Idées

Lettre d’un émigré. La royauté est la république

Ooyake ou royauté comme meilleur défenseur de la république

            Le rétablissement du sens des mots constitue définitivement le socle de toute restauration. Il faut avouer que le talent maléfique de la révulsion et de la modernité se trouve bien dans cette étrange pouvoir magique qui relève quasiment du charme, d’avoir réussi à vider le sens des mots pourtant aussi vieux que les hommes, pour inventer sur ces mêmes mots un sens maléfique. La méphistophélique efficacité de ce procédé berne jusqu’au plus honnête puisque dans une contamination progressive le sens révulsionnaire remplace le bon sens dans la bouche même de ceux qui le défendent. Comment, direz-vous. Il suffit ne serait-ce que rentrer sur ces faux terrains de débats qui entretiennent le flou et utilisent le mot à mauvais escient pour être déjà battu – ou plutôt, puisque peu importe sa propre défaite, la vérité et la droiture de l’éternel sont insultées ce qui aura des conséquences sur le juste chemin des hommes.

            « La royauté est la république ». Certains doivent penser, à lire cette sentence, que votre serviteur débloque quelque peu sur les bords, ou au mieux qu’il aime bien les petits calembours mais que tout cela n’est pas sérieux. Je pèse pourtant chacun de ces mots : « la royauté est la république ». La chose est pourtant simple, du moins lorsqu’on contemple les discours japonais sur la royauté : la république signifie « chose publique » et recouvre ainsi « bien public », « bien commun » et surtout cette notion de « public » dans l’opposition au privé, encore plus peut-être « public » dans son opposition non pas à privé mais dans son opposition à l’ego. Chacun de nous avons en effet un ego, mais nous avons aussi tous cette partie de « justice » ou plutôt d’« amour », qui contredit l’ego et pousse à sa disparition pour le service, le sacrifice envers les autres. D’un point de vue Japonais « service public » et « amour accompli » sont des notions très proches et complètement en opposition à l’ego, au « moi » qui conduit fondamentalement à la méchanceté, à l’arbitraire de l’appropriation à « soi »  à des choses qui éloignent l’homme de la bonne voie.

            Ainsi la res publica, voire plutôt le 公ooyake en Japonais désigne cette justice publique qui est tout autant amour du prochain christique que incarnation de la justice hors des intérêts privés. Et dans l’histoire de France, comme du Japon, le roi fut l’incarnation et l’expression de cette res publica. C’est la royauté qui permit de transformer les tendances à l’ego de tous en service public, de faire de seigneurs qui se comportaient parfois envers leurs administrés plus comme des propriétaires que des serviteurs. La chose se remarque de façon encore plus frappante si l’on raisonne par l’absurde : la France sans la royauté montre le spectacle de la destruction totale de la res publica de la république, dans un monde moderne -décadent- où il n’y a que des egos qui commettent leur propre intérêt dans une surenchère de méchancetés d’autant plus terribles qu’elles ne sont pas forcément conscientes. Et d’où vient cela ? La royauté enlevée de sa place au sommet de la société marqua l’avènement non de la république mais de réprivé res privata. Le Japon quant à lui, malgré les tensions dues à la modernité, montre une étonnante constance dans la res publica qui ne se trouve pas dans le gouvernement mais dont la flamme reste conservée par le Tennô. Si le mal peut vouloir s’étendre, du moins n’a-t-il pas contaminé la tête, et donc la porte de sortie existe, ils pourront se sortir des crises.

            Il faut donc se battre pour la restauration de la république, c’est-à-dire de la royauté puisqu’en France l’une n’existe pas sans l’autre. Le travail est difficile mais nécessaire. Il faut récupérer ce mot, car le devoir des serviteurs de la France c’est de remettre de l’harmonie parmi les Français, il faut donc se rappeler que la république c’est la royauté. Tous les défenseurs de la république devraient se rappeler qu’ils sont sujets de la royauté.

            Cela est la malédiction française dont nous pourrions peut-être enfin sortir, deux cents ans après la révulsion. A la différence des nippons, dont l’origine des mots comme « révolution » ou « république » ne fut pas contaminée, et qui peuvent sans soucis revenir sans cesse au sens originel des mots. Nous, pauvres Français, avons du mal d’oublier l’origine de l’utilisation maléfique de ces mots, en oubliant par là-même leur sens d’avant. Les voir évités, voire dénoncés par les défenseurs même de la république synonyme de royauté, est un spectacle dramatique. Il n’y a pas à jeter la pierre, rien n’est plus dur que de se dire républicain, en sachant son vrai sens du mot, lorsque ce mot manipulé est victime de l’attribution des pires atrocités. Il faut finir la Contre-Révolution pour passer à la Pour-Royauté qui sera enfin le retour de la république. N’oublions pas l’ignorance contemporaine, et notre devoir n’est-il pas de faire prendre conscience à tous ces « Républicains »ce qu’est vraiment la république, et qu’être en fait « républicains » c’est être au service de son roi ?

Paul de Beaulias

Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France

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