Chretienté/christianophobie

Sermon sur la parabole des invités au grand souper

Notons qu’il s’agit ici de l’Evangile lu lors de la messe du 2e dimanche après la Pentecôte. En France, la plupart des paroisses célèbrent la Fête-Dieu, qui comporte un autre Evangile.

Introduction

Dans la parabole de l’Évangile d’aujourd’hui, Notre-Seigneur Jésus Christ nous parle d’un homme qui fit un grand souper et qui invita de nombreux convives. Cet homme, c’est Notre-Seigneur Jésus Christ. Le souper, c’est le repas du soir, à la fin de la journée de travail, moment de détente, de repos, de récompense pour le travail fourni. Ce souper qu’a préparé Notre-Seigneur Jésus, c’est le bonheur éternel qu’Il nous promet à la fin de notre vie terrestre, en récompense de notre travail, c’est-à-dire l’accomplissement de ce que Dieu nous demande. Jésus nous dit que son souper est « grand », car le bonheur éternel qu’Il nous promet dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Rappelez-vous les mots de St. Paul : « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a point entendu, et ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment, c’est à nous que Dieu l’a révélé par Son Esprit. » (1 Cor 2;9).

Notre-Seigneur Jésus nous invite, Il ne nous force pas. C’est la raison pour laquelle Il nous a créés avec la liberté. De nos jours, il est bon de dire et répéter que la liberté, ce n’est pas le droit de faire tout ce qui nous plaît. Dieu ne veut pas et donc ne donne pas le droit d’adorer des faux dieux, de blasphémer, de tuer l’innocent, de se livrer aux débauches impures, de voler, de mentir, etc. La liberté, c’est la faculté de choisir volontairement ce que Dieu veut, de coopérer volontairement au plan d’amour de Dieu sur nous. Notre-Seigneur Jésus nous invite donc à répondre volontairement, par amour pour Lui, à son invitation.

Voyons maintenant les trois catégories d’invités : les premiers invités, les deuxièmes invités et les troisièmes invités.

1. Les Premiers invités

Les premiers invités sont les gens bien établis dans la ville. La ville signifie l’Église, l’ensemble des gens qui ont la Foi. Ces gens bien établis dans la Foi sont d’abord les chefs religieux et civils juifs. Ce sont les premiers invités dans le sens que c’est d’abord à eux que Dieu a envoyé les Prophètes, puis St. Jean-Baptiste et enfin Notre-Seigneur Jésus Christ Lui-même pour les instruire du Royaume de Dieu et leur indiquer la voie à suivre pour l’atteindre. Notre-Seigneur dit que « tous unanimement » déclinèrent l’invitation. En effet, l’ensemble de chefs religieux et civils juifs ont rejeté Notre-Seigneur Jésus Christ pour des raisons de domination politique « J’ai acheté une terre, et il est nécessaire que j’aille la voir » ; pour des raisons d’amour du lucre « J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer » ; pour des raisons de sensualité « J’ai épousé une femme, et c’est pourquoi je ne puis venir. »

Mais dans ces premiers invités, ne voyons pas simplement les Juifs du passé et du présent. Voyons aussi les Catholiques bien établis dans l’Église Catholique, à qui Notre-Seigneur a beaucoup donné dès leur enfance : des parents Catholiques, le Baptême, le catéchisme, les Sacrements, les prédications, les écoles Catholiques, les retraites spirituelles… mais qui se laissent étouffer par l’esprit du monde qui consiste en la satisfaction des trois concupiscences : orgueil de la vie, concupiscence des yeux et concupiscence de la chair. Dans la parabole du semeur, Notre-Seigneur parle de ces Catholiques les comparant à de la semence étouffée par les ronces : « Ce qui tombe parmi les épines, ce sont ceux qui ont écouté la parole, et qui s’en vont et sont étouffés par les sollicitudes, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne portent pas de fruit. » (Lc 8;14). Voyez l’unité de doctrine entre les deux paraboles : ceux dont la Foi est étouffée par les sollicitudes sont les invités qui disent « J’ai acheté une terre, et il est nécessaire que j’aille la voir » ; ceux dont la Foi est étouffée par les richesses sont les invités qui disent : « J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer » ; ceux dont la Foi est étouffée par les plaisirs de la vie sont les invités qui disent : « J’ai épousé une femme, et c’est pourquoi je ne puis venir. »

Tirons immédiatement pour nous-même la conclusion pratique : la plupart d’entre nous faisons partie de ces premiers invités car nous avons beaucoup reçu depuis notre enfance. Écoutons l’avertissement de Notre-Seigneur. Nous devons nous méfier de l’esprit du monde et mettre en pratique ce que dit St. Paul aux Corinthiens : « Le temps est court ; ce qui reste à faire, c’est que ceux qui ont des femmes soient comme ne possédant pas… ceux qui achètent, comme ne possédant pas ; et ceux qui usent de ce monde, comme n’en usant pas ; car la figure de ce monde passe. » (1 Cor 7;29).

