintenant de tels auteurs presque comme une lecture spirituelle. En effet, j’apprends à chercher leur courage, à prier pour les victimes du communisme, et à tout faire pour rendre grâce de ne pas vivre dans un tel système.

Mais tout cela n’empêche rien au fait que la lutte des classes existe.

La lutte des classes :

Cette lutte des classes est visible dans toute société occidentale, peut-être même dans toute société tout court. Les riches ne sont pas simplement “plus riches” que les pauvres qui seraient “plus pauvres”. Ils sont aussi considérablement plus puissants. Et ils luttent pour le rester. Ce faisant, ils écrasent les pauvres. Nombreux ont été les auteurs à le remarquer, et il n’y a que nos coreligionnaires du XXIème siècle pour refuser de le voir.

Comment un pauvre s’intègre-t-il dans une paroisse tradi composée à 90 pourcents d’officiers de Marine ? C’est bien simple, il ne s’y intègre pas et fréquente alors les 10 % de pauvres qui restent. Et c’est en étant horrifié par ce scandale que je décidais d’aller boire du Ricard en terrasse avec les pauvres et en faisant la nique à ces officiers.

Comment un pauvre qui s’est enrichi louablement par l’auto entreprise dans le BTP ou la plomberie s’intègre-t-il aux riches qui le sont depuis quelques générations ? C’est bien simple, il ne s’y intègre pas non plus. Il a la piscine, pas les codes. La belle voiture, pas le “bon goût”. Les bons légumes du primeur, mais certainement pas la bonne manière de les manger.

Il ne peut y avoir alors qu’une défiance des riches envers les pauvres, et des pauvres envers les riches. C’est évident. Nous parlons de deux mondes qui se côtoient au quotidien et ne s’adressent jamais la parole que pour échanger de la manière la plus fonctionnelle possible. Le seul dialogue existant entre riches et pauvres consiste en ceci :

-Bonjour Monsieur Michu !

-Bonjour Madame de la Crestellière, comment allez-vous ?

-Bien, merci, remettez-moi un peu de pomelos.

-Vous avez raison, ils sont bien frais ! I

Il ne saurait donc y avoir de fraternité. Le terme fraternité devient dès-lors aussi galvaudé et ridicule que le terme égalité dans un régime communiste où les élites mangent du caviar pendant que les paysans crèvent de faim. Et pourtant, précisément, le Pape Léon XIII nous y appelait avec Rerum Novarum.

Il existe alors deux solutions face à cette épineuse problématique : soit nier la lutte des classes. soit, au contraire, la pratiquer. La première solution est celle des grands bourgeois et aristocrates qui peuplent la plupart des paroisses. Elle a pour intérêt d’être orthodoxe doctrinalement. Mais elle a pour défaut d’être profondément hypocrite. Et même, violente, car elle consiste à écraser les pauvres.

La seconde est celle des hérétiques qui choisissent la lutte des classes et la préfèrent de loin à l’Église. Ils sont un de ces multiples affluents de l’égout collecteur des hérésies qu’est le modernisme. Elle a pour intérêt d’être réaliste. Mais elle a pour défaut de ne certainement pas résoudre le problème et même de l’accentuer.

Je choisis librement et je propose une alternative à mes frères chrétiens. Celle d’accepter l’existence de la lutte des classes. Mais de vouloir la fraternité des classes. Il faut des décideurs et il faut des producteurs. Il est normal que nous soyons inégaux car la nature est ainsi. Mais il faut entre nous des rapports de charité et des inégalités qui ne soient pas criantes. Et je pense aussi, car je ne suis plus marxiste, que cela commence lorsque l’on décide de ne plus choisir ceux que l’on fréquente. Car en faisant ainsi, on choisit toujours ceux de notre classe sociale. Réflexe naturel…

Mais le surnaturel implique une plus grande fraternité. Alors réveillons-nous !

Ambroise Abouhatsera

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