Idées

La légitime émotion

L’idée de la monarchie suscite inévitablement quatre émotions chez les Français : la ferveur, la sérénité, la peur et le dégoût. C’est ainsi.

Attardons-nous d’abord sur les deux derniers sentiments, inspirés, la plupart du temps, par les souvenirs d’école. Les élèves de l’école laïque républicaine ont été éduqués par des instituteurs en blouse. Ils évoquaient la révolution, telle la libération du peuple oppressé par le joug de ses tyrans. Nous avions droit aux images de têtes brandies au bout de pics, à l’éloge de Maximilien de Robespierre, à tous les clichés de la pensée unique.

Plus que jamais, en 2016, les vainqueurs de la Révolution réécrivent l’histoire, parce que le régime actuel est conscient de son propre échec. En conséquence, l’idéologie assermentée fait l’impasse sur la grandeur et la splendeur de la France royale, afin d’éliminer tout risque de comparaison et de concurrence.

Si on écoutait certains politiques ou prétendus « historiens », c’est un peu comme si la France était née en 1789, juste après Louis XIV et Molière qui vivaient dans la débauche, à Versailles. Les véritables historiens ont souvent, pour leur part, plus de difficultés à publier et à être reconnus à leur juste valeur.

Fort heureusement, les réseaux sociaux et tous les canaux libres de communication, malgré leurs défauts aussi, permettent désormais de nous libérer de la pensée unique, répandue par les médias traditionnels. L’idéologie républicaine n’est pas naturelle, ni innée. Ce n’est qu’un mode de pensée et de communication politique, au service d’un système au pouvoir.

La crise grave que nous subissons, la dégradation permanente des relations humaines, de l’ambiance de vie, au travail comme à l’extérieur, le sexisme, l’incivisme ne sont pas des fatalités. Tous ces faits sont la conséquence d’un nouvel ordre programmé de déshumanisation, de renoncement à la liberté, de modèle de pensée imposé. Le réveil de la conscience des Français est un formidable espoir, grâce notamment à ces canaux de communication encore libres.

Plus la  crédibilité du régime s’effrite, plus celui-ci resserre son étau, plus il impose un mélange de cultures, pour diluer la contestation, les valeurs. Résultats du chômage, de l’insécurité et de la dévalorisation de l’être humain ; l’ambiance générale se dégrade et les conditions du vivre ensemble se détériorent. A contrario, dans son essence même, l’exercice du pouvoir est celui du bien commun, du dépassement et du don de soi. Telle est la définition même du légitimisme, bien éloignée des pratiques actuelles.

Se prétendre ouvertement légitimiste en France, en 2016, fait toujours mauvaise impression et  bien plus encore… Le plus navrant dans tout cela, c’est le manque de connaissances de la part de ceux qui manquent aussi de considération pour nos convictions.

La perversion de l’information est le plus grand danger de la démocratie. Le régime actuel est né d’un grand mensonge, en se proclamant pays des droits de l’homme, sur les corps encore chauds des victimes du premier grand génocide civil de l’histoire. Que dire également de la réalité de l’autre référence auto-proclamée que sont les Etats-Unis ? Mais ceci est une autre histoire, qui tend elle aussi à évoluer, depuis ces derniers jours.

La France doit être apaisée, comme l’affichent certains. Mais certainement pas en incitant, une fois de plus, à faire le contraire de ce que l’on avance. Le ras le bol général, que le pouvoir tente de plus en plus difficilement d’étouffer, est le signe concret d’une révolution pacifique. « A vouloir étouffer une révolution pacifique, on rend inévitables les révolutions violentes », déclarait John-Fitzgerald Kennedy.

Les médias ne parlent jamais de la moitié des Français, voire plus, qui ne participent plus aux scrutins du régime actuel. Le poids réel de notre histoire pousse désormais la majorité silencieuse à pousser la porte cassée du placard, pour en ressortir.

Le légitimisme n’est pas un parti politique, mais une philosophie, une volonté d’avenir meilleur pour les Français. C’est aussi un besoin de protection, par un arbitrage supérieur d’institutions modernisées, dans la tradition qui fit notre grandeur et le bonheur de vivre en France. L’Etat français est figé depuis plus de deux siècles, avec des structures inadaptées aux besoins et aux préoccupations.

En 2016, même si les canaux de communication permettent de faire mieux connaître l’héritier des Bourbon, celui-ci reste peu médiatisé, donc insuffisamment connu. Mais la ferveur et la sérénité monarchistes sont grandissantes, notamment lors de graves crises, telle que celle subie de nos jours.

« Le but de l’humanité, c’est de produire de grands hommes » écrivait Ernest Renan. Notre chance est de disposer, en France, d’un profil correspondant. Qui plus est, héritier des rois qui ont bâti la France, il saura y rétablir une véritable solidarité et une responsabilité, au profit des hommes, des femmes et des entreprises. La ferveur et la sérénité sont de circonstance.

Car la transition est réaliste et réalisable, dans l’ordre et sans une nouvelle tragédie révolutionnaire. Il ne s’agit pas pour autant de participer à une quelconque élection. Il s’agit de proposer aux Français le retour global de la liberté d’expression en France. Celle-ci a été spoliée par des organismes de tous ordres, représentatifs d’une minorité infime d’adhérents, de militants ou de salariés.

La légitime émotion consiste à redonner la parole à l’immense majorité silencieuse, un emploi, une éducation digne et des moyens à la justice, avant qu’elle n’hurle subitement une colère devenue incontrôlable, avant qu’il ne soit trop tard.

Philippe de La Grange

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