Idées

Lettre d’un émigré. L’extrémiste centre

« Mon ami Hitler (Décembre 1968), Mishima

Krupp : C’est à la course aux révolutions dis-donc… Mais avec cela plus personne ne caressera même en rêve la possibilité de faire une révolution. Aujourd’hui le souffle de la révolution s’est éteint, l’armée te soutient intégralement. Ça y est, tu as fait le ménage et tu es devenu président. C’était incontournable.

Hitler : (il retourne avec Krupp dans le bureau et lui offre un siège où s’asseoir) Je vous le dis, Krupp, ces coups de feu seront les derniers coups de feu entre Allemands. Tout est propre maintenant.

Krupp : (s’asseyant confortablement dans la chaise) C’est vrai. Maintenant nous sommes tranquilles, nous pouvons te confier le reste. Adolf, tu as bien travaillé. Tu as tranché la gauche d’un coup de sabre et abattu la droite en revers.

Hitler : (s’avançant au milieu de la scène) Exactement, la politique doit toujours aller au centre ! »[1]

Ce passage se trouve à la fin d’une pièce de théâtre mettant en scène les quatre personnages de Hitler, Krupp (les canons), Ernst Rhöm (chef des SA) et Gregor Strasser (un des chefs du parti nazi) en 1934. L’ami Hitler vient de faire assassiner ses camarades SA et du parti nazi pendant la fameuse des nuits de longs couteaux, s’ouvrant ainsi la voie vers un pouvoir despotique béni par le suffrage universel. Seul le marchand de mort reste vivant et heureux de la situation, car la guerre qui se profile déjà ne peut signifier que la prospérité de ses affaires, bien avant tout engagement pour une soi-disant grandeur de l’Allemagne et des Allemands.

L’Allemagne nazi est un parangon de ce que donne la pensée révolutionnaire enfante, et qui reproduit presque à la lettre les enchaînements « démocratiques » qui amenèrent à la Convention et au génocide vendéen et à la guerre totale avec l’étranger, à 140 ans de distance, avec une  technologie différente certes, mais un esprit identique.

L’obsession des socialistes nationaux de la pureté raciale et de la haine juive renouent ainsi avec la substance spirituelle des révolutionnaires français qui inventèrent le peuple pur des patriotes, la nation idéologique et l’homme nouveau qui perd toute humanité et dont le devoir est d’uniformiser tout l’humanité selon la démesure athée guidée par l’envie de soumettre à des idoles abstraites qui permettent de mettre en place l’abus de pouvoir institutionnalisé, le rapport de force constant, la guerre permanente dans l’effacement du lien divin, des liens humains et l’oubli de la chaleur humaine, de l’amour divin et de l’incarnation charnelle. Ce diabolique mouvement révolutionnaire, qui au fond n’est qu’une démesure fusionnée à l’envie et la haine, tant de vices qui existèrent de tout temps, ne peut survivre que dans la violence faite de la destruction de ce qui le contredit, chez les hommes et dans la réalité – ce qui est vain et c’est pour cela que la révolution ne peut que s’écrouler. La nouveauté révolutionnaire se trouve quelque part dans l’abandon des gens de bon sens qui accepte que le vice soit brandi comme une vertu, légitimation du mal qui permet tant l’intégralité du mal, que les totalitarismes révolutionnaires illustrent, et favorise la rechute des un cycle de violences aigües, puisque des mauvais principes endormis et légitimés feront leur œuvre de malheur au moment propice, et empêche les bons de se répandre – à l’inverse des bons principes même endormis ne demandent qu’à surgir et se voir incarner quand les conditions de leur prospérité sont réunis.

Dans cet oubli de la vraie politique, qui est sacrée et de source sacré, en lien avec Dieu, la basse politique ne désigne plus que cette foire à empoignes et cette guerre et ce déchirement perpétuels des partis qui contaminent tout le corps social décapité, jusqu’à ce que le plus fort se hisse sur le haut du tronc et use des restes de connexions nerveuses pour manier sa marionnette dans une macabre danse que les hommes de chair subissent et souffrent parfois même de façon inconsciente dans un parfait complexe de la victime amoureux du bourreau, sachant que ces bourreaux mêmes sont des victimes, sar la folie ne tient que dans le fait que tout le monde est bourreau de quelqu’un d’autre et à tous les niveaux. L’absence de chef sacré conduit à l’avènement de faux chefs qui ne sont que des victimes et des bourreaux de première catégorie…

Dans ce contexte donc, les partis se font la guerre et les plus violents prennent de force et éradiquent les gens différents, à commencer par ses anciens amis, car la révolution a horreur de la différence, de variété, malgré tout ce qu’elle peut dire dans une de ses énièmes culbutes de langage pour signifier une chose contraire au sens premier du mot utilisé, dans la manipulation classique du langage que nous connaissons hélas que trop bien.

La fin de la révolution se trouve ainsi dans l’extrême centre, car le centre est le vrai extrémisme puisqu’il refuse la différence, n’unit pas la différence par le lien divin, mais force l’uniformisation par la violence sur les faibles et l’extermination des forts qui ne plient pas. Il n’est pas besoin de violence physique pour que ce mouvement destructeur révolutionnaire se passe, il existe en France depuis la révolution, et les phénomènes partisans qui existent sont de ce type : des soi-disant extrêmes qui, certes, ne sont pas dépourvus, hélas, de racines révolutionnaires, système partisan oblige, mais sont simplement essentiellement intransigeants et sévères tout en ayant la volonté d’unir les cœurs de gens très différents, mais possédant une répulsion naturelle pour tout uniformisation, toute idéologie, toute abstraction pure et d’délétère – si encore les attaques répétées ne confinaient pas dans une posture défensive peu propice à l’harmonie collective, et un centre qui est, pour le coup, le véritable extrémisme.

Couper sa droite et sa gauche, soit exterminer les voix discordantes, pour user de la marionnette à son gré dans la poursuite vaine mais hautement destructrice et malheureuse de chimères et d’idoles qui ne font que tuer spirituellement et physiquement trop de gens en arrachant tous les liens.

L’extrémisme et la violence n’est souvent pas là où on le croit, et il suffit de regarder un dixième de seconde ces médias-organes du centre, pour constater toute la violence qui suinte de leur plaie purulente révolutionnaire. Ce centre extrémiste détruit le corps social tel une tumeur. Notre chance est que l’état d’affaiblissement est tel, et la tumeur si avancé, que la marionnette ne répond plus aux influx nerveux des diablotins centristes et révolutionnaires sénestrogyres.

Sortons de cette roue infernale qui ramène toujours au centre en restaurant notre tête, le Roy très chrétien, qui nous relie avec le Ciel, encore et même aujourd’hui – ce qui explique pourquoi la France existe encore. Il faut sortir du plan des partis et de la révolution pour retrouver l’espace de la royauté dans lequel nous baignons, mais que nous nions, afin, en dernière instance, de pouvoir reprendre conscience de la quatrième dimension divine, du lien, dans laquelle nous baignons tout autant. Si nous ne sortons pas de la seconde dimension démocratique partisane, le centre extrémiste regagnera encore pour nous plonger sur une droite unidimensionnelle qui nie les autres dimensions, un temps seulement certes, mais que de violences, que de destructions, que de gâchis inutiles, vains et tragiques !

Paul de Beaulias


[1] 「わが友ヒットラー」(昭和四十三年十二月号)三島

クルップ どんな革命ごっこも…。もう二度と革命を夢見るものは出ては来るまい。革命の息の根が止められた今日、軍部はこぞって君を支持してゐる。君ははじめて天下晴れて大統領になる資格を得たのだよ。かうなくてはならなかった。」

ヒットラー (クルップを伴って室内に戻り、クルップに椅子をすすめつつ)あの銃声が、クルップさん、ドイツ人がドイツ人を打つ最後の銃声です。…これで万事片附きました。

クルップ(椅子にゆったりと掛けて)さうだな。今やわれわれは安心して君に全てを託することができる。アドルフ、よくやったよ。君は左を斬り、返す刀で右を切ったのだ。

ヒットラー(舞台中央へ進み出て)さうです、政治は中道を行かねばなりません。

 

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