Chretienté/christianophobie

Sermon sur la vocation sacerdotale, à la lumière de Ste. Thérèse de Lisieux

Introduction

Le dimanche du Bon Pasteur est dédié aux vocations sacerdotales. C’est donc de ce sujet dont je vous parlerai aujourd’hui en me référant aux lettres de Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus à ses frères spirituels, les abbés Roulland et Bellière. Ce que dit Ste. Thérèse, Docteur de l’Église, est bien propre à exciter la générosité de ceux que Dieu appelle au sacerdoce.

Je vous rappellerai d’abord le plan de Dieu par rapport aux vocations sacerdotales, ensuite nous verrons la raison essentielle de devenir prêtre selon Ste. Thérèse, et enfin ce qu’elle répond aux objections à la vocation sacerdotale.

1. Le plan de Dieu par rapport à la vocation sacerdotale

Dieu nous a créé en ayant sur nous un plan qu’Il nous a révélé : celui de nous sauver de l’enfer et nous faire partager son bonheur éternel par l’intermédiaire de Notre-Seigneur Jésus Christ. Jésus Christ seul est à la fois Dieu et homme. Lui seul donc peut satisfaire entièrement pour nos péchés et nous sauver de l’enfer ; Lui seul peut nous mériter le don de la vie éternelle. Lui seul peut nous unir à Dieu. Notre-Seigneur Jésus est donc le Souverain Prêtre, c’est-à-dire l’unique et nécessaire médiateur entre Dieu et les hommes. Son œuvre sacerdotale, c’est de donner de la gloire à Dieu en sauvant les hommes de l’enfer, en faisant d’eux des enfants de Dieu et en leur communiquant le bonheur éternel.

Le plan de Dieu, c’est aussi que Notre-Seigneur Jésus Christ Souverain Prêtre associe des hommes à son sacerdoce et à son œuvre sacerdotale. De la même façon que Dieu a décidé de s’associer les époux pour la création de nouveaux êtres humains, de même Il a décidé de s’associer des hommes à l’œuvre de la Rédemption.

Réalisant ce plan, à travers les siècles Dieu fait naître les hommes qu’Il appelle à participer au sacerdoce du Christ, avec les qualités physiques et intellectuelles nécessaires pour remplir cette mission. Puis au temps voulu, de diverses manières, Notre-Seigneur leur fait connaître son désir de se les associer à son sacerdoce et Il les attire à répondre généreusement à son appel. Cet appel, cette attraction ne sont généralement pas aussi visibles et directs comme dans le cas de St Matthieu, quand Notre-Seigneur lui dit d’une voix claire et nette : « Suis-moi ». Cet appel se manifeste généralement sous la forme d’un désir d’aimer Notre-Seigneur plus parfaitement, d’un attrait paisible et persistant vers le sacerdoce. Notre-Seigneur Jésus fait sentir son appel surtout quand Il visite les âmes par la Sainte Communion. Cependant c’est quand le supérieur du séminaire autorise le candidat à recevoir le Sacrement de l’Ordre, que ce dernier a la certitude d’être appelé par Dieu au sacerdoce.

Il y a donc dans l’histoire de la vocation sacerdotale deux côtés : d’un côté Notre-Seigneur Jésus qui appelle, et de l’autre l’homme qui décide librement de répondre ou pas à cet appel. Voyons maintenant quelle est la raison essentielle pour laquelle un homme répond à l’appel du Christ.

2. Pourquoi devenir prêtre

Dans ses lettres, Ste. Thérèse ne mentionne qu’un seul motif pour choisir de devenir prêtre : l’amour de Notre-Seigneur et le désir de le faire aimer par d’autres.

Aimer Jésus, c’est être attiré par sa sainteté, sa beauté et sa bonté ; c’est Lui vouloir du bien, vouloir Lui donner autant qu’Il nous a donné : notre amour pour son amour, notre vie pour sa vie, et notre sang pour son sang. Aimer Jésus, c’est Le réjouir en voulant la même chose que Lui, à savoir sauver tous les hommes, à n’importe quel prix. Ste. Thérèse d’Avila disait qu’elle donnerait 1000 vies pour sauver une seule âme.

Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus rappelle dans une lettre les belles paroles du prophète Isaïe, les mettant sur les lèvres de tout prêtre : « L’esprit du Seigneur s’est reposé sur moi, Il m’a rempli de son onction. Il m’a envoyé pour annoncer sa parole, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour rendre la liberté à ceux qui sont dans les chaînes et consoler ceux qui pleurent. » (Is. 61;1-2). « J’irai dans les îles les plus reculées, vers ceux qui n’ont jamais entendu parler du Seigneur. J’annoncerai sa gloire aux nations et je les offrirai comme un présent à mon Dieu. » (Is. 66 ; 19-20). Ste. Thérèse écrivait à l’abbé Bellière, séminariste : « Travaillons ensemble au salut des âmes, nous n’avons que l’unique jour de cette vie pour les sauver et donner ainsi au Seigneur des preuves de notre amour. » (Lettre 213).

