La joie des cœurs purs

Les cœurs chagrins ne font pas de vieux os, et il est d’une ancienne sagesse de ne pas s’appesantir dans de tristes pensées, et de ne pas laisser le tentateur nous prendre dans la tempête des pensées mélancoliques qui n’aboutissent à rien si ce n’est la perte de Dieu et sa propre perte.
La sagesse biblique nous en fait part, encore une fois ; un enseignement simple et pourtant précieux :
« N’abandonne pas ton âme à la tristesse, et ne t’afflige pas toi-même dans tes pensées. La joie du cœur est la vie de l’homme, et un trésor inépuisable de sainteté ; et l’allégresse de l’homme prolonge sa vie. Aie pitié de ton âme en plaisant à Dieu, et contiens-toi ; recueille ton cœur dans sa sainteté, et bannis loin de toi la tristesse. Car la tristesse en a tué beaucoup, et elle n’est utile à rien. L’envie et la colère abrègent les jours, et l’inquiétude amène la vieillesse avant le temps. Le cœur pur est dans un festin continuel, car on lui prépare avec soin sa nourriture. » (Eccl. 30, 22-27)
Il prélude aux magnifiques traités chrétiens de la paix de l’âme, de la tranquillité de l’esprit uni à Dieu qui, quel que soient les tempêtes extérieures, peut toujours venir se recueillir dans son autel intérieur, avec son tabernacle et le bon Jésus avec la sainte Trinité bien présente. Par la communion, par la grâce, le soleil divin habite aussi notre âme, quand nous sommes en état de grâce, et se mettre devant cette douce chaleur souvent dans sa journée ne peut qu’éclairer les ténèbres des soucis mondains, dissiper les nuages des troubles et apaiser la tristesse.
Comme dit l’écrivain sacré, ayons pitié de notre âme et plaisons à Dieu, tout simplement. Chassons les pensées tristes, celle de cette mauvaise tristesse qui ne souffre pas des insultes faites à Dieu, du péché qui blesse la gloire de Dieu, mais qui se recroqueville sur soi-même, pour toutes les bonnes raisons que l’on veut, mais toujours par une action subtile d’un orgueil plus ou moins caché.
Le cœur pur, le cœur joyeux est toujours dans un festin continuel de la contemplation du bon Dieu, prélude à la béatitude éternelle.
Oui, « Car la tristesse en a tué beaucoup, et elle n’est utile à rien. L’envie et la colère abrègent les jours, et l’inquiétude amène la vieillesse avant le temps. Le cœur pur est dans un festin continuel, car on lui prépare avec soin sa nourriture. »
Ne nous inquiétons pas de notre vêture ni de notre nourriture, puisque, comme le dit Notre Seigneur, le bon Dieu s’occupe bien des oiseaux et des animaux, alors combien plus s’occupera-t-il de sa plus chère de ses créatures pour laquelle il s’est incarné ! A chaque jour suffit sa peine, et les misères de notre condition de pécheur sont méritées. Reposons-nous simplement en Jésus, qui nous a montré le chemin, qui a pris sa Croix alors que lui était innocent, et qui a été heureux de prendre ces souffrances pour notre rachat !
Reposons-nous dans la douce charité du Seigneur, et cela même dans les plus trépidantes actions des journées chargées. Un cœur pur est un cœur humble, dépouillé de sa volonté propre, qui se confie dans la Volonté divine, pour devenir un simple instrument.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac
