Chretienté/christianophobieCivilisation

Pas de bonheur sur cette terre

Aucun homme ne peut trouver son bonheur sur cette terre. Nous sommes tous condamnés à la souffrance et aux malheurs, nous sommes tous destinés à mourir.

Le véritable bonheur se trouve dans la possibilité de vivre selon sa volonté, et une volonté juste, mais sur cette terre cela est impossible ! Car cet état ne saurait jamais durer toujours même pour ceux qui arriveraient un instant à vivre selon leur propre volonté tournée vers le bien – nous sommes évidemment dans un contexte où il est évident que tout bonheur qui vaut quelque chose n’est ni animal, ni passionnel, ni émotionnel, mais bien fondé sur la vertu, c’est-à-dire le perfectionnement des qualités naturelles tournées vers notre bien, qui est raisonnable et juste. Ici, juste est entendu dans le sens de rendre à chacun ce qui lui est dû, à commencer par Dieu en lui rendant le culte de latrie qu’il requiert.

Voilà ce que dit saint Augustin dans le passage suivant, d’anthologie :

« CHAPITRE XXV.

ON NE SAURAIT ÊTRE VRAIMENT HEUREUX EN CETTE VIE.

À y regarder de près, l’homme heureux seul vit selon sa volonté, et nul n’est heureux s’il n’est juste ; mais le juste même ne vit pas comme il veut, avant d’être parvenu à un état où il ne puisse plus ni mourir, ni être trompé, ni souffrir de mal, et tout cela avec la certitude d’y demeurer toujours. Tel est l’état que la nature désire ; et elle ne saurait être pleinement et parfaitement heureuse qu’elle n’ait obtenu l’objet de ses vœux. Or, quel est l’homme qui puisse dès à présent vivre comme il veut, lorsqu’il n’est pas seulement en son pouvoir de vivre ? Il veut vivre, et il est contraint de mourir. Comment donc vivra-t-il comme il l’entend, cet être qui ne vit pas autant qu’il le souhaite ? Que s’il veuille mourir, comment peut-il vivre comme il veut, lorsqu’il ne veut pas vivre ? Et même, de ce qu’il veut mourir, il ne s’ensuit pas qu’il ne soit bien aise de vivre ; mais il veut mourir pour vivre après la mort. Il ne vit donc pas encore comme il veut, mais il vivra selon son désir, quand il sera arrivé en mourant où il désire arriver. À la bonne heure ! qu’il vive comme il veut, puisqu’il a gagné sur lui de ne vouloir que ce qui se peut, suivant le précepte de Térence : « Ne pouvant faire ce que tu veux, tâche de vouloir ce qui se peut ». »

Faisons une pause ici : le monde païen qui atteint une grande sagesse renonce en pratique au vrai bonheur et se contente d’un ersatz de bonheur qui est contenu dans la conséquence logique, sans la grâce, de Térence : « Ne pouvant faire ce que tu veux, tâche de vouloir ce qui se peut ».

C’est d’un réalisme tout à fait sain et de bon sens, mais qui oublie simplement, parce qu’il ne pouvait la connaître vraiment, la réalité divine révélée par les saintes écritures, Jésus et ses imitateurs et témoins (saints et martyrs).

Cette sorte de sagesse purement naturelle, blessée par le péché originel, a quelque chose de non—fini, elle abdique quelque part la perfection complète de l’homme, forcé de constater qu’en cette terre il ne peut pas vraiment être heureux de façon parfaite. Soit dit en passant, les temps modernes et révolutionnaires sont tout à fait coupables, par apostasie, car non seulement ils font semblant de croire que l’on peut trouver le bonheur parfait sur cette terre – avec toutes les idéologies messianiques et temporelles que vous voulez, depuis Rousseau jusqu’au communisme en passant par toutes les strates du romantisme au capitalisme -, et ils sont tout à fait conscients qu’ils nient le message évangélique, tout en l’utilisant en le déformant pour fabriquer des monstres issus des volontés propres qui se veulent indépendantes de Dieu ! L’homme sans Dieu et qui oublie le réalisme n’est plus qu’une chimère monstrueuse purement déchue ; si en plus elle est apostate, alors ce sera encore plus terrible, et nous aurons ces « idées chrétiennes devenues folles », qui n’ont évidemment plus rien de chrétiennes. Le singe de Dieu imite pour faire le contraire de saintes et bonnes institutions, idées et principes !

Revenons à saint Augustin. Il continue pour faire comprendre, par la raison, que cet ersatz de bonheur réaliste des sages anciens ne vaut rien :

« Mais est-ce bien le bonheur que de souffrir son mal en patience ? Si l’on n’aime réellement la vie bienheureuse, on ne la possède point. Or, pour l’aimer comme il faut, il est nécessaire de l’aimer par-dessus tout, puisque c’est pour elle que l’on doit aimer tout ce que l’on aime. Mais si on l’aime autant qu’elle mérite d’être aimée (car celui-là n’est pas heureux qui n’aime pas la vie bienheureuse autant qu’elle le mérite), il ne se peut faire que celui qui l’aime ainsi, ne désire qu’elle soit éternelle : sa béatitude tient donc essentiellement à son éternité, » (Cité de Dieu, Livre XIV, ch. XXV)

Saint Augustin prouve ainsi que le vrai bonheur ne peut être qu’éternel : c’est une conséquence philosophique.

Et cela ne peut que dire une chose : tout bonheur qui n’est pas éternel n’est pas un vrai bonheur.

Et seul Jésus offre le bonheur éternel, donc c’est le seul vrai bonheur.

Alors ne croyez pas que vous serez heureux sur cette terre !

Et allez tout de suite à la source du bonheur, au lieu de perdre du temps, ou de vous enfermer soit dans des idéologies fausses, soit dans une triste résignation réaliste de notre nature sans la grâce. La grâce, c’est la vie de Jésus qui nous restaure dans notre nature mais surtout nous élève à la vie divine dès cette vie : la vie de la grâce c’est la vie du ciel commencée sur cette terre. Juste commencée certes, mais quel bonheur déjà d’être sur la bonne voie qui nous conduira à la vie éternelle.

Pas d’idéologie,

Pas de résignation,

La vie de la grâce !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,

Paul-Raymond du Lac

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