Civilisation

L’homme, ce sale gosse, par Antoine Michel

Michel-Ange, Plafond de la chapelle Sixtine, 1508-1512
Michel-Ange, Plafond de la chapelle Sixtine, 1508-1512

L’homme est par rapport à Dieu comme un enfant mal éduqué, insolent, taquin, égoïste et méchant. Il ne se rend pas compte qu’il n’est rien, alors qu’il n’est rien et que seul il ne peut rien faire de bon. Comme un enfant apprenant à marcher et qui, quoique chancelant, ne se fait pas mal grâce au soutien et à l’attention discrète de ses parents, l’homme vit tous les jours de sa vie grâce à la Providence de Dieu qui lui fournit son être, son existence, et toute la nature qui nous sustente et satisfait nos besoins, puisque toute la Création, si parfaite et harmonieuse, ne l’est que parce que Dieu l’a bien faite pour nous.

L’homme déchu, comme l’enfant blessé dans sa nature, encore plus sous la domination de ses passions basses que ne l’est l’adulte, aux sens déjà émoussés – mais l’adulte qui est bien plus soumis aux passions morales, si on peut dire, de la vaine gloire, de la concupiscence voulue, etc., ce qui est bien plus grave puisque le volontaire est engagé bien plus fortement – se vautre dans sa médiocrité naturelle, en n’oubliant sa petitesse, et en s’appropriant ce qui fait sa grandeur, mais qui n’est une grandeur que grâce à Dieu qui nous a fait à l’image de Dieu. Et l’homme sale gosse prostitue son intelligence et sa volonté, qui devraient faire sa noblesse, à des passions multiples et basses, non plus pour s’élever vers Dieu mais pour s’embourber dans la terre.

Cette terrible cécité, souvent voulue, de l’intelligence menée par une volonté prométhéenne ne peut souvent se corriger que dans l’adversité, le châtiment, la détresse et la faiblesse : d’où la bonté divine et sa charité de nous punir, nous envoyer des épreuves, nous châtier, nous envoyer maladies, guerres et luttes. Elles sont pour l’homme sale gosse ce qu’est le châtiment du père face à son enfant qui a fait du mal. En bon père qui veut le bien de son fils la punition est juste et charitable : on ne laisse pas le sale gosse s’embourber dans son péché, car cela l’auto-détruit tout en vexant le bien commun et l’élévation des autres.

Saint Augustin exprime avec sa plume toute particulière cet état de l’homme toujours ingrat et à la nuque raide, qui même quand il est de bonne volonté ne cesse de recommencer. Il souligne combien le bon Dieu qui châtie reste d’une patience immense, toujours prêt à pardonner, jusqu’à la fin, et nous donnant tout, à commencer par son fils :

« Sous vos yeux, ô Seigneur, nous portons le fardeau de nos fautes, et nous portons en même temps les plaies qu’elles nous ont faites.

Si nous pesons le mal que nous avons fait, ce que nous souffrons n’est rien et nous méritons bien plus.

Grave est le mal que nous avons commis ; léger ce que nous avons à souffrir. Nous éprouvons la peine du péché ; et cependant, nous ne renonçons pas à notre obstination dans le péché.

Vos châtiments écrasent notre faiblesse, et notre iniquité reste toujours la même. Notre volonté mauvaise se sent torturée, mais nous ne courbons pas la tête. Notre vie se passe dans les soupirs de la douleur, mais elle ne s’amende pas dans ses actions.

Si Vous temporisez, point de retour de notre part ; si votre bras vengeur nous frappe, nous nous rebutons. Dans les châtiments, nous confessons nos fautes ; mais à peine Vous êtes-vous éloigné, que déjà nos larmes sont oubliées. Si votre bras s’abaisse, nous promettons tout ; mais le glaive reste-t-il suspendu nous ne tenons plus aucun compte de nos promesses. S’il arrive que Vous frappiez, nos cris de peine s’élèvent vers Vous ; à peine avez-Vous pardonné, que déjà nous provoquons de nouveau votre juste vengeance.

Ah ! Seigneur, voilà devant Vous des coupables en aveu : si Vous ne nous faites grâce, nous le savons, une juste sentence nous frappera. Ô Père tout-puissant, nous ne méritons rien, mais accordez-nous ce que nous demandons, Vous qui avez fait de rien les hommes, pour implorer votre Nom ! Par Jésus-Christ Notre-Seigneur. Amen. »

Alors sachons que nous sommes des sales gosses minables et que le savoir et s’humilier nous permet de nous purifier et nous ennoblir, quand nous nous confions à notre Dieu si bon.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,

Antoine Michel

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