La charité est donc au cœur d’une vocation sacerdotale : d’un côté l’amour particulier de Notre-Seigneur pour un homme qu’Il se choisit comme son collaborateur, son représentant, son ami : « Je ne vous appellerai plus serviteurs… Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que J’ai appris de Mon Père, Je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui M’avez choisi, mais c’est Moi qui vous ai choisis. » (Jn. 15 ; 15-16). De l’autre côté l’amour particulier d’un homme pour Jésus Christ, le faisant renoncer à tout afin de se donner entièrement à Jésus et à son œuvre. C’est cet amour qui rend un homme capable de dépasser tous les obstacles qui s’opposent à sa vocation.

3. Les obstacles à la vocation sacerdotale

Notre-Seigneur Jésus appelle mais ne force pas. Car Il veut une réponse d’amour et l’amour ne se force pas. Il veut que nous répondions librement à son appel, et pour que ce choix libre soit bien manifeste Il permet parfois que celui qu’il appelle ait à surmonter des obstacles pour réaliser sa vocation.

Une première difficulté peut se trouver dans l’affection naturelle qu’on a pour sa famille et inversement. Devenir prêtre implique une certaine séparation physique par rapport à sa famille. A celui qui est appelé par Jésus mais qui est arrêté par cette difficulté, Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus dit ceci : « Jésus connaît l’étendue de votre sacrifice, il sait que la souffrance de ceux qui vous sont chers augmente encore la vôtre mais Lui aussi a souffert ce martyre ; pour sauver nos âmes, Il a quitté sa Mère, Il a vu la Vierge Immaculée, debout au pied de la Croix, le cœur transpercé d’un glaive de douleur, aussi j’espère que notre Divin Sauveur consolera votre bonne mère, et je le lui demande instamment. Ah ! Si le Divin Maître laissait entrevoir à ceux que vous allez quitter pour son amour la gloire qu’Il vous réserve, la multitude d’âmes qui formeront votre cortège au Ciel, ils seraient déjà récompensés du grand sacrifice que votre éloignement va leur causer. » (Lettre 213).

Une deuxième difficulté peut se trouver dans le désir naturel et en soi légitime de fonder une famille. À celui qui hésiterait à répondre à l’appel de Jésus pour cette raison, Ste. Thérèse rappelle la parole de Notre-Seigneur : « Quiconque aura quitté sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de Mon nom, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle. » (Mt. 19:29). Et aussi les paroles de Dieu à travers le prophète Isaïe, paroles que Jésus adresse à ceux qu’Il appelle au sacerdoce : « Lève les yeux et regarde autour de toi : tous ceux-ci sont assemblés, ils viennent à toi ; tes fils viendront de loin, et tes filles surgiront de tous côtés. Alors tu verras et tu seras dans l’abondance, ton cœur s’étonnera et se dilatera, lorsque les richesses de la mer se tourneront vers toi, et que la force des nations viendra à toi. » (Is. 60;4-5). En effet, le prêtre devient le père spirituel d’un grand nombre d’hommes et de femmes, et cela compense largement son sacrifice de fonder une famille par le mariage.

Une troisième difficulté peut se trouver dans les séductions du monde : activité professionnelle, l’argent, le confort, le luxe, la célébrité, les amusements… L’abbé Bellière, séminariste, se sentait fortement tenté par tout cela. Ste. Thérèse composa une prière spéciale pour lui, dans laquelle elle dit : « Divin Jésus, écoutez la prière que je vous adresse pour celui qui veut être votre missionnaire, gardez-le au milieu des dangers du monde, faites-lui sentir de plus en plus le néant et la vanité des choses passagères et le bonheur de savoir les mépriser pour votre amour. » Ste. Thérèse au Ciel fait certainement la même prière pour tous ceux que Jésus appelle à son sacerdoce.

Ceux qui se sentent tentés par le monde devraient lire et relire le chapitre 2 du livre de l’Ecclésiaste. Citons simplement ces paroles du Roi Salomon: « Je m’amassai de l’argent et de l’or, et les richesses des rois et des provinces ; je me procurai des chanteurs et des chanteuses, et les délices des fils des hommes, et des coupes pour servir à verser le vin ; et je surpassai en richesses tous ceux qui ont été avant moi dans Jérusalem ; la sagesse aussi demeura avec moi. Je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils ont désiré, et j’ai permis à mon cœur de jouir de tous les plaisirs, et de prendre ses délices dans tout ce que j’avais préparé, et j’ai cru que mon partage était de jouir de mes travaux. Puis, m’étant retourné vers tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et vers les travaux où j’avais pris une peine inutile, j’ai vu en tout vanité et affliction d’esprit, et j’ai reconnu que rien n’est stable sous le soleil. » (Eccl. 2 ; 8-11). Combien tout cela est vrai ! Quelle aberration de refuser de suivre Notre-Seigneur Jésus Christ pour conserver des biens que de toute façon nous perdrons définitivement et nécessairement à notre mort !

Conclusion

Chers Fidèles, pendant cette Messe particulièrement, à l’imitation de Ste. Thérèse de l’Enfant Jésus, demandons à Notre-Seigneur Jésus Christ et à la Sainte Vierge, des grâces puissantes pour ceux que Jésus appelle au sacerdoce. Qu’ils voient la vanité du monde et le méprise, qu’ils soient enflammés d’amour pour Jésus et du désir de sauver les âmes, et qu’ils repoussent victorieusement les assauts du démon de l’impureté. En résumé, qu’ils répondent généreusement à leur vocation.

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