La vanité des sciences humaines
L’homme moderne est imbu de fatuité en croyant que sa technique le mette au-dessus des autres, voire l’intronise comme un nouveau dieu prométhéen bouffi d’orgueil. Il oublie que malgré les progrès techniques, la décadence spirituelle et morale devient si patente qu’elle dégrade tout autant le champ des sciences. Lequel devient toujours plus mécanique et appliqué, sans plus le génie des temps anciens, où on laissait le temps à l’intelligence de mûrir et où la réalité divine, même quand elle était niée, était en fait toujours présente.
Nos « sciences » humaines sont des lumières bien faibles, et toujours impuissantes devant les maladies, nos faiblesses, la vieillesse. Nous passons dans ce monde et notre intelligence aussi. Les plus grands philosophes et scientifiques non-chrétiens, sont, à y regarder de près, toujours quelque peu tristes et défaits car, quoiqu’ils cultivent une des facultés les plus nobles de l’âme humaine, ils oublient de l’ordonner au plan divin et donc, in fine, ils vivent dans un désordre qui conduite à un sentiment de vacuité d’autant plus vertigineux que l’intelligence, normalement, est faite pour être tourné vers la Vérité par excellence : Dieu, l’Intelligence suprême qui a créé la nôtre à son image.
Nos sciences naturelles et autres ne sont nobles que tant qu’elles restent soumises à notre réalité métaphysique. Nous parvenons à comprendre certains éléments de la nature qui nous entourent que par participation de nos intelligences à l’intelligence divine qui a créé cette nature. La science est en fait en elle-même une preuve de l’existence de Dieu, car sans Dieu il n’y aurait pas de création, et il n’y aurait ni lois ni ordre que nos intelligences, modelées par le même créateur, pourraient découvrir.
L’homme déchu reste pourtant présomptueux et s’approprie ce qui ne lui appartient pas. Il fait semblant de croire qu’il doit son intelligence à lui-même alors que tout semble crier pour bien lui signifier que c’est évidemment un don, et que par lui-même il ne peut pas faire grand-chose. Cultiver une plante n’est pas créer la graine que l’on met en terre : travailler dur pour aiguiser son intelligence ne veut évidemment pas dire que cette faculté vient de nous, et a été faite par nous.
Évident normalement, mais tellement nié par notre temps…
La sainte Écriture résume notre vanité d’une part, et surtout le moteur fondamental de la science :
« Celui qui vit éternellement a créé toutes choses à la fois. Le Seigneur sera seul trouvé juste, et Il demeure à jamais le roi invincible. Qui est capable de raconter Ses œuvres ? Qui pourra pénétrer Ses merveilles ? Qui exprimera la puissance de Sa grandeur, ou qui entreprendra d’expliquer Sa miséricorde ? On ne peut rien diminuer, ni rien ajouter aux merveilles de Dieu, et elles sont incompréhensibles. Lorsque l’homme aura fini ses recherches, il ne fera que commencer ; et lorsqu’il s’arrêtera, il sera saisi d’étonnement. » (Eccl. 18, 1-6)
Nos sciences, aujourd’hui déjà en décadence, n’ont été grandes que du fait de la chrétienté qui ordonnait la recherche à Dieu : il ne s’agissait ainsi pas de grandir l’homme dans une fatuité présomptueuse, mais de mieux admirer les œuvres de Dieu qui nous entourent et de mieux plaire à Dieu en exerçant notre intelligence qu’il nous a donné pour saisir cette Création, pour sa gloire, pour notre utilité et pour notre salut.
La science bien ordonnée ne peut que conduire à mieux aimer Dieu, car voyant la perfection de ses œuvres et de ses lois, nous ne pouvons que nous y attacher plus facilement. Voyant encore les conséquences du désordre lié au péché, nous ne pouvons que mieux aimer ses commandements. Et constatant combien le bon Dieu, dans une discrétion et une délicatesse toute divine, et donc toute christique, a réglé tout pour nous et pour sa Création, nous ne pouvons que mieux prendre conscience de son amour pour nous.
Les grandeurs de nos sciences n’existent que grâce à cet étonnement tout chrétien, qui se rend compte que quand il a fini ses recherches, il ne fait que commencer, commencer à aimer Dieu et à s’unir à lui.
Car l’homme est, quand on y réfléchit, bien misérable sur cette terre :
« Qu’est-ce que l’homme ? et quel est son mérite ? Quel bien ou quel mal y a-t-il en lui ? Le nombre des jours de l’homme est tout au plus de cent ans. Ces courtes années, comparées à l’éternité, seront réputées comme une goutte d’eau dans la mer, ou un grain de sable. C’est -pourquoi Dieu est patient à leur égard, et Il répand sur eux Sa miséricorde. » (Eccl. 7-9)
La science véritable, commandée par la vérité, amène toute bonne âme vers Dieu.
Mais comme toute chose très noble, l’homme déchu peut toujours, avec une perverse subtilité, détourner ces trésors de sagesse et d’intelligence pour tenter de se l’approprier dans la démesure si moderne…le temps qu’il meurt et consomme son jugement, car Dieu est toujours juste.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul-Raymond du Lac