Idées

Lettre d’un émigré. Pour les Missions en France

La déchristianisation de la République – et non de la France qui, elle, a toujours été catholique et le sera toujours – est si avancée que l’on se demande comment certains clercs parviennent encore à parler de la République -qu’ils nomment à tort France- comme si elle était un pays de la religion par excellence. On dirait qu’ils ne se rendent pas compte que les fières missions du siècle dernier, si elles ont peut-être permis de convertir pour leur salut des millions d’hommes dans le monde, n’en ont pas moins vidé la France de ses meilleurs éléments, affaiblissant toujours plus la Foi des enfants de France, et ont aussi ouverts la voie aux Républicains colons qui abusèrent du monde pour ensuite accuser en retour la France quand le vent commençait à tourner en la défaveur des colonies.

Il ne faut pas se méprendre sur la gravité de la situation : si elle n’était que grave, il y aurait encore de l’espoir, mais la situation est simplement catastrophique. La majeure partie des gens français déclinants qui se disent chrétiens, ne le sont pourtant presque plus. Et cela par la faute même, souvent, des clercs, qui sous couvert de liberté, d’ouverture ou de on ne sait quelle bêtise moderne, cachent la vérité de l’enseignement de l’Église. Quel catholique aujourd’hui sait que la seule communion véritablement respectueuse et éternelle se fait sur la langue, s’il ne s’agit pas de ne pas croire dans sa chair que le Saint Sacrement est le corps incarné du Christ ? Bizarre comme catholique. Pire, combien de couples qui croient se marier selon le rite de l’Église ne savent pas que cette messe à la carte, ou ce grand n’importe quoi est loin, trop loin, de la forme fixe qui reste dans le sacrement du mariage selon la forme extraordinaire du rite romain ? Comment l’Église a-t-elle osé permettre à tout un chacun, surtout dans ce siècle d’ignorance crasse, de choisir comment s’échanger les consentements, de choisir n’importe quel texte biblique, et pas ceux qu’indiquent la tradition ? C’est criminel. Pauvres couples qui peut-être ne sont pas en vérité mariés par leur ignorance et celle des clercs qui ne savent même plus présenter la tradition millénaire de l’Église.

Il est du devoir de chaque catholique d’accomplir son apostolat. Ce n’est pas si facile. Les moyens sont multiples. Le Japon nous aide à trouver des idées fortes et bonnes. La plus grande défaite que nous subissons, nous catholiques, est notre disparition de tous les lieux de la France, et même, hélas, des églises. Il faut reconquérir tous les lieux, à commencer par sa maison qu’il faut munir de son crucifix, de son autel familial, de ses icônes et de ses prières quotidiennes. Déjà cela serait un moindre mal, vue la rareté des signes religieux ostentatoires dans les lieux privés. Mais cela ne suffit pas du tout, il faut s’évertuer à rendre la présence de Dieu visible, bien que discrète, partout dans les lieux publics.

Un Prince de Sang nippon nous donne une magnifique façon d’opérer. Il existe en effet une campagne de grande ampleur, qui se fonde sur les dons, qui consiste à envoyer des ouvrages kojiki, que l’on pourrait dire être la bible des japonais, l’âme et le cœur du Japon, à tous les hôtels de la péninsule pour qu’ils les entreposent dans la chambre. La réflexion est simple. Le Prince de Sang a eu l’expérience d’avoir une bible dans un tiroir de sa chambre d’hôtel, comme ce qui se fait souvent aux États-Unis, sauf que c’était au Japon, cela lui a fait un déclic ; il fallait que la bible des japonais se trouve être le livre à disposition pour les âmes en voyage.

Pourquoi n’imiterions-nous pas cette sainte campagne en France ? Au lieu de donner de l’argent à des associations qui croient avoir un effet sur la politique, il faut aller à la source sur le terrain, pour convertir les âmes. Plutôt que des bibles, préférons le missel de la tradition catholique, il ne faut pas tomber dans le pseudo-consensuel, avec ses messes journalières, pour que le voyageur loin de chez lui et seul puisse lire les paroles du Seigneur, se poser et méditer. A la différence de l’énergie et de l’argent gaspillés dans des t-shirts bariolés, des sonos aux bruits se perdant dans l’air, ces ballons et autres gadgets trop chers et inutiles, chaque don pourra se réaliser dans le présent concret et définitif de missels à une auberge, une bibliothèque, un hôtel. Cela aura le double avantage de ne pas gaspiller l’argent en choses vaines, de réaliser une véritable œuvre d’apostolat sans importuner les gens, permettre certainement quelques conversions, joue sur le long terme, et reste suffisamment loin des passions pour œuvrer en toute quiétude.

Alors oui, pourquoi ne pas lancer une campagne de présents de missels ? Et pourquoi pas une vie de Jeanne d’Arc ou de Saint Louis ? Reconquérons notre France par des moyens efficaces, qui travaillent les chœurs, en évitant les clameurs de la bêtise révolutionnaire et les sirènes du court-courrier à l’efficacité immédiate.

Paul de Beaulias

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