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Petites manœuvres politiques, par Paul de Beaulias

Stefano Ussi, La conspiration des Pazzi, 1890
Stefano Ussi, La conspiration des Pazzi, 1890

Le paysage politique japonais se déride. Depuis l’élection comme présidente du parti puis première ministre du Japon de Takaichi, chaque jour, pour la comédie politique, apporte son lot de distractions.
Tout en manifestant que quelque soit l’endroit du globe, rien ne change, et l’homme reste identique, ainsi que les influences du vieil homme et de la Révolution.

Nous avons la chance de pouvoir participer à des « déjeuners » conférence, tenus une fois par mois, de Dan Harada, un des rares membres du Parti libéral démocrate, le parti principal et conservateur au Japon, qui soit caucasien. En bon anglo-saxon il ne s’intéresse qu’à la « technique » politicienne sans parler des idées, et ses analyses, de l’intérieur se révèlent souvent justes.

J’y participe régulièrement ces derniers temps, il s’y trouve quelques personnes intéressantes. Bref, de mon point de vue légitimiste, j’étais un peu atterré de ce manque d’appétence aux idées, et aux commentaires de certains participants, anciens administrateurs de la Banque mondiale ou autre, qui étaient très libéraux…
Rappelons ce qui s’est passé : la représentante de la droite « dure », un peu héritière du premier ministre Abe, Takaichi, a été élue contre toute attente. Les médias ont d’abord fait une levée de boucliers. Le parti reste très faible dans les sondages – 30% – mais elle-même atteint des scores prodigieux de 90%… Ce qui durera un certain temps… Cela manifeste le caractère versatile de l’opinion et surtout son inconstance : il aime le fait que ce soit une femme, qu’elle saute dans l’avion et qu’elle a un physique pas désagréable, plus la fibre nationaliste qui est profondément ancrée dans l’orgueil japonais, même pour ceux qui ne seraient pas conservateurs.
Mais les événements défraient la chronique au Japon car le parti allié du PLD depuis des décennies, le Koumeito, a claqué la porte. Ce qui est une bonne chose puisque ce parti adossé à l’église scientiste et très libéral siphonné le parti principal. Et contre toute attente, au lieu d’accentuer la faiblesse du parti principal, qui ne peut plus gouverner seul depuis déjà longtemps, un autre coup de théâtre a eu lieu : le parti Ishin (révolution monarchique, traduction libre) a rallié le PLD contre le Koumeito qui est son ennemi fatal.

Et encore un autre coup de théâtre : Takaichi a annoncé qu’elle veut réduire le nombre de députés de 50 sièges par une loi d’ici la session de décembre. Ce qu’il faut comprendre pour la chambre des députés, qui possède 465 sièges, c’est que 289 sont rattachés aux conscriptions électorales et 176 à un scrutin proportionnel de listes, favorisant les petits partis dont le Koumeito, Ishin, etc.
La réduction des sièges ne jouerait que sur la partie proportionnelle, réduisant la puissance des petits partis, dont le Sanseito, et favorisant les éléphants PLD et le parti de gauche. Tout en permettant de regagner une majorité, mécaniquement, au PLD.

Bref, derrière tous les beaux discours, nous avons un bel arrangement pour se maintenir au pouvoir et une manœuvre sur le mode de scrutin comme la démocratie sait si bien le faire depuis la révolution française. Cela manifeste que la démocratie est une grande imposture, et qu’elle est contre-nature ; car il est au fond naturel qu’un pouvoir en place cherche à se maintenir, car un pouvoir durable est plus expérimenté, prudent, mesuré. D’où le fait que la monarchie est le meilleur des régimes en supprimant tout simplement cette sorte de mauvaise compétition du pouvoir qui, avec la nature blessée, fait perdre si vite de vue le bien commun pour les intérêts privés, et encouragent guerres, disputes et discordes.

Certes, au Japon, le parti conservateur dirigé par une femme dite de la droite dure use des mêmes recette manœuvrières et révolutionnaires que partout…

On verra. Mais le jeu des parties est toujours délétère, et même s’il était structurellement freiné au Japon, il n’a jamais cessé d’exister, et devient peu à peu de plus en plus désordonné.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

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