La royauté et la politique en France
La France, pays plus que millénaire, n’existe que par la royauté. La France en tant que France est née en 496. La France n’est pas simplement un pays, la Gaule, amas de tribus disparates, certes culturellement et ethniquement plus ou moins unie, sectatrice d’une religion polythéiste, animiste et centrée sur la nature, mais politiquement désespérément divisée, qui fut conquise par Rome par la faute même et sur l’appel des Gaulois. La France n’est pas non plus simplement un royaume mouvant de Francs païens, dont les rois se croyaient descendants des dieux, de race divine, avec une religion germanique polythéiste. La France, disions-nous, est issue directement du baptême de Clovis, et de sa conservation bien réussie de la légitimité romaine, tout en protégeant les gaulois catholiques, qui l’ont accueilli avec joie, contre les royaumes barbares ariens de l’époque et leurs persécutions, que ce soit les burgondes ou les goths.
La France est issue du mariage de la Gaule romanisée et des Francs germains : deux peuples nobles, deux peuples libres, deux peuples courageux. Et leur union se fit dans l’élection divine de Clovis par Dieu à travers le travail de ses ministres, les princes de l’Église, soit les évêques et en particulier saint Rémi, et encore par la reine burgonde catholique Clothilde.
Ce miracle initial, que le sacre des rois nous rappelle jusqu’à aujourd’hui avec la sainte huile descendue du ciel avec la colombe, est le fondement de la France, incarné et renouvelé de génération en génération par la souche royale. Les différentes « dynasties », que présentent l’historiographie post-révolutionnaire, ne sont pas en rupture les unes avec les autres, mais sont unies tant par une filiation spirituelle, que nominalement par le sang, au moins par les femmes. Le roi Louis XX, notre roi actuel, est non seulement le descendant de Louis XIV, saint Louis et Hugues Capet, mais aussi de Charlemagne et de Clovis. Il hérite de la même mission donnée à Clovis en 496, celle de faire la « gesta Dei per francos » : l’œuvre de Dieu par les Francs.
La France contemporaine est aimée de par le monde : les cathédrales, les châteaux, les paysages, les terroirs et les villes. Nous citerons par exemple Notre-Dame de Paris, Versailles, l’Elysée, le Mont saint Michel, la sainte Chapelle, le Palais Bourbon, etc., mais encore la gastronomie française, la langue, la culture. Tout cela provient de la monarchie très chrétienne et de nos rois.
La gastronomie française n’est rien d’autre que la façon dont mangeait le roi, la langue française rien d’autre que la langue de la Cour, nos églises et notre patrimoine rien d’autre que le signe visible de la foi de nos ancêtres et de la protection et du soutien indéfectible de nos rois, quand ce patrimoine n’est pas leur œuvre, ou celle de leurs vassaux. On sait combien les fondations royales furent nombreuses partout en France.
Nos rois ont traversé l’histoire et ses vicissitudes, et avec Hugues Capet la loi salique s’installe solidement, assurant une postérité et une stabilité qui dure jusqu’à aujourd’hui. Cette solidité des lois de successions, qui composent une partie majeure des lois fondamentales de la France – cette sorte de constitution coutumière non-écrite de la France, et que la Révolution a voulu balayer dès le premier jour en prétendant écrire une constitution – permet encore à la France de vivre aujourd’hui à travers ses rois et le maintien de la souche royale très chrétienne. Malgré la Révolution, et malgré tous les changements politiques du XIXe siècle et les tentations multiples d’apostasie ou de compromis avec la liberté, nos rois ont non seulement perduré jusqu’à aujourd’hui, (ce qui est déjà une performance vu les forces diaboliques en présence) mais se sont maintenus catholiques, pratiquants et traditionnels ! La bénédiction de Dieu n’a pas disparu.
Les Capétiens ouvrirent ainsi en 987 une époque de construction de la France stable, solide, réaliste et progressive. Depuis ce temps et jusqu’à la Révolution, la France n’a fait que grandir et prospérer, se développer, tant qu’elle œuvrait pour la gloire de Dieu. Elle était punie quand elle oubliait Dieu – et la Révolution est un exemple.
Le XIIIe siècle pose des bases institutionnelles supplémentaires, dans cet âge d’or de la France et de la chrétienté médiévale, avec des institutions qui existent encore parfois aujourd’hui dans les logiques et les noms (le garde des sceaux par exemple, ou le conseil constitutionnel, héritier des anciens parlements). C’est surtout la consolidation d’une justice royale forte et équitable, dont les procédures et la philosophie sont le fondement de notre droit moderne, moins le positivisme juridique. La garantie de la procédure, les appels, et surtout la procédure inquisitoire proviennent de ces époques, et sont aujourd’hui mis à mal. L’idée que des lois supérieures s’imposent même au roi sont des idées chrétiennes, et réalisées concrètement dans l’Ancienne France, royaume libre par excellence, où tout esclavage avait disparu, puisque selon l’adage juridique : le royaume de France rend libre. Vous posiez un pied en France, vous étiez libres. Les serfs, qui servent parfois d’épouvantails pour les historiens révolutionnaires, étaient en fait des privilégiés que les seigneurs ne pouvaient jamais expulsés et qui avaient la garantie de l’usage de leur terre à perpétuité. Ils pouvaient surtout cesser d’être serfs, moyennant une procédure administrative simple, aux noms divers selon les terroirs, par exemple le droit de déguerpissement. Procédure aussi simple que d’aller faire une procuration à la mairie, de nos jours.
