Gare à l’intempérance !

Le monde révolutionnaire contre-nature qui veut notre destruction ne cesse de nous gaver de tous les biens terrestres, de nous assommer de toutes les tentations, et de ne rien faire avec modération, de toujours chercher l’expérience et l’extrême, et toujours « essayer ».
Certaines expériences sont pourtant très mauvaises et il faut les éviter à tout prix !
Tout ce qui est péché en l’occurrence, qui peut se décliner dans tout ce que vous pouvez imaginer, de l’impureté au blasphème, jusqu’à l’avarice et le meurtre.
Évident, me direz-vous ? Et pourtant notre monde qui encourage l’impureté partout, l’avarice et l’intempérance à travers le consumérisme, le capitalisme et l’individualisme, la jalousie avec la démocratie, le vol avec le socialisme, l’orgueil avec tout ce qui éducation positive, égalitarisme, inclusion etc, ce monde, disions-nous, nous encourage à expérimenter tous les vices, et surtout à ne pas faire le pari de l’expérience de la justice, de la sainteté, de la tempérance, de la prudence, de la force. Ne parlons même pas des vertus théologales…
Disons que nos lecteurs, a priori contre cette modernité destructrice et avilissante, ont une idée à peu près ordonnée de notre nature, de notre fin, et de la nécessité des vertus pour y parvenir.
Cela ne suffit pas encore : il s’agit encore, à la lumière de la raison éclairée par la grâce, de sacrifier davantage, et de ne pas nous donner trop facilement même des biens légitimes, qui peuvent ne pas nous être bons. C’est ce que dit la sagesse biblique d’une façon à la fois simple et pénétrante, et si utile pour les contemporains :
« Mon fils, pour ta manière de vivre, consulte ton âme ; vois ce qui lui est nuisible et ne le lui donne pas. Car tout n’est pas bon pour tous, et chacun ne trouve pas son bien-être en tout. Ne sois pas insatiable devant toute friandise, et ne te jette pas avidement sur les mets ; car l’excès de la nourriture amène des incommodités, et l’intempérance conduit jusqu’à la colique. À cause de l’intempérance beaucoup sont morts, mais celui qui s’abstient prolonge sa vie. » (Ecclésiastique, 37, 27-31)
Le principe est simple : l’intempérance conduit souvent à la mort, mais celui qui s’abstient prolonge sa vie. C’est une vérité naturelle, et notre temps si terrestre le reconnaît avec tous ses régimes, ses recommandations sportives, sa vigilance médicale et autre. Mais c’est aussi vrai au plan spirituel : la tempérance permet d’approfondir sa vie de la grâce, en enlevant les obstacles qui la gênent.
Et avec le principe, la sagesse indique que son application varie forcément en fonction de chaque personne singulière, dès qu’on est dans les choses légitimes : certaines choses bonnes pour certains ne le sont pas pour d’autres. Boire du lait, si on a une intolérance est mauvaise, mais boire du lait, si on le digère est indifférent. Un homme vigoureux de 25 ans, de deux mètres et de 120kg n’a pas les mêmes besoins alimentaires qu’une femme frêle de 25 ans de 1,50m et de 60kg.
Idem pour la tempérance dans le sommeil et la veille, etc.
Il faut être à la fois raisonnable et sévère. Dans notre monde laxiste, nous manquons trop souvent de cette sévérité charitable envers nous-même. L’excès est toujours interdit comme le dit l’Ecriture : et respecter ce précepte est déjà beaucoup dans notre monde aujourd’hui. Mais au-delà il faut savoir aussi se réguler, et ne pas se donner de ces biens secondaires qui, trop vite, polluent notre capacité à obtenir les biens supérieurs, et nous font prendre au minimum du temps, quand ils ne nous mettent sur la pente dangereuse de vices ancrés.
Tout cela n’est pas simple en pratique, et pourtant c’est aussi simple, puisqu’il suffit de le décider et de s’y tenir, et prendre les moyens de s’y tenir. A savoir, éloigner la tentation et l’éviter par exemple que ce soit pour un gourmand de sucré, de salé ou d’alcool, on peut tout imaginer.
Il faut évidemment ne pas trop compter sur ses propres forces. Il faut être réaliste sur ses propres forces – et la confession et le point de vue extérieur éclairé et prudent peuvent aider en l’occurrence –, mais sans non plus faire comme si elles n’existaient. Il faut aussi savoir s’appuyer toujours et en première comme en dernière instance sur la grâce, et sur la Croix de Notre Seigneur, qui nous encourage toujours, dans ses souffrances, à l’imiter.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac
