La paix politique

La sagesse biblique enseigne les vérités d’une façon tout à fait rafraîchissante et toujours pénétrante.

Prenons ici un enseignement de politique foncier, que des Aristote ou des Confucius ont pu énoncer au terme d’une étude laborieuse et sans la subtilité de la sagesse divine :

« Trois choses me plaisent, et elles sont belles devant le Seigneur et les hommes : la concorde entre les frères, l’amitié entre les proches, et le bon accord entre le mari et la femme. » (Eccl. 25, 1-2)

Analysons d’abord l’aspect positif de ce qui plaît au Seigneur : « la concorde entre les frères, l’amitié entre les proches, et le bon accord entre le mari et la femme ». Nous avons un résumé tant des fondements de la politique paisible, que déjà de façon voilée l’annonce de la charité chrétienne, et de l’ordre de la charité.

La concorde entre les frères se comprend avant tout comme celle des frères de sang qui, dans la nature abîmée, ont tendance à la guerre fratricide (puisqu’ils sont, si ce n’est égaux, très proche par la nature, et peuvent facilement se jalouser et se disputer un héritage). Par extension, c’est la concorde entre les frères par la surnature, soit la grâce, et là encore c’est un travail de tous les jours, laborieux. Le Seigneur aime ensuite voir l’amitié entre les proches, soit tous ceux qui nous sont proches tant par le sang, que par l’activité humaine ou par association, et, par extension, dans l’ordre surnaturel, ceux qui sont proches de Dieu. Enfin le bon accord entre la femme et le mari est le fondement de la communauté politique, car sans ce bon accord (avant même l’amitié et la concorde) l’exercice de l’autorité de façon saine devient quasiment impossible, avec toutes les conséquences qui s’ensuivent.

Ce passage biblique ne va pas plus loin, car parler de la famille, des proches et des frères c’est faire le tour de la politique fondamentale : le Roi n’est que le père des pères et le mari de la reine, ainsi que l’aîné de ses frères, et la clef de voûte de son royaume, qui soude une population, ces proches politiques.

Confucius, qui est résumé dans la déclaration impériale sur l’éducation au Japon en 1891, ne dit rien d’autre : il insiste sur l’importance de la piété filiale, la concorde entre frères, le bon accord dans le couple et la confiance dans l’amitié (l’amitié entre proches), ce qui est censé apporter la fraternité universelle¹. La piété filiale se retrouve au fondement de la morale divine, en l’espèce le quatrième commandement, mais aussi un peu plus loin dans ce chapitre de la sagesse :

« Combien est grand celui qui a trouvé la sagesse et la science ! mais rien ne surpasse celui qui craint le Seigneur. La crainte de Dieu s’élève au-dessus de tout. Heureux l’homme qui a reçu le don de la crainte de Dieu : à qui comparera-t-on celui qui la possède ? La crainte de Dieu est le principe de son amour, et on y doit joindre inséparablement un commencement de foi. » (Eccl. 26, 13-16)

La crainte filiale recouvre la piété filiale : on obéit et on honore ses parents par crainte de les des décevoir. Et ici cela va bien plus loin que les raisonnements humains des plus grands sages : cette crainte filiale est le début de l’amour, et de la charité. Elle s’applique de façon naturelle, mais prend tout son sens quand on l’applique à Dieu.

Chez Confucius ou Aristote une certaine sagesse naturelle, issue de l’expérience, point, mais elle reste comme aride, voire stérile, car elle s’arrête à la nature.

Illustrons ce fait par le contraste de l’auteur divin qui continue ainsi : « Mais il y a trois sortes de gens que je déteste, et dont la vie m’est tout à fait odieuse : le pauvre orgueilleux, le riche qui use de fraude, et le vieillard voluptueux, dénué de sens. »

On peut comprendre, et il faut le comprendre littéralement. Le pauvre orgueilleux est ridicule est méchant, car il est sot de se croire riche quand on est pauvre. Sa vie est odieuse. Le riche qui ment et triche est odieux, car au lieu d’user de ses richesses pour montrer l’exemple, faire le bien et servir le bien commun, il tombe dans une avarice et les péchés pour augmenter sa richesse, alors qu’il n’en a pas besoin. Il est ridicule et sot. Et le vieillard voluptueux encore plus : quelle malice pour tomber dans l’impudicité alors même que visiblement le corps n’y prend même plus plaisir !

Mais tout cela se comprend aussi spirituellement : nous sommes tous des pauvres sur cette terre. Sans la grâce c’est patent, et avec la grâce aussi, car la nature blessée demeure. L’orgueil est ici odieux par excellence pour Dieu chez tous les hommes et dans toutes ses formes ! Tous ceux qui ont la grâce de Dieu sont comme des riches : « user des choses de Dieu au lieu d’en jouir » est odieux à Dieu. Et nous sommes encore tous, surtout les chrétiens qui par la Foi sont comme des vieillards sachant beaucoup : il est odieux malgré ce savoir et cette expérience de continuer à se vautrer dans le péché !

Allons ainsi aux sources de la vérité, à Dieu, et goûtons encore ce passage suivant, qui nous invite à amasser la vraie sagesse, et à devenir vieux le plus vite possible – quelque soit notre jeunesse naturelle par ailleurs :

« Ce que tu n’auras point amassé dans ta jeunesse, comment le trouveras-tu dans ta vieillesse ? Qu’il est beau pour les cheveux blancs d’avoir du jugement, et pour les vieillards de savoir conseiller ! Que la sagesse sied bien aux vétérans, et l’intelligence et le conseil à ceux qui sont élevés en gloire ! L’expérience consommée est la couronne des vieillards, et la crainte de Dieu est leur gloire. » (Eccl. 25, 5-8)

Nous avons ici un résumé pour travailler à la restauration politique : il nous faut amasser, étudier, connaître les principes, les appliquer dans les échecs Et ici il faut les vertus reines de la politique : conseil, prudence (jugement), expérience Et quand cela est couronné par la crainte de Dieu, alors la gloire est là

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac