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Mᵍʳ Viganò dénonce « la révolution conciliaire » et « l’apostasie moderniste »

[…] Le motu proprio Summorum Pontificum a réaffirmé que les fidèles et les prêtres ont le droit inaliénable – qui ne peut être nié – de se prévaloir de la liturgie qui exprime le plus parfaitement leur foi catholique. Mais ce droit doit être utilisé aujourd’hui non seulement, et pas tant, pour préserver la forme extraordinaire du rite, mais pour témoigner de l’adhésion au depositum fidei qui ne trouve une correspondance parfaite que dans le Rite Ancien. […]

Il ne s’agit donc pas de travailler de l’intérieur ou de l’extérieur de l’Église : les vignerons sont appelés à travailler dans la Vigne du Seigneur, et c’est là qu’ils doivent y rester même au prix de leur vie ; les pasteurs sont appelés à servir le troupeau du Seigneur, à tenir à distance les loups voraces et à chasser les mercenaires qui ne s’intéressent pas au salut des brebis et des agneaux.

Cette œuvre cachée et souvent silencieuse a été réalisée par la Fraternité Saint-Pie-X, qui mérite d’être saluée pour ne pas avoir laissé s’éteindre la flamme de la Tradition à un moment où la célébration de la messe antique était considérée comme subversive et un motif d’excommunication. Ses prêtres ont été une saine épine dans le flanc d’une hiérarchie qui a vu en eux un point de comparaison inacceptable pour les fidèles, un reproche constant de la trahison commise contre le peuple de Dieu, une alternative inadmissible à la nouvelle voie conciliaire.

Et si leur fidélité rendait inévitable la désobéissance au pape avec les consécrations épiscopales, grâce à eux la Société a pu se protéger de l’attaque furieuse des Innovateurs et par son existence même elle a permis la possibilité de la libéralisation du Rite Ancien, qui jusque-là était interdit. Sa présence a également permis aux contradictions et erreurs de la secte conciliaire d’émerger, faisant toujours un clin d’œil aux hérétiques et aux idolâtres, mais implacablement rigide et intolérante envers la vérité catholique. Je considère Mᵍʳ Lefebvre comme un confesseur de foi exemplaire, et je pense qu’à présent, il est évident que sa dénonciation du Concile et de l’apostasie moderniste est plus que jamais d’actualité. Il ne faut pas oublier que la persécution à laquelle Mᵍʳ Lefebvre a été soumis par le Saint-Siège et l’épiscopat mondial servait avant tout de dissuasion aux catholiques réfractaires à la révolution conciliaire. Je suis également d’accord avec l’observation de Son Excellence Mᵍʳ Tissier de Mallerais sur la coprésence de deux entités à Rome : l’Église du Christ a été occupée et éclipsée par la structure conciliaire moderniste, qui s’est établie dans la même hiérarchie et utilise l’autorité de ses ministres pour prévaloir sur l’Époux du Christ et notre Mère. L’Église du Christ — qui non seulement subsiste dans l’Église catholique, mais qui est exclusivement l’Église catholique — n’est obscurcie et éclipsée que par une étrange Église extravagante établie à Rome, selon la vision de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich. Cela coexiste, comme le blé à la tare, dans la curie romaine, dans les diocèses, dans les paroisses. Nous ne pouvons pas juger nos pasteurs pour leurs intentions, ni supposer qu’ils sont tous corrompus dans la foi et la morale ; au contraire, nous pouvons espérer que beaucoup d’entre eux, jusque-là intimidés et silencieux, comprendront — alors que la confusion et l’apostasie continuent de se répandre — la tromperie à laquelle ils ont été soumis et finiront par se débarrasser de leur sommeil. […]

Si vous ne célébrez que la messe tridentine et que vous prêchez une saine doctrine sans jamais mentionner le Concile, que pourront-ils jamais vous faire ? Vous jetez hors de vos églises, peut-être, et alors quoi ? Personne ne pourra jamais vous empêcher de renouveler le Saint Sacrifice, même s’il se trouve sur un autel de fortune dans une cave ou un grenier, comme l’ont fait les prêtres réfractaires à la Révolution française, ou comme cela se passe encore aujourd’hui en Chine. Et s’ils essaient de vous distancer, résistez : le droit canon sert à garantir le gouvernement de l’Église dans la poursuite de ses buts premiers, pas à le démolir. Cessons de craindre que la faute de schisme incombe à ceux qui le dénoncent, et non à ceux qui le mettent en œuvre : ceux qui sont schismatiques et hérétiques sont ceux qui blessent et crucifient le Corps mystique du Christ, pas ceux qui le défende en dénonçant les bourreaux ! […]

Mᵍʳ Carlo Maria Viganò
Archevêque in partibus infidelium d’Ulpiana
Nonce apostolique émérite

L’article original, en anglais, est disponible ici.


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2 réflexions sur “Mᵍʳ Viganò dénonce « la révolution conciliaire » et « l’apostasie moderniste »

  • Benoît YZERN

    Alors qu’il existe des conceptions disruptives, dont les composantes philosophiques ou théologiques sont connues depuis les années 1930, et dont les conséquences doctrinales, liturgiques, pastorales et spirituelles sont connues depuis les années 1960, il est complètement fou qu’il ait fallu attendre le début des années 2010 et l’élection de François, puis le déroulement de son pontificat, pour que certains clercs catholiques, pourtant mieux ou plus informés que bien d’autres, commencent enfin à ouvrir les yeux, puis la bouche, sur ce que l’Eglise et les fidèles ont commencé à subir, en réalité, dès le début du premier avant-Concile, sous Pie XI.

    Or, c’est dès l’annonce d’Assise 2011 par Benoît XVI, en décembre 2010, que certains auraient dû pouvoir se poser quelques questions assez simples : pourquoi est-il impossible à un pape de refuser d’aller à Assise, dans le cadre d’une réunion placée sous le signe du “dialogue interreligieux”, ou plutôt du concordisme interreligieux, et pourquoi est-il impossible à un pape de refuser de s’inscrire dans le sillage de Jean-Paul II, qui est allé infiniment plus loin que Paul VI, en direction d’une certaine complaisance ou connivence, au bénéfice des religions non chrétiennes, ou au bénéfice de la soumission de toutes les religions à un agnosticisme perspectiviste, ou encore au bénéfice de la soumission du christianisme catholique à un panchristisme postmoderne ?

    Qui ne voit aujourd’hui qu’il y a eu, hier, tout un déficit d’utilisation du pontificat de Benoît XVI, notamment et surtout par Benoît XVI lui-même, en direction d’une clarification et d’une consolidation sans complaisances, non seulement sur les deux décennies Vatican II, mais aussi sur les deux décennies Jean-Paul II, dans les domaines dans lesquels Jean-Paul II a vraiment beaucoup agi pour que le néo-catholicisme post-conciliaire continue à s’éloigner du catholicisme ante-conciliaire, et dans ceux dans lesquels il a fort peu oeuvré pour recadrer les individus et les institutions, chez les Dominicains et les Jésuites ?

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  • Benoît YZERN

    Il est fait allusion ci-dessous à au moins une expression employée ci-dessus, à juste titre, par Mgr Vigano.

    En effet, celui-ci évoque, dans l’avant-dernier paragraphe du texte publié ci-dessus, une “étrange Eglise extravagante”.

    Cette notion d’extravagance semble vraiment appropriée, pour décrire et désigner ce à quoi nous sommes confrontés, depuis le début des années 1960 et du Concile Vatican II, car en effet nous sommes vraiment fréquemment en présence d’une anthropologie, d’une ecclésiologie, d’une pneumatologie et d’une politologie plus souvent placées sous le signe de l’extravagance propice à l’hétérodoxie et à l’humanitarisme, que sous celui de l’apostasie ou sous celui de l’hérésie, au sens propre de chacun de ces termes.

    Et une analyse des expressions qui constituent des synonymes, à l’égard de la notion d’extravagance, amène au recours à l’un de ces synonymes, c’est-à-dire à la notion d’excentricité, entendue ici comme une notion qui renvoient à des expressions et à des omissions, typiquement conciliaires, qui ont pour effet de favoriser un éloignement illégitime et inapproprié, vis-à-vis de Jésus-Christ, en tant que centre…

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