La propriété était préservée, grâce aux notaires, sans qu’elle soit abusée, car la France royale très chrétienne savait toujours donner priorité au bien commun, et faisait la différence entre droit d’usage et propriété. Le Roi surtout, et ses vassaux, protégeaient l’Eglise et les ordres religieux, qui, sous ce bon patronage, ont fait la France. L’Ancienne France, à travers toutes ces œuvres religieuses, avaient ses hôpitaux, ses hospices, ses services de soin des pauvres et d ‘aide aux plus démunis. Les religieux et religieuses, ces armées d’esclaves volontaires de Dieu, se sacrifiaient tous les jours pour s’occuper des plus démunis et faire du bien autour d’eux. Les moines ont mis en place aussi les vignes, les universités, les sciences que la modernité n’a pas inventé du tout.
Les métiers étaient protégés par le système corporatif, toujours dans le souci du bien commun et du salut général. La publicité était interdite, et certains métiers avaient stricte interdiction de faire du profit, comme les médecins.
La grandeur de la France est royale : les Louis XIV et les Bourbons en sont la preuve.
Les épisodes glorieux qui se passent après 1789 ne le sont qu’en relation avec l’héritage royal. La diplomatie française gaullienne n’est rien d’autre que la diplomatie capétienne appliquée à cette époque. La grandeur de l’armée française n’est autre que l’héritage de l’armée royale. Dans ces deux corps en particulier la noblesse d’ancien régime fut toujours présente. La conservation du patrimoine et la grandeur culturelle de la France ne furent maintenues que par cette culture royale.
Plus le mouvement royaliste en France fut puissant après la Révolution, plus la France fut grande. Ne parlons même pas des restaurations de 1814 et 1815-1830, qui opérèrent le miracle d’éponger les terribles guerres napoléoniennes, de rembourser les dettes de la France, de reconstruire le pays et de conserver à la France une place de premier plan dans les relations internationales. On l’oublie, mais c’est une sorte de miracle. C’est un peu comme si, toute chose égale par ailleurs, le Japon de 1945 avait réussi à conserver une armée, une souveraineté et une place diplomatique malgré sa défaite.
Une autre restauration a failli se produire en 1873 avec le comte de Chambord, et jusque dans les années 50, l’Action française donne le ton politique en France.
Les idées politiques royalistes sont en réalité le fondement des « conservateurs » en France, et de la tradition. Les idées légitimistes en particulier sont la tradition politique française par excellence, indissociable du catholicisme qui est sa matrice. C’est comme l’application et l’expérience cumulée de deux millénaires chrétiens en France, et incarnée par le roi.
Combat politique et combat religieux ont toujours été unis. La Révolution combattait le Roi car il était catholique, et une fois qu’elle prend le pouvoir avec les jacobins, ou avec la troisième République, elle persécute l’Église. Le roi est absent pour protéger l’Église : la révolution continue son œuvre. La restauration religieuse en France ne peut se faire que par le Roi très chrétien et sa restauration, puisque c’est bien le descendant de Clovis, d’une lignée élue par Dieu, et confirmée de nombreuses fois dans notre histoire.
Les années 60 et l’abandon des colonies ainsi que la libération sexuelle, le concile Vatican II et son esprit mondain, la persécution communiste et libérale contre les royalistes, ont été un coup dur pour la France : la décadence s’accélère sur le fond de la perte de vitesse des royalistes et de la Foi catholique.
Des preux, comme Jean- Marie Le Pen, n’auraient pas existé sans le royalisme. Sans le prôner, sans peut-être même en avoir conscience, il était pétri par la France royale et catholique.
Il est issu de la Bretagne chouanne, donc contre-révolutionnaire et royaliste, et très catholique…mais fils de son temps, il n’a pas réussi, ou ne pouvait pas peut-être aller jusqu’à nier la France impériale républicaine et gaulliste, qui semblait encore marcher, qui tenait socialement la route.
Mais sans le Roi et la Foi, la France meurt.
Ce qui faisait tenir la société se délite à une vitesse incroyable, inouïe, jusqu’à la dissolution de la famille, pourtant existence centrale tant dans la Royauté que dans la morale catholique.
Il fallait certainement passer par cette déchéance pour réveiller le vieux fond des Francs et rappeler les bienfaits de la restauration. Le mouvement royaliste renaît, et les personnes de bonne volonté comprennent chaque jour tout ce qu’ils doivent tant au Roi qu’au Christ et à son Église. La restauration royale se fait de façon concomitante à une conversion religieuse.
Pour se battre pour la France et contre la Révolution en France, il a toujours fallu être royaliste. Les royalistes, des contre-révolutionnaires réalistes et enracinés, se battent, certes, contre la révolution, mais surtout pour faire le contraire de la Révolution. Là où la révolution corrompt et détruit, de façon institutionnelle, les royalistes se battent pour le bien commun en montrant l’exemple, en fondant des familles, en se sacrifiant pour le bien commun, en servant le roi désigné par les lois fondamentales, en vivant en bons chrétiens, malgré toutes nos faiblesses.
Le combat n’a jamais cessé depuis la Révolution, et il atteint un paroxysme aujourd’hui, où l’existence même de notre pays est mis en cause par l’immigration massive et la destruction massive par la République de tout ce qui fait la France.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac