Critères pour accepter quelqu’un dans les ordres
Il est connu que toute vocation doit être soumise à l’épreuve, et que toute bonne vocation est en générale contrariée fortement avant de se réaliser. Toutes les vies des saints en témoignent d’une façon ou d’une autre : et on pourrait simplement prendre saint Thomas d’Aquin dont la mère et la famille refusent la vocation dominicaine au point de tenter de le perdre avec une fille de joie.
Le topos est connu : toute bonne vocation doit même vouloir être évitée par l’ordinand lui-même, qui ne peut souhaiter à un moment ou à un autre que Dieu lui épargne cette vocation de devenir prêtre ou moine ; cela ne signifie pour lui qu’un plus sévère et dur jugement. Qui peut vouloir partir avec moins de chances d’aller au paradis du fait de responsabilités plus grandes ?
Ces épreuves surmontées, l’appelé va encore être confronté à la réalité de la vie religieuse et du séminaire, avant l’ordination, avant les vœux définitifs, et sera passé au crible par des supérieurs prudents, qui pourront parfois exiger de finir des études, de revenir au monde un certain temps.
On sait aussi qu’un défaut physique, comme une faiblesse de la santé ou un handicap est évidemment rédhibitoire pour une vocation, tant religieuse que sacerdotale : des instruments de Dieu ne sauraient être défaillants tant physiquement que moralement. Il faut avoir la forme pour être religieux. Et aussi moralement : on sait que des dépendances ou des addictions sont de grands freins, si ce n’est rédhibitoire, à une vocation.
Une vraie vocation ainsi est combattue de l’intérieure comme de l’extérieure, car elle ne saurait jamais être une fuite du monde ou une vocation de confort : le religieux comme le prêtre auront des croix à porter en moyenne et a priori bien plus importantes que le tout-venant, puisqu’ils sont bien plus grand en dignité par leur proximité à Jésus ; et la dignité en la matière signifie plus de croix.
Il est néanmoins des critères qui semblent aujourd’hui oubliés par les séminaires même traditionnels : la question du monde d’où l’on vient et son passif familial. Comme pour un mariage, si ces critères ne sont en général jamais absolus, ils peuvent être lourds de conséquences et nécessitent un grand discernement : un mauvais mariage est terrible, comme une mauvaise vocation est destructrice.
Par exemple, un enfant unique, qui ne connaît pas la vie familiale chrétienne et ordonnée, qui serait issu d’une lignée païenne depuis des générations, devrait être un critère d’alerte : l’éthos chrétien ne s’acquiert pas non plus du jour au lendemain et les habitudes ancrées depuis des générations ne disparaissent pas en un instant. Certains plis, certains manquent pèsent toute une vie, et quand c’est un prêtre cela peut être catastrophique…
Une lignée célèbre de francs-maçons ou d’occultistes, dans un autre genre, devrait être un critère : et dans d’autres temps l’Église était très prudente sur l’ordination de marranes et de nouveaux-chrétiens.
Ces propos pourront en gêner certains, même les plus traditionnels, mais pourtant le refus de l’extraction familiale, de la différence entre un apprentissage sur des générations de la chrétienté et la conversion récente porte des conséquences…que nous avons constaté de visu, mais nous tairons aujourd’hui ces illustrations par courtoisie et pour éviter tout scandale.
Néanmoins, le passif familial, la vie de famille, le monde sont aussi des éléments qui comptent, avec la santé corporelle et morale, comme critères de discernement prudent pour les directeurs de conscience et directeurs de séminaire.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Antoine Michel