2. Les deuxièmes invités

Voyons maintenant les deuxièmes invités de la parabole d’aujourd’hui. Abandonnant les premiers invités à leurs vanités, Notre-Seigneur étend son invitation aux « pauvres, aux estropiés, aux aveugles et aux boiteux » de la ville. Qui sont-ils ? Ce sont d’abord le peuple juif moins instruit, pauvre, accablé de misères physiques et morales. En effet, abandonnant les chefs juifs à leur soif de pouvoir, de richesses et de plaisirs, Notre-Seigneur porta son invitation au peuple juif plus réceptif. Rappelez-vous ce que dit Jésus à la Cananéenne priant pour la guérison de sa fille : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15;24). Et nous lisons dans l’Évangile comment ce peuple juif écoutait Jésus avidement, le suivait, l’approchait avec confiance pour être guéri de ses misères.

Mais dans ces deuxièmes invités, les « pauvres, estropiés, aveugles et boiteux » de la ville, ne voyons pas seulement le peuple juif du temps de Notre-Seigneur. Voyons aussi en eux tous les Catholiques qui se reconnaissent pauvres en mérites, estropiés par leurs mauvaises habitudes, aveugles par leur manque de Foi et boiteux par leur manque de vertu. À ces Catholiques qui peut-être sont tentés par le découragement, le désespoir, la tristesse, qui ont peur d’approcher Notre-Seigneur à cause de leur péchés, Jésus dit de venir à Lui avec confiance car son amour est miséricordieux. « Celui qui vient à Moi, Je ne le jetterai pas dehors » (Jn 6;37), « Venez à Moi, vous tous qui êtes fatigués et qui êtes chargés, et Je vous soulagerai. » (Mt 11;28).

Tirons ici aussi immédiatement la conclusion pratique pour nous. Nous sommes tous spirituellement des « pauvres, des estropiés, des aveugles et des boiteux » : admettons-le humblement mais sans jamais nous décourager dans nos efforts de vie chrétienne. Allons à Jésus avec confiance, restons près de Lui de pensée et de cœur, laissons-Le nous enrichir, nous guérir, nous éclairer et nous faire progresser rapidement dans l’amour de Dieu et du prochain.

3. Les troisième invités

Voyons enfin les troisièmes invités de la parabole, c’est-à-dire les gens qui vivent hors de la ville, comme des bêtes sur les chemins et le long des haies. Ces troisièmes invités sont tous les peuples qui n’ont pas la Foi dans le vrai Dieu, qui vivent au gré de leurs passions, dont l’esprit ne s’élève pas au-dessus des choses terrestres, qui vivent comme des animaux. Ceux-là aussi Notre-Seigneur les invite tous sans exception, à venir vers Lui pour qu’Il leur donne le bonheur éternel. Il leur envoie ses serviteurs, prêtres et laïcs, pour les « contraindre » à entrer au Ciel.

Comprenez-bien ici ce que signifie cette contrainte. Il ne s’agit pas bien sûr de violence physique ou morale. Il s’agit de la contrainte de l’amour. Plus on aime, plus on est attiré vers ce qu’on aime. L’amour est une force qui entraîne notre volonté avec douceur et suavité. St. Augustin dit magnifiquement « l’amour est le poids qui m’entraîne ». Jésus nous dit donc, à nous tous ses serviteurs, qu’il faut contraindre les païens et les pécheurs à entrer dans le Royaume de Dieu en leur faisant voir l’amour de Notre-Seigneur Jésus Christ pour eux, afin que cet amour les attire à se donner librement à Lui.

Comment concrètement leur faire voir l’amour de Notre-Seigneur ? En priant et se sacrifiant pour eux, comme Notre-Dame l’a dit si souvent. En leur donnant l’exemple de la charité chrétienne, comme l’a dit Notre-Seigneur : « C’est en ceci que tous connaîtront que vous êtes Mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13;35). En leur parlant avec simplicité et sans respect humain de Jésus Christ et de sa doctrine, car Notre-Seigneur a commandé de prêcher : « Allez donc, enseignez toutes les nations, … leur enseignant à observer tout ce que Je vous ai commandé. » (Mt 28;19-20). En acceptant de souffrir en aimant Dieu car c’est ainsi que Jésus nous a racheté sur la Croix.

Conclusion :

Chers Fidèles, pour résumer : nous faisons partie des premiers invités car nous avons tous ici beaucoup reçu : protégeons-nous de l’esprit du monde en donnant à Dieu et aux choses éternelles la priorité dans notre vie. Nous faisons partie des deuxièmes invités car nous sommes tous pécheurs : allons à Jésus et Marie avec humilité et confiance en leur amour miséricordieux. Et par rapport aux troisièmes invités, soyons tous des missionnaires courageux et ardents de l’amour de Notre-Seigneur et de Notre-Dame.

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